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Mardi 8 octobre 
Avilés - Muros de Nalón

Ce matin nous sommes partis de l'auberge de nuit car nous avions repéré la veille un troquet qui faisait le petit-déjeuner tôt le matin.
Nous n'étions visiblement pas les seuls à l'avoir repéré, car quand nous y sommes arrivés, la moitié de la salle était occupée par nos collègues pèlerins.

Départ de la place de la mairie au lever du jour.

Petite journée que celle d'aujourd'hui, nous avons eu très peu de points remarquables. À part une longue marche dans une forêt d'eucalyptus suivie d'une longue descente vers le Riu Nalón afin de le traverser pour enfin arriver à destination, le chemin n'a pas été trop dur, ni été trop beau, ni été trop ceci ou trop cela.
Ce fut une étape tout à fait ordinaire.
Avec Daniel, nous avons constaté quelque chose de très étonnant. En général, nous arrivons les premiers dans les auberges en début d'après-midi. Nous voyons défiler alors tous les pèlerins qui arrivent et qui remplissent un à un les couchages disponibles. Tous les rituels sont un peu près les mêmes pour tout le monde : toilette, lessive et une recherche de nourriture pour le soir ou une solution pour manger à l'extérieur. Le lendemain, nous sommes toujours réveillés par des lève-tôt qui partent systématiquement de nuit. En matinée nous en rattrapons quelques-uns. Mais jamais tous. Et de nouveau nous les voyons défiler l'après-midi après notre arrivée à la nouvelle auberge.
La question qui se pose alors à nous est : mais qu'est-ce qu'ils font entre le moment où ils partent et le moment où ils arrivent sachant qu'ils sont censés utiliser le même chemin que nous ?
Cette question existentielle nous taraude systématiquement tous les jours. À part un français que nous surnommons Gaston,  une petite espagnole brune qui marche presque aussi vite que nous et deux ou trois autres pèlerins, deux ou trois dizaines d'autres disparaissent dans la nature entre le moment où ils partent le matin et le moment où nous les voyons arriver l'après-midi.
Les voies du Camino sont impénétrables....

L'église d'Avilés avec,
 encadré dans la porte,
 le Christ en croix éclairé
au fond du chœur.
Notre étape d'aujourd'hui s'est terminée sous la pluie. À une demi-heure près, nous pouvions arriver secs à l'auberge. 
Ayant torchés nos 23 km avant 13h30, après notre toilette et notre lessive, vers 14h30 nous sommes sortis chercher un petit troquet pour grignoter avec une petite consommation comme à l'habitude.
D'ordinaire, les comptoirs des bars sont couverts de tapas et autres pintxos. Daniel et moi commandons une part de tortilla ou un petit sandwich piqué d'une banderille.
Daniel commande une bière et moi un coca.

Mais ça, c'était avant. 

Aujourd'hui nous avons innové. Nous avons pris un menu Pellerin. Pour 9 €, nous avons engouffré une grande assiette de spaghettis à la tomate et au thon, puis un jarret de porc frites. Les Espagnols n'ont pas la même notion de la succession hors d'oeuvre/plat de résistance que nous. Ils proposent un premier plat suivi d'un second plat mais sans aucun rapport de consistance, de matière, et surtout de progression en termes de roborativité !
Bref, je mets au défi quiconque de me prouver que notre plat de spaghettis était plus ou moins consistant que notre jarret frites...
Re bref, il nous sera difficile de manger un repas complet ce soir. Qui vivra verra.

Pour commencer un repas par un plat de spaghettis il faut être au moins pèlerin !

Ma page d'aujourd'hui sera peut-être la plus maigrichonne de tout le voyage quant à son stock de photos. Je ne peux même pas le compléter avec des clichés de notre village d'accueil, la pluie nous empêchant de le visiter.

Demain et après-demain, nous fusionnons trois petites étapes en deux moyennes, Daniel nous ayant trouvé une auberge au milieu de la deuxième étape ! Quel virtuose de la planification ce Big Dee (liliputian's Dee pour Françoise..) !

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Lundi 7 octobre 
 Gijón - Avilés

Voir un pèlerin marcher dans une grande ville a toujours un petit côté anachronique.

Comment savons-nous que nous avons parcouru 1000 km au moins ? Parce que ce matin nous avons vu un panneau indicateur qui nous disait combien il nous restait à faire d'ici Santiago.
Il nous disait qu'il nous restait 320 km à faire avant Santiago. Depuis nous en avons fait 25. Nous sommes donc largement au-dessus des 1000 kilomètres depuis que nous avons embrassé nos amoureuses pour la dernière fois. Nous arrosons ça ce soir.

Ça s'arrose !

Nous arrosons les 1000 km, pas le fait de ne pas avoir embrassé nos amoureuses depuis longtemps, bien sûr... Elles commenceraient même à nous manquer...Enfin, je parle pour moi...
Aujourd'hui, l'étape n'a pas été d'un intérêt fantastique. La sortie de Gijon fut longue et sa banlieue industrielle nous a parue immense. 

Daniel prenant en photo la banlieue industrielle de Gijon.

C'était sans compter l'entrée dans Avilés. 10 km soit 2 heures de marche au sein d'une zone de grandes industries métallurgiques à touche-touche. Je n'avais jamais vu ça. Peut-être parce que la Rochelle n'a jamais été un immense centre d'industries lourdes malgré son usine de fabrication automobile fermée aujourd'hui  et de construction ferroviaire seule encore en fonctionnement de nos jours. Marcher deux heures  dans un fouillis d'immenses bâtiments, de cheminées, de condenseurs qui crachent des nuages de vapeur d'eau, de voies ferrées couvertes de trains de marchandise, de ponts de chargement pour les remplir, de stocks de milliers de lingots d'acier grand comme des plateau de semi-remorque, tout ça dans un vacarme de machinerie infernale d'un côté et de trafic routier de l'autoroute de l'autre.

Un tout petit bout de l'enfer industriel d'Avilès. Il faut noter les projecteurs qui font supposer que l'activité ne s'arrête jamais même pas la nuit.

Le Camino du temps des premiers pèlerins passait à cet endroit. Il y passe toujours mais les hommes ont adapté son tracé pour qu'il puisse se frayer un chemin parmi les installations, les constructions, les dépôts, les enclos, le réseau ferré et routier, les pipe-lines, les tapis roulants aériens, les parcs de véhicules utilitaires, les ruisseaux qui sont toujours là, et cetera. Le pèlerin qui veut réfléchir à sa condition d'homme sur cette terre, a du pain sur la planche et du grain à moudre dans cet univers entièrement façonné de la main de ses frères humains dans une perspective supposée de progrès.
En ce qui me concerne, je dois dire que j'ai été... comment dire... effrayé, oui c'est ça, effrayé par les dimensions de ces installations et le bruit qu'elles génèrent. 
Coincée entre sa plage donnant sur l'océan et la vallée saturée d'industries du fond de sa Ria, la ville d'Avilés me fait l'effet d'un Gepeto complètement dépassé par sa marionnette ou même un Victor Franckenstein ne pouvant fuir sa créature comme il finit par le faire dans le roman original. Ce serpent géant, fumant, crachant, éructant semble remonter doucement la Ria en digérant son créateur.
Terrifiant !

On imagine difficilement que dans le dos du photographe s'alignent 10 km d'industries lourdes.

La commune d'Avilés reçoit les pèlerins dans une auberge municipale pour 6 € la nuit. Nous dormirons dans un dortoir de 48 lits répartis en 24 lits superposés. Ici pas de petit-déjeuner, pas de dîner, juste le nécessaire pour passer la nuit, se laver et laver son linge. Il y a quand même une cuisine si on veut se faire à manger. Dans ce type d'environnement, les boules Quies sont indispensables.

 Arriver dans les premiers donne le privilège de pouvoir choisir un lit bas.

C'est la première fois qu'une telle cathédrale de lits se présente à nous.

Lors de notre première petite visite de la ville ancienne après nos rituelles toilettes et lessives, je rencontre un coiffeur qui patientait sur le pas de sa porte. Je lui demande s'il peut me couper les cheveux dans l'instant. Il acquiesce et me conduit dans un dédale de couloirs sombres qui débouche sur un salon de coiffure assez baroque, sans une fenêtre, avec des accessoires antédiluviens. Daniel m'accompagne, un petit sourire narquois au coin des lèvres.
L'épreuve fut ma foi assez agréable et son résultat prévisible dans les limites du raisonnable. Le tout pour 9 € et un grand sourire de notre prestataire.

Pendant l'inquisition, les Espagnols ont été les très performants en termes de torture.

Oreilles, sourcils, aux ciseaux, à la tondeuse, au rasoir, tout y est passé. Je lui ai dit tout ce que je savais.
Ce qui a eu l'air de satisfaire mon bourreau.


Les 25 km bien tassés d'aujourd'hui n'ayant pas été transcendants, je souhaite que l'étape suivante qui nous mène à Muros de Nalón ne nous balade pas entre plusieurs zones industrielles et/ou commerciales.
J'ai du mal à ressentir l'esprit du chemin dans ces conditions.

 En fin de semaine,
 nous quittons la côte pour Santiago  !

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Dimanche 6 octobre 
 Villaviciosa - Gijón

Trempés, rincés, noyés, ce matin notre étape a peut-être été la plus pourrie depuis le début de notre aventure.

Départ tôt ce matin pour une éprouvante étape.

En fait, nous n'avons pas cessé de marcher à l'intérieur d'un nuage. De fines gouttelettes très serrées nous ont baignés toute la matinée, nous privant de surcroît d'une vue sur les vallées et les collines environnantes. Les patins de caoutchouc de nos bâtons glissaient sur les pierres, sur l'asphalte, sur quasiment tous les supports. Nous avions donc le nez sur nos chaussures pour tenter de marcher sans risque. 
De plus, dès que nous avons senti que nous allions nous mouiller, nous avons mis les capotes sur les sacs et les ponchos sur l'ensemble de notre harnachement. Sur du plat, ça ne pose aucun problème, car nous ne transpirons pas. Mais ce matin, nous avions 900 m de dénivelé cumulé positif à nous taper.
Si bien que nos ponchos se sont transformés en étuves, et qu'au bout d'une petite demi-heure, l'ensemble de notre tenue était complètement saturé d'eau, slips et t-shirts compris.
Très désagréable.

Une météo bouchée, comme le cidre du même nom.

Deux bonnes montées nous ont mis à l'épreuve. 
Curieusement, un chien nous a accompagné sur 4 km. Puis il est parti comme il est arrivé. Nous n'avons croisé qu'un collègue pèlerin sur toute la course. À croire que tous nos compagnons de route avaient choisi de terminer leur périple par le camino primitivo qui part d'Oviedo, ville continentale situé au sud de Gijon et se termine à Santiago en passant par la montagne.
Cette option est possible au départ de Villaviciosa et certains pèlerins la choisissent.

Mais, Daniel et moi ne souffrons pas de solitude, nous avons toujours une bêtise à sortir, une fantaisie à formuler, une petite couillonnade à pondre, une saillie drolatique à proposer, pour meubler nos longues heures de marche.
Même par ce tiempo de mierda...
Notre dernière montée finit par une petite épicerie bar dans laquelle nous nous sommes engouffrés pour nous faire servir un café americano d'au moins 20 centilitres.

Si on regarde bien, on aperçoit Gijon au fond à gauche et tout en haut à droite l'indication qui dit que cet établissement est un débit de boissons.
La dernière descente qui nous a conduit en banlieue de Gijon s'est terminée par un  arrêt de bus au pied de l'hôpital. Le bus, ce véhicule bienfaiteur, nous a conduit en centre-ville à 200 m de notre hôtel. 4 km de gagnés et quelques litres d'eau de pluie évités.
Bref, 26 km effectifs, 900 m de dénivelé cumulé positif, 6 h de marche, par ce temps, c'est largement suffisant.
Les puristes trouveront que nous faisons quelques digressions insupportables au chemin. Nous leur répondrons que nous n'avons rencontré qu'un couple de pèlerins qui était parti pour Santiago du perron de leur maison (Rouen) et que ce petit détail qui peut paraître anodin suffit à nous autoriser quelques petites adaptations aux conditions météorologiques.
Na !

Gijon, notre destination,  grande ville de 300 000 habitants.

Daniel, mon tour opérateur préféré, nous a trouvé un hôtel pratiquant des prix défiant toute concurrence en plein centre ville de Gijon. Ce qu'il faut comprendre en l'occurrence, c'est que Gijon comprend des auberges de pèlerins en nombre. Mais celles-ci se situent toutes en périphérie de la ville. Ce qui revient à dire qu'une fois arrivés, on est obligé de patienter en attendant le repas du soir, quand on a la chance de savoir où le prendre.
Ainsi, en trouvant un petit hôtel en centre-ville, nous avons la possibilité de faire un peu de tourisme, de trouver un restaurant ouvert le  dimanche pour ce soir, bref, de prendre un peu de plaisir après la galère de ce matin.
Je pense, qu'aujourd'hui, nous avons pris une des douches les plus agréables de notre périple. Mais nous n'allons pas nous plaindre, c'est seulement la deuxième étape que nous faisons sous la pluie au bout de 39 jours de voyage !

Les traditionnels fûts à cidre ont une contenance impressionnante !
La preuve !

C'est super, ce soir nous avons trouvé un restaurant qui sert un menu de base avec de l'agneau cuit au four. Enfin nous allons pouvoir manger l'agneau asturien !

Demain en route pour Avilés  ! Une étape ordinaire sans grande difficulté.

À côté d'aujourd'hui, c'est un peu platounet.


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Samedi  5 octobre 
 Colunga - Villaviciosa
Chers lecteurs,
Excusez le "nid" d'erreurs d'orthographe présent dans la page d'hier. Je viens de les corriger. Il faut savoir qu'en absence de clavier, je dicte les textes de ce blog à mon smartphone qui a un logiciel censé écrire les paroles que je lui dis. Ce logiciel est doté d'une intelligence artificielle qui fait des progrès dans la reconnaissance de ma voix au fur et à mesure que je lui soumets des phrases. Mais ce que je lui dis n'est pas forcément prononcé à voix haute et claire. Car je fais souvent ce blog dans mon lit ou à des moments où je ne suis pas seul. 

On écrit où on peut...

Comme nous dormons la plupart du temps en dortoir, je ne veux pas imposer mes délires pseudo littéraires à mes petits camarades dont la majorité  ne comprend pas un mot de français.
Bref, parfois, mon smartphone écrit des mots qui ressemblent phonétiquement à ceux qu'il entend mais qui ne correspondent pas à la réalité de ce que je veux lui dicter. Je suis donc obligé de faire une relecture immédiate et une relecture finale. Hier, tout un paragraphe a échappé à ma vigilance. Désolé.

Ce n'est pas une plaisanterie, c'est courant.

En dehors des céramiques diverses, des pierres sculptées en forme de coquilles Saint Jacques, des panneaux indicateurs officiels, le chemin est parsemé de flèches jaunes, parfois sur un fond bleu roi,  de ce type sur les poteaux électriques, téléphoniques, les murs, les pierres, et...
les poubelles...!
Il semble qu'en Espagne les pâtés de maisons, les quartiers, soient propriétaires de leurs containers. Alors ceux-ci peuvent avoir d'autres usages que de recueillir les ordures. Entre autres celui de baliser le Camino. 

Parfois, nous avons la chance de trouver des sentiers en sous-bois.

Ce matin nous avons rattrapé Christian qui marchait avec un pélerin australien que nous voyons de temps en temps qui est, pour l'instant, le doyen de notre voyage. Il est né en 1939 ! Bien sûr il ne marche pas aussi vite que nous mais si nous le voyons aussi souvent c'est qu'il effectue les mêmes distances dans les mêmes temps.


La prunelle de nos yeux !


En ce moment, tous les jours, nous croisons trois femmes allemandes, mais paradoxalement, nous les trouvons toujours assises à une table de bistrot à déguster un vin blanc. Nous ne les voyons jamais marcher. C'est très drôle ! 
Il est 15h42 et nous venons de rentrer d'un bar restaurant à tapas apparemment très prisé à Villaviciosa, recommandé par le Guide du Routard, et visiblement fréquenté par de nombreux Espagnols. Nous avons rarement mangé aussi bien en mi-journée. Les tapas, le vin, le pain, sont tous de très bonne facture. Nous y retournerons peut-être ce soir.

Une clairière éclairée par le soleil suffit à nous motiver pour continuer à cheminer...

Avec Daniel, nous venons de nous apercevoir qu'à la fin de cette semaine nous aurions très certainement marché 1000 km. Nous ne nous rendons pas vraiment compte de ce type de quantité rapportée à une activité lente comme la marche. Quand nous allons en vacances en Corse nous faisons ces 1000 km en une journée avec nos voitures. 

Parfois de petits ruisseaux nous accompagnent.

On pourrait penser que marcher 6 à 7h par jour pourrait générer un ennui sans fond dans nos esprits agités d'occidentaux productivistes. Surtout que nous ne marchons pas pour "faire" quelque chose mais pour "aller" quelque part. C'est une activité parfaitement improductive. Et l'improductivité n'est pas très à la mode dans nos sociétés modernes. Nous passons donc nos journées à ne rien produire, et cette "non-activité", paradoxalement, nous comble complètement. 

Tout est source d'émerveillement dans une nature qu'on parcourt au pas du pèlerin.

Nous ne produisons que les pas que nos jambes nous permettent de faire, mais nous consommons des tas de choses qui ne coûtent rien ou qui coûtent peu : des sentiments, des impressions, des bruits, des odeurs, des images, des rencontres, des conversations, des moment de convivialité, de la nourriture simple, beaucoup  beaucoup  beaucoup d'eau... et des tas d'autres choses...
Au quotidien. Si bien que ça remplit nos vies largement suffisamment pour leur donner du sens.
D'autant plus, qu'à l'instant, nous nous rendons compte que depuis le 28 août nous n'avons vécu aucune galère particulière, aucun coup dur, rien de négatif au quotidien. Bref, il n'est pas très compliqué de comprendre que de se lancer dans ce type d'activité sur une longue période, comme nous le faisons maintenant, permet de vider nos réservoirs de stress.

Le couple sourire/regard serait-il un bon indicateur de mesure du bonheur?

Bien sûr, on pourrait nous reprocher de nous être éloigné volontairement de tout ce qui pourrait générer du stress : femmes, enfants, parents, animaux, contraintes administratives, j'en passe et des meilleures. 
Et on aurait raison.
Mais ce voyage est un peu un cadeau de retraite que nous nous octroyons à un âge où il va nous falloir compter à rebours les potentialités de profiter de la vie.
Qui dit ce que nous serons capables de projeter dans 10 ans ? Et dans 20 ans ? Et dans 30 ?
J'entends d'ici nos amoureuses (qui travaillent toujours) nous hurler : "Et nous ?"
Désolés, les filles, mais nos contraintes administratives (et nos âges) n'étant pas les mêmes, nous poussons le curseur de nos "compatisseurs" respectifs au maximum, c'est tout ce que nous pouvons faire pour vous, tout en tentant de vous rendre la vie la plus douce possible (quand on est là...).

Ce soir nous sommes dans une auberge pour pèlerins où nous faisons laver toutes nos affaires par la taulière, que les esprits du Camino la protège !

Demain, grosse étape en termes de longueur (> 30 km) et de dénivelé, en direction de Gijon. Lever tôt de rigueur.


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Vendredi 4 octobre 
 Ribadesella - Colunga

Hier, j'ai oublié de vous dire que nous avions vu un panneau qui indiquait ce qui nous restait à parcourir jusqu'à Santiago. Nous avons appris qu'il nous restait autant de kilomètres que de Hertz dans le La du diapason de John Lennon.


 La promenade de la mer de Colunga par une jolie matinée d'automne.

Ce matin, nous avons eu la certitude que les Asturies avait bien des points communs avec les pays celtes. BBC, Bruine, Brumasse, Crachin.
Dès notre sortie de la magnifique villa dans laquelle nous avions passé notre nuit, il a fallu enfiler les capotes de nos sacs et les ponchos de pluie. En même temps, ça aurait été frustrant de porter leurs 400 g pendant deux mois sans jamais nous en servir.

Ce matin, le chemin nous a brumisés.

Suivirent une série de collines, et de plage entrecoupées de petits villages comportant ces curieux greniers sur pilotis qu'on ne trouve qu'en Galice et aux Asturies, les hórreos, construits selon la même méthode que les mazots du Valais Suisse.

Protégés par un décret de 1973, il existe encore plus de 30 000 de ces greniers en Galice et aux Asturies.

Vers 11h, le crachin breton s'est  transformé en franche purée de pois. Nous aurions aimé voir les rochers des Asturies plonger dans la mer car nous devinions du bord de la plage les trois ou quatre plans différents qui auraient fait de belles photos. Mais, notre paysage était gris, gris, gris et gris. Si bien que, passant sur une promenade de plage, et constatant qu'un bar restaurant était ouvert, nous nous sommes engouffrés dans sa terrasse/véranda, et avons engouffré de même deux parts de tortilla avec des cafés.

Le mauvais temps ne nous empêche pas de faire les kékés.
Les 20 km d'aujourd'hui ont été  parcourus à petite vitesse. De multiples arrêts pour mettre les capotes et les ponchos et les retirer en fonction des changements climatiques auraient de toute façon ruiné notre moyenne !
Daniel et tout le personnel de son bureau d'étude planche sur les prochaines étapes. Voici les données du problème : de  Ribadesella à Gijon on compte grosso-modo 75 km. La logique aurait été de faire 2 x 37,5. Mais, nos métabolismes de jeunes retraités très en forme(s), nous ont dicté beaucoup plus de mesure. Nous avons donc décidé de faire cette distance en trois étapes. Mais il faut compter avec la présence (ou l'absence) d'hébergements. Et là commence le brainstorming de notre Daniel. Il nous a habitué à dormir dans des palaces, on comprend son trouble.
Il est 16h08, nous sommes vautrés sur nos plumards respectifs dans une belle chambre d'hôtel, (à prix pèlerins, of course) et visiblement, la quadrature du cercle n'est pas encore résolue. Mais je lui fais confiance, il va nous tirer de là en deux coups de cuillère à pot.
Nous n'aurons pas à monter la tente dans un champ tout mouillé demain soir.

Nous devinons à peine la succession des plans des roches asturiennes plongeant dans le Gascogne.

Toute réjouissance étant bonne à vivre, nous nous apercevons que ce vendredi est la première journée de pluie que nous avons depuis le début de notre aventure. 36 jours consécutifs sans mouiller nos liquettes, ça constitue en soi une certaine performance, non ?

Christian et nous, nous suivons depuis Hendaye.



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Jeudi  3 octobre 
Llanes - Ribadesella

Chers lecteurs, 

Aujourd'hui je vous propose de commencer la lecture de la page par une audition >>>ICI
J'ai toujours aimé cette chanson. Je l'aime dans sa version brésilienne originale comme dans celle de Moustaki. 
Quand on marche, nos sens sont à l'écoute de la moindre sollicitation de l'environnement. La liste à la Prévert de cette chanson, les eaux de mars, Àguas de Março, révèle complètement la posture de notre esprit quand on le laisse complètement vagabonder sur le chemin. Le moindre mouvement végétal, le moindre cri d'oiseau, la moindre petite bête qui traverse le chemin, le pas de mon compagnon de route, le vent dans les branches, une cloche qui sonne au loin, les bruits du travail des hommes, le tapis roulant de l'autoroute, le ressac des vagues sur la plage, le bruit lointain de la ville, autant de raisons de s'étonner, ou de simplement observer avec bienveillance.

Selfie au soleil levant...

Aujourd'hui, ce fut une belle et grande étape qui a commencé au bord de l'eau. Tellement au bord de l'eau, qu'un petit morceau du chemin traversait une crique minuscule très jolie.

Pendant que bébé se réveille...


La nature se pare des couleurs du matin...


Puis il s'est éloigné de la côte et comme d'habitude, nous avons tout de suite trouvé une grande ruralité assez pauvre, faite de petites fermes ne vivant apparemment que d'élevage de petits troupeaux de bovins ou d'ovins. Beaucoup de fermes sont très dégradées, voire insalubres.
Les pommeraies se multiplient. Ce sont des pommes à cidre, que nous ne pouvons grappiller. C'est dommage.

Ce matin, peu de dénivelé, moins de 700 m.  Moins de bitume qu'hier, nous avons eu quelques jolis petits chemins.

Au détour du chemin nous découvrons parfois des villages entiers cachés derrière une colline !

Parfois, le chemin nous fait des cadeaux. Je dis des cadeaux parce que malgré toutes les belles choses que nous avons déjà vues, il arrive que nous en découvrons d'autres. Comme cette église plantée au bord de la lagune qui se reflète dans l'eau calme du matin.

À une autre heure de la journée, l'effet disparaît...

Par contre, Daniel et moi, prenons parfois des décisions tenant plus du bon sens que de la foi aveugle du pèlerin. Faire 100 m de dénivelé et deux kilomètres supplémentaires juste pour visiter une église qui n'a rien de particulier, ne nous semble parfois pas obligatoirement opportun. Si bien que nous étudions la carte et nous prenons des options qui nous rendent le chemin un peu plus facile ou plus exactement un peu moins ardu.

Un grenier sur pilotis qui m'a fait instantanément penser aux mazots du Valais Suisse qui sont construits de la même manière. Les grandes pierres plates servent à protéger le grenier ou l'habitation des rongeurs.

Autant hier le ciel était gris, la pluie menaçait, parfois le vent soufflait frais, autant aujourd'hui le calme est revenu, le ciel est d'un bleu profond, la température de 24 degrés à l'ombre, sans un souffle d'air. Pour le pèlerin, il n'y a pas de temps meilleur. Nous nous surprenons souvent à nous dire notre bonheur de marcher dans ces conditions. On pourrait croire à du radotage de petits vieux joviaux. Mais point du tout. C'est juste le besoin de partager la joie du chemin.

Hier, comme c'est souvent le cas, Daniel a eu un coup de génie. Il prend de plus en plus de temps à choisir les hébergements que nous allons occuper. Et ce coup-là, était un coup de maître. Nous arrivons dans la petite ville de Ribadesella.

Un nouvel estuaire à traverser avant d'arriver à destination.

L'hébergement de ce soir est une vieille maison de style balnéaire tout a fait commun à d'autres littoraux, du début du 20e siècle, entièrement refaite. Mais ce n'est pas tout, sa situation est absolument incroyable pour la prestation qu'elle propose. Nous sommes face à une plage magnifique qui doit être complètement blindée l'été mais qui est déserte car la fin de la saison a sonné pour nombre de prestataires du bord de mer. Comme l'établissement reçoit aussi des surfeurs, et sûrement pas au même tarif, il propose une restauration et un bar permanent sur son parvis face à la mer. Bref nous sommes comme des coqs en pâte>>>ICI

Il y a pire comme auberge de pèlerins.
Oui, vraiment.



Demain nous allons à Colunga, petite marchounette de 20 km.


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Mercredi  2 octobre 
Colombres - Llanes

Il faut tourner la page, changer de paysage. Cl. Nougaro.

Nous venons de faire tamponner le verso de notre credencial. Le recto est impressionnant. Il représente environ 700 km ne marche à pied à travers des paysages foncièrement différents. Sans un moment de doute ou de lassitude. Nous sommes heureux de vivre ça ensemble sans nous poser vraiment de question.

Un restaurant mexicain très accueillant...

Le statut de pèlerins nous oblige t-il à conserver un sérieux de sénateur ?

Aujourd'hui, c'est la première fois, nous ne savions pas où nous allions petit déjeuner. Pour nos métabolismes et nos psychismes, c'est une épreuve. Ne pas savoir où s'engouffrer deux tartines beurrées confiture et un grand café au lait est beaucoup plus difficile à appréhender que 1000 m de dénivelé.
Heureusement, à moins de 1 km de Colombres, alors que nous débouchions sur la nationale, apparut un grand hôtel restaurant qui servait des desayunos (petit déjeuner en espagnol) en pagaille.
Une fois repus, les Caminos, quels qu'ils soient, n'avaient qu'à bien se tenir.

Revoir la mer, notre premier défi de la journée
Les paysages que nous avons traversés aujourd'hui avaient de nombreux points communs avec les littoraux d'Irlande, d'Écosse, du Pays de Galles, de Galice, et de Bretagne. Des prés où paissent des vaches, des chèvres, des moutons, entourés de petits murs de pierres et surplombant l'océan ont un parfum celte évident.
La particularité de notre chemin d'aujourd'hui est d'avoir longé la mer la plupart du temps en nous la cachant derrière les crêtes des collines. Nous ne l'apercevions qu'en haut des montées et dans certains cas seulement.

Une crique, toujours la cerise sur le gâteau.


Attention, Daniel, à la prochaine descente la mer disparaît...
L'autre particularité de ce chemin, est d'alterner les petites montées et les petites descentes ; jamais de grands efforts mais une multitude de petits.
Bref la petite ville de Llanes nous est apparue au bout de 5 heures de marche.

À noter, le bel effort en fin de période !!!
C'est toujours un soulagement d'apercevoir notre destination même quand on sait qu'on l'atteindra une heure ou deux après.
Avant d'arriver à Llanes, une bonne colline de 200 mètres nous a mis à l'épreuve. Suivi de 200 m de dénivelé négatif brutal avant d'arriver au niveau de l'océan. Pour descendre en sécurité, nous plantons alternativement à droite et à gauche nos bâtons loin devant nous car on peut très vite glisser sur une pierre, les descentes sont très très pentues.

Juste avant Llanes, un petit village en premier plan, son église et son cimetière en second plan et l'océan pour finir le tableau.
Notre auberge est ce soir du même type que celle d'hier. Une très vieille maison que les touristes viennent photographier. Avec ses balcons vitrés proéminents qui ressemblent à des Windows anglaises et de la dentelle de bois sur toutes les façades.
Nous arrivons à 13h45 devant une porte close car la réception n'ouvre qu'à 14h. Nous en profitons pour prendre un pot avec 2 espagnols avec lesquels nous avons sympathisé lors des précédentes étapes, dont l'un a 71 ans.

Nous posons les sacs au pied de la grille est traversons la rue pour boire un bon Coca-Cola bien frais.


Au centre José Maria à droite son aîné Michael.

Llanes et une petite ville de 14000 habitants vivant autour de son port de pêche. Le nord de son port est doté de défenses contre la mer surdimensionnées. C'est ce qui surprend dès que l'on visite les installations portuaires.

J'aime les petits ports de pêche quand ils ne sont pas encore vendus entièrement à la plaisance comme le vieux port de La Rochelle.


Des casiers à crustacés rangés sur la jetée...


Chacun de ces cubes de béton fait 4 mètres d'arête. La digue en fait une dizaine de haut.


Demain nous allons à Ribadesella. Grande étape de plus de 30 km


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Chers lecteurs , amours, amis, curieux, j 'archive cette page chaque semaine. Vous retrouverez les semaines passées dans la page : "suivez le fil" que vous pourrez trouver en haut à droite pour les ordis et en haut à gauche pour les smartphones.
Autre petit conseil : si vous voulez avoir la totalité des photos, film, et texte de la journée attendez le lendemain matin. Si vous ouvrez la page le soir vous avez de grandes chances que je sois également dessus en train de la compléter.
Merci à tous d'être de plus en plus nombreux à lire ce blog,  il est fait pour ça et ce n'est pas de la tarte de pondre cette page quotidienne avec un smartphone. Mon clavier me manque.

Mardi 8 octobre 
Avilés - Muros de Nalón

Ce matin nous sommes partis de l'auberge de nuit car nous avions repéré la veille un troquet qui faisait le petit-déjeuner tôt le matin.
Nous n'étions visiblement pas les seuls à l'avoir repéré, car quand nous y sommes arrivés, la moitié de la salle était occupée par nos collègues pèlerins.

Départ de la place de la mairie au lever du jour.

Petite journée que celle d'aujourd'hui, nous avons eu très peu de points remarquables. À part une longue marche dans une forêt d'eucalyptus suivie d'une longue descente vers le Riu Nalón afin de le traverser pour enfin arriver à destination, le chemin n'a pas été trop dur, ni été trop beau, ni été trop ceci ou trop cela.
Ce fut une étape tout à fait ordinaire.
Avec Daniel, nous avons constaté quelque chose de très étonnant. En général, nous arrivons les premiers dans les auberges en début d'après-midi. Nous voyons défiler alors tous les pèlerins qui arrivent et qui remplissent un à un les couchages disponibles. Tous les rituels sont un peu près les mêmes pour tout le monde : toilette, lessive et une recherche de nourriture pour le soir ou une solution pour manger à l'extérieur. Le lendemain, nous sommes toujours réveillés par des lève-tôt qui partent systématiquement de nuit. En matinée nous en rattrapons quelques-uns. Mais jamais tous. Et de nouveau nous les voyons défiler l'après-midi après notre arrivée à la nouvelle auberge.
La question qui se pose alors à nous est : mais qu'est-ce qu'ils font entre le moment où ils partent et le moment où ils arrivent sachant qu'ils sont censés utiliser le même chemin que nous ?
Cette question existentielle nous taraude systématiquement tous les jours. À part un français que nous surnommons Gaston,  une petite espagnole brune qui marche presque aussi vite que nous et deux ou trois autres pèlerins, deux ou trois dizaines d'autres disparaissent dans la nature entre le moment où ils partent le matin et le moment où nous les voyons arriver l'après-midi.
Les voies du Camino sont impénétrables....

L'église d'Avilés avec,
 encadré dans la porte,
 le Christ en croix éclairé
au fond du chœur.
Notre étape d'aujourd'hui s'est terminée sous la pluie. À une demi-heure près, nous pouvions arriver secs à l'auberge. 
Ayant torchés nos 23 km avant 13h30, après notre toilette et notre lessive, vers 14h30 nous sommes sortis chercher un petit troquet pour grignoter avec une petite consommation comme à l'habitude.
D'ordinaire, les comptoirs des bars sont couverts de tapas et autres pintxos. Daniel et moi commandons une part de tortilla ou un petit sandwich piqué d'une banderille.
Daniel commande une bière et moi un coca.

Mais ça, c'était avant. 

Aujourd'hui nous avons innové. Nous avons pris un menu Pellerin. Pour 9 €, nous avons engouffré une grande assiette de spaghettis à la tomate et au thon, puis un jarret de porc frites. Les Espagnols n'ont pas la même notion de la succession hors d'oeuvre/plat de résistance que nous. Ils proposent un premier plat suivi d'un second plat mais sans aucun rapport de consistance, de matière, et surtout de progression en termes de roborativité !
Bref, je mets au défi quiconque de me prouver que notre plat de spaghettis était plus ou moins consistant que notre jarret frites...
Re bref, il nous sera difficile de manger un repas complet ce soir. Qui vivra verra.

Pour commencer un repas par un plat de spaghettis il faut être au moins pèlerin !

Ma page d'aujourd'hui sera peut-être la plus maigrichonne de tout le voyage quant à son stock de photos. Je ne peux même pas le compléter avec des clichés de notre village d'accueil, la pluie nous empêchant de le visiter.

Demain et après-demain, nous fusionnons trois petites étapes en deux moyennes, Daniel nous ayant trouvé une auberge au milieu de la deuxième étape ! Quel virtuose de la planification ce Big Dee (liliputian's Dee pour Françoise..) !

Toutes les photos et les vidéos du jour>>ICI

PETIT RAPPEL : 
Ce blog est créé, approvisionné, et écrit par moi, Gégé (Laurel, pas Hardy). Malgré tout le soin que je porte à ne pas associer Daniel à mes jugements de valeur parfois dérangeants sur la nature humaine que je croise sur le chemin, on peut comprendre que ceux-ci font consensus et engagent mon camarade, il n'en est rien.
J'avais imaginé ce blog comme une sorte de bloc notes pour éventuellement m'en servir après le voyage pour écrire un petit essai sur l'expérience d'un pèlerin X...
Néanmoins, et à la demande de lecteurs assidus qui m"aiment et que j'aime, et pour des raisons qui touchent à  la pluralité croissante de l'audience de ce blog, je l'ai  purgé de tout jugement de valeur qui pourrait avoir une connotation péjorative et/ou polémique. Nous resterons donc dans le "factuel", le "consensuel", le "descriptif". J'espère que pour certains d'entre vous, le manque d'épices ne gâtera pas le plat.
Donc, ne vous étonnez pas, soit de ne plus trouver quelques saillies salées, soit de ne plus trouver certains commentaires en bas de page.
NDLR

Lundi 7 octobre 
 Gijón - Avilés

Voir un pèlerin marcher dans une grande ville a toujours un petit côté anachronique.

Comment savons-nous que nous avons parcouru 1000 km au moins ? Parce que ce matin nous avons vu un panneau indicateur qui nous disait combien il nous restait à faire d'ici Santiago.
Il nous disait qu'il nous restait 320 km à faire avant Santiago. Depuis nous en avons fait 25. Nous sommes donc largement au-dessus des 1000 kilomètres depuis que nous avons embrassé nos amoureuses pour la dernière fois. Nous arrosons ça ce soir.

Ça s'arrose !

Nous arrosons les 1000 km, pas le fait de ne pas avoir embrassé nos amoureuses depuis longtemps, bien sûr... Elles commenceraient même à nous manquer...Enfin, je parle pour moi...
Aujourd'hui, l'étape n'a pas été d'un intérêt fantastique. La sortie de Gijon fut longue et sa banlieue industrielle nous a parue immense. 

Daniel prenant en photo la banlieue industrielle de Gijon.

C'était sans compter l'entrée dans Avilés. 10 km soit 2 heures de marche au sein d'une zone de grandes industries métallurgiques à touche-touche. Je n'avais jamais vu ça. Peut-être parce que la Rochelle n'a jamais été un immense centre d'industries lourdes malgré son usine de fabrication automobile fermée aujourd'hui  et de construction ferroviaire seule encore en fonctionnement de nos jours. Marcher deux heures  dans un fouillis d'immenses bâtiments, de cheminées, de condenseurs qui crachent des nuages de vapeur d'eau, de voies ferrées couvertes de trains de marchandise, de ponts de chargement pour les remplir, de stocks de milliers de lingots d'acier grand comme des plateau de semi-remorque, tout ça dans un vacarme de machinerie infernale d'un côté et de trafic routier de l'autoroute de l'autre.

Un tout petit bout de l'enfer industriel d'Avilès. Il faut noter les projecteurs qui font supposer que l'activité ne s'arrête jamais même pas la nuit.

Le Camino du temps des premiers pèlerins passait à cet endroit. Il y passe toujours mais les hommes ont adapté son tracé pour qu'il puisse se frayer un chemin parmi les installations, les constructions, les dépôts, les enclos, le réseau ferré et routier, les pipe-lines, les tapis roulants aériens, les parcs de véhicules utilitaires, les ruisseaux qui sont toujours là, et cetera. Le pèlerin qui veut réfléchir à sa condition d'homme sur cette terre, a du pain sur la planche et du grain à moudre dans cet univers entièrement façonné de la main de ses frères humains dans une perspective supposée de progrès.
En ce qui me concerne, je dois dire que j'ai été... comment dire... effrayé, oui c'est ça, effrayé par les dimensions de ces installations et le bruit qu'elles génèrent. 
Coincée entre sa plage donnant sur l'océan et la vallée saturée d'industries du fond de sa Ria, la ville d'Avilés me fait l'effet d'un Gepeto complètement dépassé par sa marionnette ou même un Victor Franckenstein ne pouvant fuir sa créature comme il finit par le faire dans le roman original. Ce serpent géant, fumant, crachant, éructant semble remonter doucement la Ria en digérant son créateur.
Terrifiant !

On imagine difficilement que dans le dos du photographe s'alignent 10 km d'industries lourdes.

La commune d'Avilés reçoit les pèlerins dans une auberge municipale pour 6 € la nuit. Nous dormirons dans un dortoir de 48 lits répartis en 24 lits superposés. Ici pas de petit-déjeuner, pas de dîner, juste le nécessaire pour passer la nuit, se laver et laver son linge. Il y a quand même une cuisine si on veut se faire à manger. Dans ce type d'environnement, les boules Quies sont indispensables.

 Arriver dans les premiers donne le privilège de pouvoir choisir un lit bas.

C'est la première fois qu'une telle cathédrale de lits se présente à nous.

Lors de notre première petite visite de la ville ancienne après nos rituelles toilettes et lessives, je rencontre un coiffeur qui patientait sur le pas de sa porte. Je lui demande s'il peut me couper les cheveux dans l'instant. Il acquiesce et me conduit dans un dédale de couloirs sombres qui débouche sur un salon de coiffure assez baroque, sans une fenêtre, avec des accessoires antédiluviens. Daniel m'accompagne, un petit sourire narquois au coin des lèvres.
L'épreuve fut ma foi assez agréable et son résultat prévisible dans les limites du raisonnable. Le tout pour 9 € et un grand sourire de notre prestataire.

Pendant l'inquisition, les Espagnols ont été les très performants en termes de torture.

Oreilles, sourcils, aux ciseaux, à la tondeuse, au rasoir, tout y est passé. Je lui ai dit tout ce que je savais.
Ce qui a eu l'air de satisfaire mon bourreau.


Les 25 km bien tassés d'aujourd'hui n'ayant pas été transcendants, je souhaite que l'étape suivante qui nous mène à Muros de Nalón ne nous balade pas entre plusieurs zones industrielles et/ou commerciales.
J'ai du mal à ressentir l'esprit du chemin dans ces conditions.

 En fin de semaine,
 nous quittons la côte pour Santiago  !

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Dimanche 6 octobre 
 Villaviciosa - Gijón

Trempés, rincés, noyés, ce matin notre étape a peut-être été la plus pourrie depuis le début de notre aventure.

Départ tôt ce matin pour une éprouvante étape.

En fait, nous n'avons pas cessé de marcher à l'intérieur d'un nuage. De fines gouttelettes très serrées nous ont baignés toute la matinée, nous privant de surcroît d'une vue sur les vallées et les collines environnantes. Les patins de caoutchouc de nos bâtons glissaient sur les pierres, sur l'asphalte, sur quasiment tous les supports. Nous avions donc le nez sur nos chaussures pour tenter de marcher sans risque. 
De plus, dès que nous avons senti que nous allions nous mouiller, nous avons mis les capotes sur les sacs et les ponchos sur l'ensemble de notre harnachement. Sur du plat, ça ne pose aucun problème, car nous ne transpirons pas. Mais ce matin, nous avions 900 m de dénivelé cumulé positif à nous taper.
Si bien que nos ponchos se sont transformés en étuves, et qu'au bout d'une petite demi-heure, l'ensemble de notre tenue était complètement saturé d'eau, slips et t-shirts compris.
Très désagréable.

Une météo bouchée, comme le cidre du même nom.

Deux bonnes montées nous ont mis à l'épreuve. 
Curieusement, un chien nous a accompagné sur 4 km. Puis il est parti comme il est arrivé. Nous n'avons croisé qu'un collègue pèlerin sur toute la course. À croire que tous nos compagnons de route avaient choisi de terminer leur périple par le camino primitivo qui part d'Oviedo, ville continentale situé au sud de Gijon et se termine à Santiago en passant par la montagne.
Cette option est possible au départ de Villaviciosa et certains pèlerins la choisissent.

Mais, Daniel et moi ne souffrons pas de solitude, nous avons toujours une bêtise à sortir, une fantaisie à formuler, une petite couillonnade à pondre, une saillie drolatique à proposer, pour meubler nos longues heures de marche.
Même par ce tiempo de mierda...
Notre dernière montée finit par une petite épicerie bar dans laquelle nous nous sommes engouffrés pour nous faire servir un café americano d'au moins 20 centilitres.

Si on regarde bien, on aperçoit Gijon au fond à gauche et tout en haut à droite l'indication qui dit que cet établissement est un débit de boissons.
La dernière descente qui nous a conduit en banlieue de Gijon s'est terminée par un  arrêt de bus au pied de l'hôpital. Le bus, ce véhicule bienfaiteur, nous a conduit en centre-ville à 200 m de notre hôtel. 4 km de gagnés et quelques litres d'eau de pluie évités.
Bref, 26 km effectifs, 900 m de dénivelé cumulé positif, 6 h de marche, par ce temps, c'est largement suffisant.
Les puristes trouveront que nous faisons quelques digressions insupportables au chemin. Nous leur répondrons que nous n'avons rencontré qu'un couple de pèlerins qui était parti pour Santiago du perron de leur maison (Rouen) et que ce petit détail qui peut paraître anodin suffit à nous autoriser quelques petites adaptations aux conditions météorologiques.
Na !

Gijon, notre destination,  grande ville de 300 000 habitants.

Daniel, mon tour opérateur préféré, nous a trouvé un hôtel pratiquant des prix défiant toute concurrence en plein centre ville de Gijon. Ce qu'il faut comprendre en l'occurrence, c'est que Gijon comprend des auberges de pèlerins en nombre. Mais celles-ci se situent toutes en périphérie de la ville. Ce qui revient à dire qu'une fois arrivés, on est obligé de patienter en attendant le repas du soir, quand on a la chance de savoir où le prendre.
Ainsi, en trouvant un petit hôtel en centre-ville, nous avons la possibilité de faire un peu de tourisme, de trouver un restaurant ouvert le  dimanche pour ce soir, bref, de prendre un peu de plaisir après la galère de ce matin.
Je pense, qu'aujourd'hui, nous avons pris une des douches les plus agréables de notre périple. Mais nous n'allons pas nous plaindre, c'est seulement la deuxième étape que nous faisons sous la pluie au bout de 39 jours de voyage !

Les traditionnels fûts à cidre ont une contenance impressionnante !
La preuve !

C'est super, ce soir nous avons trouvé un restaurant qui sert un menu de base avec de l'agneau cuit au four. Enfin nous allons pouvoir manger l'agneau asturien !

Demain en route pour Avilés  ! Une étape ordinaire sans grande difficulté.

À côté d'aujourd'hui, c'est un peu platounet.


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Samedi  5 octobre 
 Colunga - Villaviciosa
Chers lecteurs,
Excusez le "nid" d'erreurs d'orthographe présent dans la page d'hier. Je viens de les corriger. Il faut savoir qu'en absence de clavier, je dicte les textes de ce blog à mon smartphone qui a un logiciel censé écrire les paroles que je lui dis. Ce logiciel est doté d'une intelligence artificielle qui fait des progrès dans la reconnaissance de ma voix au fur et à mesure que je lui soumets des phrases. Mais ce que je lui dis n'est pas forcément prononcé à voix haute et claire. Car je fais souvent ce blog dans mon lit ou à des moments où je ne suis pas seul. 

On écrit où on peut...

Comme nous dormons la plupart du temps en dortoir, je ne veux pas imposer mes délires pseudo littéraires à mes petits camarades dont la majorité  ne comprend pas un mot de français.
Bref, parfois, mon smartphone écrit des mots qui ressemblent phonétiquement à ceux qu'il entend mais qui ne correspondent pas à la réalité de ce que je veux lui dicter. Je suis donc obligé de faire une relecture immédiate et une relecture finale. Hier, tout un paragraphe a échappé à ma vigilance. Désolé.

Ce n'est pas une plaisanterie, c'est courant.

En dehors des céramiques diverses, des pierres sculptées en forme de coquilles Saint Jacques, des panneaux indicateurs officiels, le chemin est parsemé de flèches jaunes, parfois sur un fond bleu roi,  de ce type sur les poteaux électriques, téléphoniques, les murs, les pierres, et...
les poubelles...!
Il semble qu'en Espagne les pâtés de maisons, les quartiers, soient propriétaires de leurs containers. Alors ceux-ci peuvent avoir d'autres usages que de recueillir les ordures. Entre autres celui de baliser le Camino. 

Parfois, nous avons la chance de trouver des sentiers en sous-bois.

Ce matin nous avons rattrapé Christian qui marchait avec un pélerin australien que nous voyons de temps en temps qui est, pour l'instant, le doyen de notre voyage. Il est né en 1939 ! Bien sûr il ne marche pas aussi vite que nous mais si nous le voyons aussi souvent c'est qu'il effectue les mêmes distances dans les mêmes temps.


La prunelle de nos yeux !


En ce moment, tous les jours, nous croisons trois femmes allemandes, mais paradoxalement, nous les trouvons toujours assises à une table de bistrot à déguster un vin blanc. Nous ne les voyons jamais marcher. C'est très drôle ! 
Il est 15h42 et nous venons de rentrer d'un bar restaurant à tapas apparemment très prisé à Villaviciosa, recommandé par le Guide du Routard, et visiblement fréquenté par de nombreux Espagnols. Nous avons rarement mangé aussi bien en mi-journée. Les tapas, le vin, le pain, sont tous de très bonne facture. Nous y retournerons peut-être ce soir.

Une clairière éclairée par le soleil suffit à nous motiver pour continuer à cheminer...

Avec Daniel, nous venons de nous apercevoir qu'à la fin de cette semaine nous aurions très certainement marché 1000 km. Nous ne nous rendons pas vraiment compte de ce type de quantité rapportée à une activité lente comme la marche. Quand nous allons en vacances en Corse nous faisons ces 1000 km en une journée avec nos voitures. 

Parfois de petits ruisseaux nous accompagnent.

On pourrait penser que marcher 6 à 7h par jour pourrait générer un ennui sans fond dans nos esprits agités d'occidentaux productivistes. Surtout que nous ne marchons pas pour "faire" quelque chose mais pour "aller" quelque part. C'est une activité parfaitement improductive. Et l'improductivité n'est pas très à la mode dans nos sociétés modernes. Nous passons donc nos journées à ne rien produire, et cette "non-activité", paradoxalement, nous comble complètement. 

Tout est source d'émerveillement dans une nature qu'on parcourt au pas du pèlerin.

Nous ne produisons que les pas que nos jambes nous permettent de faire, mais nous consommons des tas de choses qui ne coûtent rien ou qui coûtent peu : des sentiments, des impressions, des bruits, des odeurs, des images, des rencontres, des conversations, des moment de convivialité, de la nourriture simple, beaucoup  beaucoup  beaucoup d'eau... et des tas d'autres choses...
Au quotidien. Si bien que ça remplit nos vies largement suffisamment pour leur donner du sens.
D'autant plus, qu'à l'instant, nous nous rendons compte que depuis le 28 août nous n'avons vécu aucune galère particulière, aucun coup dur, rien de négatif au quotidien. Bref, il n'est pas très compliqué de comprendre que de se lancer dans ce type d'activité sur une longue période, comme nous le faisons maintenant, permet de vider nos réservoirs de stress.

Le couple sourire/regard serait-il un bon indicateur de mesure du bonheur?

Bien sûr, on pourrait nous reprocher de nous être éloigné volontairement de tout ce qui pourrait générer du stress : femmes, enfants, parents, animaux, contraintes administratives, j'en passe et des meilleures. 
Et on aurait raison.
Mais ce voyage est un peu un cadeau de retraite que nous nous octroyons à un âge où il va nous falloir compter à rebours les potentialités de profiter de la vie.
Qui dit ce que nous serons capables de projeter dans 10 ans ? Et dans 20 ans ? Et dans 30 ?
J'entends d'ici nos amoureuses (qui travaillent toujours) nous hurler : "Et nous ?"
Désolés, les filles, mais nos contraintes administratives (et nos âges) n'étant pas les mêmes, nous poussons le curseur de nos "compatisseurs" respectifs au maximum, c'est tout ce que nous pouvons faire pour vous, tout en tentant de vous rendre la vie la plus douce possible (quand on est là...).

Ce soir nous sommes dans une auberge pour pèlerins où nous faisons laver toutes nos affaires par la taulière, que les esprits du Camino la protège !

Demain, grosse étape en termes de longueur (> 30 km) et de dénivelé, en direction de Gijon. Lever tôt de rigueur.


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Vendredi 4 octobre 
 Ribadesella - Colunga

Hier, j'ai oublié de vous dire que nous avions vu un panneau qui indiquait ce qui nous restait à parcourir jusqu'à Santiago. Nous avons appris qu'il nous restait autant de kilomètres que de Hertz dans le La du diapason de John Lennon.


 La promenade de la mer de Colunga par une jolie matinée d'automne.

Ce matin, nous avons eu la certitude que les Asturies avait bien des points communs avec les pays celtes. BBC, Bruine, Brumasse, Crachin.
Dès notre sortie de la magnifique villa dans laquelle nous avions passé notre nuit, il a fallu enfiler les capotes de nos sacs et les ponchos de pluie. En même temps, ça aurait été frustrant de porter leurs 400 g pendant deux mois sans jamais nous en servir.

Ce matin, le chemin nous a brumisés.

Suivirent une série de collines, et de plage entrecoupées de petits villages comportant ces curieux greniers sur pilotis qu'on ne trouve qu'en Galice et aux Asturies, les hórreos, construits selon la même méthode que les mazots du Valais Suisse.

Protégés par un décret de 1973, il existe encore plus de 30 000 de ces greniers en Galice et aux Asturies.

Vers 11h, le crachin breton s'est  transformé en franche purée de pois. Nous aurions aimé voir les rochers des Asturies plonger dans la mer car nous devinions du bord de la plage les trois ou quatre plans différents qui auraient fait de belles photos. Mais, notre paysage était gris, gris, gris et gris. Si bien que, passant sur une promenade de plage, et constatant qu'un bar restaurant était ouvert, nous nous sommes engouffrés dans sa terrasse/véranda, et avons engouffré de même deux parts de tortilla avec des cafés.

Le mauvais temps ne nous empêche pas de faire les kékés.
Les 20 km d'aujourd'hui ont été  parcourus à petite vitesse. De multiples arrêts pour mettre les capotes et les ponchos et les retirer en fonction des changements climatiques auraient de toute façon ruiné notre moyenne !
Daniel et tout le personnel de son bureau d'étude planche sur les prochaines étapes. Voici les données du problème : de  Ribadesella à Gijon on compte grosso-modo 75 km. La logique aurait été de faire 2 x 37,5. Mais, nos métabolismes de jeunes retraités très en forme(s), nous ont dicté beaucoup plus de mesure. Nous avons donc décidé de faire cette distance en trois étapes. Mais il faut compter avec la présence (ou l'absence) d'hébergements. Et là commence le brainstorming de notre Daniel. Il nous a habitué à dormir dans des palaces, on comprend son trouble.
Il est 16h08, nous sommes vautrés sur nos plumards respectifs dans une belle chambre d'hôtel, (à prix pèlerins, of course) et visiblement, la quadrature du cercle n'est pas encore résolue. Mais je lui fais confiance, il va nous tirer de là en deux coups de cuillère à pot.
Nous n'aurons pas à monter la tente dans un champ tout mouillé demain soir.

Nous devinons à peine la succession des plans des roches asturiennes plongeant dans le Gascogne.

Toute réjouissance étant bonne à vivre, nous nous apercevons que ce vendredi est la première journée de pluie que nous avons depuis le début de notre aventure. 36 jours consécutifs sans mouiller nos liquettes, ça constitue en soi une certaine performance, non ?

Christian et nous, nous suivons depuis Hendaye.



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Jeudi  3 octobre 
Llanes - Ribadesella

Chers lecteurs, 

Aujourd'hui je vous propose de commencer la lecture de la page par une audition >>>ICI
J'ai toujours aimé cette chanson. Je l'aime dans sa version brésilienne originale comme dans celle de Moustaki. 
Quand on marche, nos sens sont à l'écoute de la moindre sollicitation de l'environnement. La liste à la Prévert de cette chanson, les eaux de mars, Àguas de Março, révèle complètement la posture de notre esprit quand on le laisse complètement vagabonder sur le chemin. Le moindre mouvement végétal, le moindre cri d'oiseau, la moindre petite bête qui traverse le chemin, le pas de mon compagnon de route, le vent dans les branches, une cloche qui sonne au loin, les bruits du travail des hommes, le tapis roulant de l'autoroute, le ressac des vagues sur la plage, le bruit lointain de la ville, autant de raisons de s'étonner, ou de simplement observer avec bienveillance.

Selfie au soleil levant...

Aujourd'hui, ce fut une belle et grande étape qui a commencé au bord de l'eau. Tellement au bord de l'eau, qu'un petit morceau du chemin traversait une crique minuscule très jolie.

Pendant que bébé se réveille...


La nature se pare des couleurs du matin...


Puis il s'est éloigné de la côte et comme d'habitude, nous avons tout de suite trouvé une grande ruralité assez pauvre, faite de petites fermes ne vivant apparemment que d'élevage de petits troupeaux de bovins ou d'ovins. Beaucoup de fermes sont très dégradées, voire insalubres.
Les pommeraies se multiplient. Ce sont des pommes à cidre, que nous ne pouvons grappiller. C'est dommage.

Ce matin, peu de dénivelé, moins de 700 m.  Moins de bitume qu'hier, nous avons eu quelques jolis petits chemins.

Au détour du chemin nous découvrons parfois des villages entiers cachés derrière une colline !

Parfois, le chemin nous fait des cadeaux. Je dis des cadeaux parce que malgré toutes les belles choses que nous avons déjà vues, il arrive que nous en découvrons d'autres. Comme cette église plantée au bord de la lagune qui se reflète dans l'eau calme du matin.

À une autre heure de la journée, l'effet disparaît...

Par contre, Daniel et moi, prenons parfois des décisions tenant plus du bon sens que de la foi aveugle du pèlerin. Faire 100 m de dénivelé et deux kilomètres supplémentaires juste pour visiter une église qui n'a rien de particulier, ne nous semble parfois pas obligatoirement opportun. Si bien que nous étudions la carte et nous prenons des options qui nous rendent le chemin un peu plus facile ou plus exactement un peu moins ardu.

Un grenier sur pilotis qui m'a fait instantanément penser aux mazots du Valais Suisse qui sont construits de la même manière. Les grandes pierres plates servent à protéger le grenier ou l'habitation des rongeurs.

Autant hier le ciel était gris, la pluie menaçait, parfois le vent soufflait frais, autant aujourd'hui le calme est revenu, le ciel est d'un bleu profond, la température de 24 degrés à l'ombre, sans un souffle d'air. Pour le pèlerin, il n'y a pas de temps meilleur. Nous nous surprenons souvent à nous dire notre bonheur de marcher dans ces conditions. On pourrait croire à du radotage de petits vieux joviaux. Mais point du tout. C'est juste le besoin de partager la joie du chemin.

Hier, comme c'est souvent le cas, Daniel a eu un coup de génie. Il prend de plus en plus de temps à choisir les hébergements que nous allons occuper. Et ce coup-là, était un coup de maître. Nous arrivons dans la petite ville de Ribadesella.

Un nouvel estuaire à traverser avant d'arriver à destination.

L'hébergement de ce soir est une vieille maison de style balnéaire tout a fait commun à d'autres littoraux, du début du 20e siècle, entièrement refaite. Mais ce n'est pas tout, sa situation est absolument incroyable pour la prestation qu'elle propose. Nous sommes face à une plage magnifique qui doit être complètement blindée l'été mais qui est déserte car la fin de la saison a sonné pour nombre de prestataires du bord de mer. Comme l'établissement reçoit aussi des surfeurs, et sûrement pas au même tarif, il propose une restauration et un bar permanent sur son parvis face à la mer. Bref nous sommes comme des coqs en pâte>>>ICI

Il y a pire comme auberge de pèlerins.
Oui, vraiment.



Demain nous allons à Colunga, petite marchounette de 20 km.


Toutes les photos et les vidéos du jour>>ICI





Mercredi  2 octobre 
Colombres - Llanes

Il faut tourner la page, changer de paysage. Cl. Nougaro.

Nous venons de faire tamponner le verso de notre credencial. Le recto est impressionnant. Il représente environ 700 km ne marche à pied à travers des paysages foncièrement différents. Sans un moment de doute ou de lassitude. Nous sommes heureux de vivre ça ensemble sans nous poser vraiment de question.

Un restaurant mexicain très accueillant...

Le statut de pèlerins nous oblige t-il à conserver un sérieux de sénateur ?

Aujourd'hui, c'est la première fois, nous ne savions pas où nous allions petit déjeuner. Pour nos métabolismes et nos psychismes, c'est une épreuve. Ne pas savoir où s'engouffrer deux tartines beurrées confiture et un grand café au lait est beaucoup plus difficile à appréhender que 1000 m de dénivelé.
Heureusement, à moins de 1 km de Colombres, alors que nous débouchions sur la nationale, apparut un grand hôtel restaurant qui servait des desayunos (petit déjeuner en espagnol) en pagaille.
Une fois repus, les Caminos, quels qu'ils soient, n'avaient qu'à bien se tenir.

Revoir la mer, notre premier défi de la journée
Les paysages que nous avons traversés aujourd'hui avaient de nombreux points communs avec les littoraux d'Irlande, d'Écosse, du Pays de Galles, de Galice, et de Bretagne. Des prés où paissent des vaches, des chèvres, des moutons, entourés de petits murs de pierres et surplombant l'océan ont un parfum celte évident.
La particularité de notre chemin d'aujourd'hui est d'avoir longé la mer la plupart du temps en nous la cachant derrière les crêtes des collines. Nous ne l'apercevions qu'en haut des montées et dans certains cas seulement.

Une crique, toujours la cerise sur le gâteau.


Attention, Daniel, à la prochaine descente la mer disparaît...
L'autre particularité de ce chemin, est d'alterner les petites montées et les petites descentes ; jamais de grands efforts mais une multitude de petits.
Bref la petite ville de Llanes nous est apparue au bout de 5 heures de marche.

À noter, le bel effort en fin de période !!!
C'est toujours un soulagement d'apercevoir notre destination même quand on sait qu'on l'atteindra une heure ou deux après.
Avant d'arriver à Llanes, une bonne colline de 200 mètres nous a mis à l'épreuve. Suivi de 200 m de dénivelé négatif brutal avant d'arriver au niveau de l'océan. Pour descendre en sécurité, nous plantons alternativement à droite et à gauche nos bâtons loin devant nous car on peut très vite glisser sur une pierre, les descentes sont très très pentues.

Juste avant Llanes, un petit village en premier plan, son église et son cimetière en second plan et l'océan pour finir le tableau.
Notre auberge est ce soir du même type que celle d'hier. Une très vieille maison que les touristes viennent photographier. Avec ses balcons vitrés proéminents qui ressemblent à des Windows anglaises et de la dentelle de bois sur toutes les façades.
Nous arrivons à 13h45 devant une porte close car la réception n'ouvre qu'à 14h. Nous en profitons pour prendre un pot avec 2 espagnols avec lesquels nous avons sympathisé lors des précédentes étapes, dont l'un a 71 ans.

Nous posons les sacs au pied de la grille est traversons la rue pour boire un bon Coca-Cola bien frais.


Au centre José Maria à droite son aîné Michael.

Llanes et une petite ville de 14000 habitants vivant autour de son port de pêche. Le nord de son port est doté de défenses contre la mer surdimensionnées. C'est ce qui surprend dès que l'on visite les installations portuaires.

J'aime les petits ports de pêche quand ils ne sont pas encore vendus entièrement à la plaisance comme le vieux port de La Rochelle.


Des casiers à crustacés rangés sur la jetée...


Chacun de ces cubes de béton fait 4 mètres d'arête. La digue en fait une dizaine de haut.


Demain nous allons à Ribadesella. Grande étape de plus de 30 km


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Mardi  1er octobre 
Comillas - Colombres

Au revoir la Cantabrie, bonjour les Asturies !

Avec Daniel, on joue à se faire peur. Notre étape d'aujourd'hui était prévue pour faire 29 km avec pas mal de dénivelés différents. Nous sommes donc partis aux aurores.
7h15 pour être précis. 
Comme nous prévenons nos amoureuses de nos départs quotidiens, celles-ci se sont demandé ce qui nous arrivait. C'est la première fois depuis plus d'un mois que nous partons si tôt.  
De nuit !


 Preuve à l'appui !
Nous étions place
de l'église à 7h20....
Notre étape d'aujourd'hui nous a fait traverser 3 estuaires avec ce que ça représente de montées et de descentes sur les collines longeant la mer, encadrant ces cours d'eau.
Ces estuaires occupent de petites vallées lagunaires, ce qui produit de jolis plans d'eau dans le soleil du matin.

Marcher le matin tôt, ce sont encore d'autres émotions.


 Nous passons de plans d'eau en collines...

Ce matin, il y a une chose qui nous a distrait tout un moment. Un grand pèlerin américain nous a doublé et a  rattrapé un petit pèlerin  espagnol. On a bien senti que l'espagnol mettait un point d'honneur à ne pas se faire dépasser par le grand américain. Et c'était très drôle de les voir chacun sur leur trottoir essayer de dépasser l'autre sans en avoir l'air. Mais c'est le grand américain qui a gagné à la faveur d'un virage pris à la corde, car il avait 20 cm de jambes de plus que l'Espagnol.
Il suffit de peu de chose pour nous rendre le Camino moins pénible.

C'est la première fois qu'on longe d'aussi près une voie ferrée.

À 13h00,  nos 30 km et nos 800 m de dénivelé cumulé positif n'étaient plus qu'un souvenir. Contrairement à moi, Daniel n'a pas un tropisme particulier pour l'autosatisfaction, mais il faut dire qu'il adopte ponctuellement ce trait de mon caractère quand il s'agit de faire le bilan d'une balade, surtout quand celle-ci est censée être difficile. Bref, nous étions très content de nous et pensions avoir toutes les raisons de l'être.

La traversée du dernier estuaire, celui du Rio Deva marque le passage de la région de la Cantabrie à la région des Asturies.

Notre auberge est une vieille maison asturienne à peine rénovée.  Nous sommes logés dans des dépendances plus récentes situées de chaque côté du bâtiment principal. Notre confort est des plus spartiates. Des douches qui font moins de 80 sur 80, c'est très rare. Dans les chambres juste un matelas et un oreiller. Pas de placard qui ferme à clé pour mettre nos affaires. C'est plus ou moins le cas selon les auberges, mais celle-ci est  un modèle du genre. Dormir au chaud pour 12 €, ça oblige à une certaine humilité.

Belle gueule, non ?

Ce soir, nous allons manger dans un resto mexicain. Il est à 100 mètres de l'auberge, mais surtout, il est classé par TripAdvisor comme premier des 7 restaurants de ce village de 1300 habitants... Que demande le peuple !

Tacos  et haricots rouges au programme !

Demain, pour entamer notre 6e semaine de marche nous allons à Llanes.

Attention, nous partons de Colombres, nous nous sommes farcis les 100 m de la Franca ce matin...
Dernier tampon du recto...

Demain, une page se tourne...

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Lundi 30 septembre 
Santillana del Mar - Comillas

Retour vers le Gascogne...

Ce matin, nous sommes partis de notre auberge sans croiser qui que ce soit. Nous avons vu deux autres clés sur le comptoir, nous devions donc occuper trois chambres dans cette grande bâtisse.

Nous sommes en train de sortir de Santillana, ce matin, dans la direction opposée à la bonne. Mais ça vous n'êtes pas obligés de le savoir.


L'étape d'aujourd'hui était agréable mais toujours trop de bitume, les sentiers du Pays Basque nous manquent.
Pas de gros dénivelés, mais pas de plats non plus. Quand nous ne montons pas, nous descendons et réciproquement.
Comme c'est notre habitude, la découverte de l'océan derrière la colline d'après est toujours un moment sympa. 

 C'est toujours une joie de retrouver l'océan.

Daniel a eu la bonne idée de réserver notre hébergement d'aujourd'hui, il est 15h17 et ça fait une demi-heure que notre taulier n'arrête pas d'éconduire les visiteurs en leur disant que l'établissement est complet et que le suivant est à 9 km.
Tronche des visiteurs...!

Notre auberge d'aujourd'hui,
L'emprunte du chemin.

Chers lecteurs, je dois vous annoncer une nouvelle terrible. Je viens d'exploser mon câble de téléphone pour la seconde fois dans ce voyage. 

On ne rigole pas...

Nouvelle terrible car, pour moi, c'est une course contre la montre pour en trouver un neuf dans la campagne que nous nous apprêtons à traverser. Il faut savoir que Comillas est un village de 2000 habitants tout mouillé. 
Va trouver un câble USB pour charger un portable muni d'une prise mâle type C dans un village de 2000 habitants...
Le taulier m'a indiqué  le nom du quincailler du coin qui ouvre à 16h. Je me surprends à souhaiter que cet homme qui, comme beaucoup d'espagnols, se nomme Gutierrez, ressemble à Roquépine, surnom d'une quincaillère très connue des Châtelaillonais qui a pris sa retraite il y a une bonne dizaine d'années. Cette femme était extraordinaire. Elle connaissait son stock par cœur et pouvait dépanner tout ce que le monde civilisé pouvait connaître comme problèmes domestiques. 

Daniel devisant avec une pèlerine australienne de Sydney...


Vous vouliez une vis inox à tête fraisée de 50 par 4 ?
Elle ne vous en vendait pas un paquet de 10 ou de 50 comme Casto ou Leroy Merlin,  elle vous vendait la vis en question qu'elle emballait dans un petit papier kraft.
Ça me fait penser aussi à ce quincailler de Bilbao dont je vous ai décrit la boutique dans ce blog il y a quelques jours.

Bref si Isaac Gutierrez n'a pas mon câble, je fais pipi par terre et je me roule dedans.
C'est dit, c'est dit, cochon qui s'en dédit.

Jolie vache de la race Tudanca de la région de Cantabrie.

Ouah ! Super ! Je viens de voir que notre auberge a une essoreuse à salade géante. Vous savez la machine et que je vous ai décrite l'autre jour. Vous laissez 3 minutes votre linge mouillé dedans et après, il arrive à sécher en deux ou trois heures sur le fil à linge. Car il arrive souvent que le linge soit rangé dans les sacs légèrement humide. Nous le faisons sécher une seconde fois le lendemain après la marche. C'est pour cette raison qu'il vaut mieux avoir 3 tenues complètes.

Je sais, ce n'est pas très littéraire de raconter la vie de son linge, mais ça peut servir à l'un ou l'une d'entre vous si il lui arrivait d'avoir l'idée saugrenue d'aller très loin à pied avec un minimum de trucs sur le dos.

Il y a des heures où un croissant est le bienvenu.


 Un four, quatre murs, une fenêtre, un toit et voilà une boulangerie. Pas de toc de tape à l'oeil, on n'est pas chez Banette !

Il est 16h38, je suis assis à la terrasse d'un café avec Daniel sous un ciel tout bleu, sur la place du village de Comillas. Je vous livre telle qu'elle  la raison de ma grande sérénité....

Isaac Gutierrez avait des câbles pour mon téléphone. Je lui en ai pris deux. Youpi...!
Demain nous allons à  Colombres. 29 km... il faudra partir tôt  !
Nous allons >>>> ICI

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Dimanche 29 septembre 
Santander - Santillana del Mar


Décidément, quand le chemin est de bonne humeur, il peut faire de gros cadeaux. Pourtant, c'était pas gagné. 
Pour éviter l'urbanisation toujours décevante des périphéries de grandes villes, nous avons, à l'instar de Bilbao, pris un bus qui nous a menés quasiment à la sortie de la ville. C'est toujours 4 km de gagnés sur plus d'une quarantaine.
Suivirent une petite dizaine de kilomètres dans une campagne que des agents immobiliers appelleraient 2e et 3e ceinture dortoire de Santander, puis un dilemme que nous avons résolu rapidement. Prendre un train pour faire 4 km (solution conseillée par de nombreux guides), ou se taper 11 km sans intérêt... et hop 11 moins 4 = 7 km de gagnés  !

 Qui aurait cru que nous nous retrouverions
dans un train ?

Après une jolie petite campagne proprette, nous descendons dans une vallée lagunaire incontournable dont le fond est occupé par une usine de produits chimiques immense : Solvay. En Espagne, le groupe Solvay dispose de plusieurs centres. Le plus important de tous est celui de Torrelavega (le nôtre !) qui produit du carbonate de sodium, du bicarbonate de sodium, du sel, du chlore et dérivés. 
Le chemin passe au milieu de l'usine pour rejoindre l'autre versant de la lagune. 

BERK !

Je ne vais pas m'étaler sur la description de ce lieu détestable. 
Mais juste avant d'arriver à l'usine, le petit village de Mar nous attendait avec une jolie petite surprise. En fin de matinée, deux musiciens, l'un à la caisse claire l'autre à la clarinette en mi bémol -une petite clarinette aiguë qui a beaucoup intrigué Daniel- jouaient à l'entrée de la petite chapelle du village en attendant la messe de 12h30 dans le cadre de la fiesta de la San Miguel. 

Vous pouvez aller voir
 la vidéo vous
entendrez la musique ICI

Tout le village se déplaçait sous nos yeux ébahis de voir un tel consensus autour d'une fête traditionnelle. C'est assez beau d'observer que jeunes, adultes et vieux s'étaient mis sur leurs trente un pour vivre un moment commun et festif. 
En face de l'église trônait le petit café du coin où les mécréants du village allaient attendre la fin de la messe pour s'engouffrer dans l'église et profiter de la célèbre Chorale locale, deuxième réjouissance prévue (après la messe...!).

Un programme qui occupe toute la population !


On ne plaisante pas avec la fête,
 en Espagne.
La fiesta est prévue pour durer toute la journée jusqu'à tard dans la nuit. Avec Daniel, nous n'avons pas pu nous empêcher de regretter que ce type de fête soit de moins en moins vivante dans notre beau pays, prenant l'exemple de la fête de la Rosière de Salles-sur-Mer, petit village de la périphérie rochelaise où nous avons tous les deux résidés, dont toutes les forces vives participaient à la réussite dans les années 70 et qui a depuis périclité. 
Nous en avons profité pour nous asseoir à la terrasse du petit café pour observer ces préparations d'un air bienveillant.

Passons la chimie, et dirigeons nous vers le vrai cadeau de la journée. 
Nous tenons vraiment, dans l'organisation de notre marche, à ne pas faire de prospective au-delà du lendemain.

Ça nous réserve des occasions de profiter de moments de vraie surprise, afin de goûter le moment présent avec une jubilation d'enfants.
Au bout de 27 km sous un cagnard de 30 degrés réels, derrière une petite colline ressemblant à toutes les petites collines que nous avions croisées, apparut le village médiéval de Santillana del Mar, destination de notre marche d'aujourd'hui. 
 Voilà ce que nous apercevons  au bout
de notre marche d'aujourd'hui.

Et là... comment vous dire ?
Saint Cirq Lapopie, Locronan et Collonges la Rouge réunies : de la petite bière...
Un véritable festival de vieilles pierres, de vieilles bâtisses conservées dans leur état originel, de rues pavées nous accueille dans le soleil du début de l'après-midi. Nous progressons les yeux grands ouverts et le sourire aux lèvres dans des rues qui montent entre les échoppes, les anciennes bâtisses aux lourdes portes de bois sculpté, pour arriver à notre auberge qu'avait repérée Daniel dans ses investigations de la veille.
Là, nouvelle surprise.
Nous poussons une lourde porte sur laquelle ne figurait que l'inscription "Albergue". 
Nous entrons dans une maison médiévale complètement bluffante. Nous suivons un long couloir sombre meublé de façon totalement baroque avec des monceaux d'objets divers, de vieilles croûtes, de vieux miroirs, bref parfaitement hétéroclites que nous devinons à peine, nos yeux n'étant pas encore habitués au manque de lumière.
Au bout d'une dizaine de mètres sur notre gauche apparait un grossier comptoir de bois ouvrant sur une alcôve un peu moins sombre que le reste, au fond de laquelle une petite lumière bleue vacille. C'est l'ordinateur du taulier qui, après s'être levé, se révéle être un hybride de Barbe Bleue et du Sergent Garcia avec la bonhommie qui convient : José. Après les formalités d'usage, José, hilare, sifflottant la marseillaise (?) nous conduit à travers un dédale d'autres couloirs, d'autres alcôves sans fond, et de grands escaliers de bois sombres, jusqu'à notre chambre située à l'étage et donnant sur un patio. Je ne peux pas m'empêcher de filmer le capharnaüm d'antiquités qui apparaît au fur et à mesure de notre progression. Nous sommes dans un dépôt de la Metro Goldwyn Mayer, ou de Cine Citta... La vidéo  ICI
Nous expédions notre lessive et notre toilette pour avoir le plaisir de parcourir ce village magnifique.

Demain nous allons à Comillas petit étape d'une vingtaine de kilomètres. Nous revenons au bord de l'océan, ce qui nous ravit toujours.


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Samedi 28 septembre 
Güemes - Santander 

𝛗
Il y a un mois jour pour jour, nous partions de Voutron pour tenter de réaliser cette chose un peu insensée. 
Depuis, lorsque nous demandons à nos jambes de s'agiter sous notre corps dans une perspective de progression spatiale, elles s'exécutent. 
Je pense qu'elles le font en accord avec le chemin qu'elles foulent de leurs extrémités engoncées dans des carcans de cuir, de tissus et de caoutchouc lacés appelés "chaussures de marche". 
La soixantaine passée et considérant le chemin de vie qu'il me reste à parcourir et qui n'est pas extensible, il m'arrive de plus en plus souvent de penser au moment où elles se rebelleront. Ce moment où elles refuseront de porter ce corps comme un forçat refuse de casser ses dernières pierres, sachant très bien le traitement que va lui réserver son maton...
J'y pense...
Et je savoure, comme un bon whisky légèrement tourbé, comme un rhum vieux hors d'âge.
Je savoure... mon homogénéité physique si précaire...
Tout en attendant -pas au sens d'esperar, ce verbe espagnol qui peut prêter à confusion- non, j'attends ce moment sans l'espérer. Mais il est là. Jamais très loin. 
Il paraît que c'est le privilège des ascendants Scorpion de pouvoir appréhender ce type de réflexion de façon sereine.
Le maton ou la camarde veille, on le sait bien...

C'était mon quart d'heure philo. Je sais que parmi vous, chers lecteurs, il y en a que ça n'intéresse pas. À leur intention, je vais encadrer ma vilaine digression par un petit signe 𝛗. Il pourront, comme ça éviter mes états d'âme...
𝛗

Notre auberge de cette nuit, la cabaña del abuelo Pueto, fut une expérience inoubliable.

Un lieu assez incroyable.


Les responsables nous ont réunis dans la salle commune avant de dîner. Ils nous ont présenté les uns aux autres de façon sommaire en nous disant que nous étions 66 de 13 nationalités différentes. Puis il nous a raconté l'histoire du projet qui a abouti à cette auberge d'une centaine de places qui ne tourne qu'avec les dons de ses pèlerins. Les bénévoles qui la gèrent mènent à bien trois projets à la fois : un projet  local d'ordre social, un projet d'animation de jeunes, et celui d'accueillir plus de 12000 pèlerins par an sur le Camino, ce dernier finançant les deux autres.
Daniel et moi avons tout de suite senti la fibre militante chez ces gens et le désir de s'éloigner le plus possible de l'individualisation galopante de nos sociétés.

Il fallait bien quelques explications traduites en français et anglais simultanément. Au fond, à la barbe blanche, le prêtre ouvrier qui fait perdurer le projet de départ.
Un vrai dîner de pèlerin qui commence par une bonne soupe chaude.
Face à nous au dîner, nous avions 2 pèlerins cyclistes espagnols prénommés : Manolo, infirmier et Pepe, instituteur tous deux "jubilados" et originaires d'Andalousie.
Ce matin, ils nous ont doublés un peu avant que nous atteignions le sentier côtier.
C'est là que nous nous sommes rendu compte que notre choix avait été le bon. Il y avait trois façons de rejoindre Santander : une de 11 km, une deuxième de 13 kilomètres qui suivaient la route, et une dernière, la plus longue, qui suivait le sentier côtier de 15 km. Ce fut la dernière qui a recueilli nos suffrages. Bingo ! Nous avons eu droit à un festival de cartes postales magnifiques... la houle du Gascogne venant percuter les falaises Cantabriques, se vaporisant dans les rayons de soleil du matin, tout ça vu d'une centaine de mètres de haut, ça vous recharge les batteries pour quelques centaines de kilomètres.
La fatigue disparaît, l'enthousiasme dépasse tout.


Irisation du matin, admiration du chemin.


La silhouette du pèlerin qui chemine.

Mais nos surprises ne se sont pas arrêtées là. Pour rejoindre l'embarcadère du passeur qui doit nous faire traverser la baie de Santander nous empruntons la plage comme hier. Nous sommes aux grandes marées et l'espace est immense.

Projection gratuite en cinémascope...


Un pèlerin tout guilleret  de prendre le bateau bientôt.


Un autre contemplant la baie de Santander.
Le passeur a eu un peu de retard car les marées de vives eaux l'ont contraint à slalomer entre les bernard-l'hermite. 
Il a même fallu que l'ensemble des passagers se déplace de l'avant à l'arrière pour aider le bateau à manœuvrer, tant sa coque frôlait le fond.

Un passeur bien gêné par la hauteur d'eau ce matin !


Serait-ce un pèlerin en pleine  contemplation ?
Nous sommes arrivés en plein centre-ville de Santander qui comprend quand même 180000 habitants. 
Daniel a réservé deux  lits dans une auberge de jeunesse privée qui a le gros avantage de se situer dans le centre ancien de Santander.
Cet après-midi  : balade en ville et au bord de la baie ainsi que l'ascension du centre Botin que ma belle-sœur Joëlle m'a conseillé de faire pour le plaisir des yeux.
Le centre Botin est l'oeuvre de l'architecte italien Renzo Piano récompensé par le prix Pritzker. Cette réalisation est une première en Espagne pour cet architecte. Le bâtiment est la réunion de deux édifices de différentes grandeurs appuyés sur des colonnes et suspendus en partie au-dessus de la mer Cantabrique. (Wiki) 

Un pèlerin perdu...


Vu d'en bas...


Vu d'en haut... Le Centre Botin par marée haute de vives eaux ressemble à deux grands navires flambant neuf,  prêts à faire leur première sortie de chantier.


Petite séquence ethnologique : 
Hier soir au repas, nous avons revu (nous l'avions déjà rencontré sur le chemin) une femme française d'une quarantaine d'années qui chemine toute seule en compagnie de son reflex Nikon et de ses objectifs. C'est le type même de la pèlerine "casse-burettes", non seulement elle a un avis sur tout, mais elle débite à un rythme soutenu des saillies très inutiles et très gentilles à la fois. Si gentilles qu'elles en sont suspectes. Ce matin, par exemple, elle a insisté auprès de sa voisine de table pour aller lui chercher d'autre confiture. Cette dernière ne parlant pas un mot de français ne comprenait rien de ce que lui voulait sa bienfaitrice improvisée et attendait la fin de la logorrhée un peu dégoulinante de sa voisine pour aller se chercher de la confiture. 
Bref, on ne peut se vautrer dans un altruisme épais et visqueux sans finir par se retrouver tout seul. On avait envie de lui expliquer qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à devenir son ami, comme on le ferait avec un élève de maternelle. Tout cela avait un petit côté pathétique qui forçait une certaine compassion un peu malsaine.
Sans doute une pèlerine qui a subi une éducation religieuse un peu trop pétrie de bons sentiments. 
Il faudra que je marche plus vite demain pour expier ce vilain chapitre. 

Demain nous multiplierons les moyens de transport (en plus des pieds) je vous expliquerai ça plus tard.
Nous devrions arriver à Santillana del Mar,  en nous tapant une bonne grosse trentaine de kilomètres.

Nous venons de voir qu'il nous restait autant de kilomètres à parcourir que de députés au Palais-Bourbon.


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Vendredi 27 septembre 
Laredo - Güemes

30 km variés, très variés !

Départ ce matin aux aurores de notre quasi ermitage de Laredo.
Le chemin nous a gâtés aujourd'hui. 

Vous allez pouvoir suivre les différentes parties de notre balade d'aujourd'hui.
En bas, l'exact profil symétrique de celui de l'image précédente.


Nous avons commencé par suivre la longue langue de sable de Laredo jusqu'à sa pointe extrême au soleil du petit matin. Puis nous avons pris le passeur qui nous a mené à  Santona.
Un passeur qui vient nous prendre directement sur la plage. Incroyablement romantique.

Le bateau vient nous prendre directement sur le sable.


On peut être pèlerins et avoir le pied marin.

Une fois de l'autre côté, nous traversons la petite ville de Santona et grimpons sur le sentier du littoral qui se trouve sur une falaise couverte de végétation. Le chemin était étroit et les ajoncs piquants. Mais une fois arrivés là-haut, la vue était incroyable. On pouvait même voir Laredo tout au fond derrière la langue de sable.

Tout au fond on peut voir la langue de sable au milieu de la baie et Laredo.
Un peu plus loin nous redescendons sur une plage. Nous cherchons notre chemin sur le topo-guide et sur les GPS. Pas de camino pour la bonne raison que le Camino officiel passe sur la plage. C'était la première fois depuis notre départ que nous allions marcher pendant des kilomètres sur le sable mouillé de la playa de Trengandin.

Un pèlerin qui joue avec son ombre dans le soleil du matin.


Un autre qui mesure le chemin qu'il reste à parcourir pour arriver au village de Noja.

Puis la deuxième moitié de notre balade nous a conduit dans une campagne vallonnée, agricole et pauvre. Par contre sans grand dénivelé.
Nous avons entamé notre 30e km avant 15h ce qui nous a permis d'avoir une merveilleuse surprise en arrivant dans notre auberge. Il faut dire que nous sommes arrivés dans le royaume de Bisounours. L'auberge qui nous accueille ce soir et une grande maison dont l'histoire serait trop longue à raconter ici. Disons qu'elle est le résultat du projet fou des descendants d'une famille locale qui ont  eu une expérience hippie dans les années 70. Tout découle de là. Il y a des dessins sur les murs, des fleurs dans les cheveux, et tout le reste est à l'avenant. Pourquoi vous disais -je juste que d'arriver avant 15h nous a procuré une bonne surprise ? C'est que les pèlerins qui arrivent avant 15h sont tout de suite mis à table et un déjeuner leur est servi.

Des accueils comme ça on en avait encore jamais vu !

Ce soir évidemment, aucune possibilité d'aller dîner en ville ou de prendre un pot. Nous sommes au milieu de rien. Le village de Güemes est à plus de 1 km à travers la campagne. Mais nous sommes une trentaine, italiens, hollandaises, allemandes, français, espagnols, anglais et d'autres que nous ne connaissons pas encore. L'ambiance risque d'être sympa autour de la table du repas. On ne nous a pas demandé d'argent, je pense que la participation est "donativo".

La petite maison dans la prairie...

C'est marrant, d'une nuit à l'autre nous changeons d'ambiance du tout au tout. Hier, on s'attendait à être traînés par les pieds à tous les offices de la journée par un dragon de mère supérieure, aujourd'hui je me demande si un joint ne va pas circuler après le dessert.
Chaque journée nous réserve son lot de petites surprises ce qui fait que nous ne nous ennuyons jamais.

Demain, nous allons de Güemes à Santander.  Petite étapounette de 20 bornes... Avant d'arriver à Santander nous prenons un autre bateau. Chouette ! On adore ça.

Véro vient de me demander de publier notre credencial pour voir où l'on en était. Nous allons bientôt attaquer le verso !

 Encore quatre ou cinq tampons et nous retournons la credencial...


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Jeudi 26 septembre 
Castro Urdiales -Laredo

Nous attaquons la Cantabrique. 

C'est marrant, nous commençons à voir des petits murs de pierre comme en Bretagne  et en Irlande et nos chemins sont parfois entièrement bordés d'ajoncs.
Ce matin nous avons été obligés de suivre tout un moment l'autoroute puis de marcher sur une route nationale pendant plus de 6 km. Nous n'étions pas obligé de le faire, le Camino passait plus haut dans la montagne. Mais comme nous avions décidé de fusionner deux étapes en une, nous avons coupé un peu le fromage. Ça n'a pas été très agréable. Le chemin a dû se venger.

Nos premiers petits murs de pierres...


L'ancien : Buen Camino !
Le marcheur : muchas gracias señor !


 Par contre, la fin de l'étape a été un véritable ravissement puisqu'elle se déroulait sur le sentier côtier. Toujours très en hauteur par rapport à la mer avec des paysages beaucoup moins recouverts de végétation qu'au début.

Notre petite pause graines et fruits secs à proximité d'une chapelle en ruine. Remarquez la formation géologique en arrière-plan sur la droite elle est un peu dépouillée. 


Le pèlerin aime toujours retrouver la mer et son horizon sans fin.

Nous avons laissé nos Canadiens derrière nous, ils n'étaient pas aussi entraînés et ont  programmé des étapes plus petites.
John est expert en planification des infrastructures de distribution électrique, c'est l'ingénieur de la bande et celui qui était le plus ventripotent. C'est logiquement celui qui a le plus de problèmes de pieds. Je n'ai pas tout à fait compris ce que faisait Lyle car, tout à son honneur, il était très discret sur une profession qui devait consister à faire partie d'une communauté religieuse chrétienne qu'il m'a décrite comme étant confondue souvent par le commun des mortels avec l'Église de Scientologie mais qui n'avait aucun point commun et surtout aucun caractère sectaire. Steve est physiothérapeute c'est une matière qui englobe des disciplines comme la kinésithérapie, l'ostéopathie, l'acupuncture, et diverses techniques qui lui ont permis d'accompagner l'équipe olympique de Chine plusieurs fois en tant que membre de l'équipe de soigneurs. Je me suis étonné du fait, pensant que les Chinois maîtrisaient toutes ces techniques. De façon très inattendue, il m'a répondu que ça l'étonnait aussi beaucoup. Peut-être était-ce parce qu'il était d'origine chinoise et qu'il le parlait aussi un peu.
Bref, ces joyeux drilles sont allés à l'école ensemble jusqu'à l'âge de 18 ans et en ont conçu une amitié indéfectible et attendrissante. Ils habitent aux quatre coins du Canada mais arrivent quand même à se voir plusieurs fois par an. Notre rencontre s'est essentiellement déroulée autour de deux dîners au cours desquels nous avons parlé société, politique, famille, métiers, éducation des enfants, et cetera.
Le chemin permet de chouettes rencontres.

Ça commence sérieusement à ressembler à l'Irlande.

Il est 18h06, je suis allongé sur mon lit dans une chambre de 5 appartenant à une auberge religieuse de Laredo. La personne qui nous a reçus derrière un petit bureau étriqué dans l'entrée de l'institution, avait vraiment la tête de l'emploi. 70 ans, un air sévère de surveillante générale de collège privé mâtiné d'une certaine innocence de grenouille de bénitier qui n'a pas vu souvent le loup dans sa vie. Un cinéaste en aurait fait un personnage très intéressant. Elle prenait son temps pour écrire nos noms sur le grand formulaire adéquat, d'une façon très appuyée, comme une bonne élève (des années 50). Nous lui avons fait tamponner notre credential et après avoir payé 13 € chacun,  nous nous sommes fait conduire dans les étages comme deux condamnés, impressionnés par son air grave et solennel. Je me serais cru dans les Disparus de Saint-Agil. Il lui manquait un chandelier allumé dans la cage d'escalier qui aurait projeté les ombres de son grand nez et de ses lunettes sur les murs de papier peint jauni.
Je l'imaginais en Tatie Danielle alors que, si ça se trouve, c'était la plus charmante des mamies.
Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine, mais il fait la Moinette... 
Ce qui nous fait mourir de rire avec Daniel c'est que, 5 minutes après qu'elle ait tourné le dos, nous sommes à poil dans l'institution vide, entourés d'images pieuses et de publicités pour les JMJ, en train de chercher les douches. 
Des gamins...!.....d'à peine quelques années de moins qu'elle !

Un Disparu de Saint-Agil !

Dans le titre, vous avez pu lire que notre destination était surréaliste. Je modère. Le petit village espagnol au pied d'une roche baignée par l'océan dans lequel nous sommes logés est tout à fait ordinaire et plutôt sympathique. Mais il a été construit à la naissance d'une grande bande de sable en forme de croissant au milieu d'une baie entourée de falaises. Et c'est là qu'est intervenu un (enchanteur) Merlin. Vous savez le promoteur qui bétonnait les côtes de France dans les années 70 ?
Si bien que tout ce croissant de plusieurs kilomètres de plage magnifique étonnamment situé au milieu de l'eau est recouvert de centaines d'immeubles aux nombreux étages destinés au tourisme.
De loin, quand on arrive, l'ensemble est dans un écrin naturel magnifique où l'eau rivalise avec la roche. Puis, au fur à mesure de notre approche, nous avons du mal à séparer le bon grain de l'ivraie. Il faut être quasiment le nez dessus, pour s'apercevoir que quelques maisons anciennes représentent le village en lui-même et que le reste n'est qu'artifices pour touristes.

L'authentique village se trouve au pied de la roche plus foncée du centre. On distingue nettement au deuxième plan, la longue bande de sable complètement écrasée par le béton.


De loin, quand l'ensemble est dissimulé par le reste du chemin qu'il reste à parcourir, on aperçoit ce bout de sable qui dépasse au milieu de l'eau. C'est très singulier.

Pour finir, nous nous apercevons, qu'avec notre petite manie de fusionner plusieurs étapes en une seule, nous avançons un peu plus vite que les autres, ce qui nous fait rencontrer de nouveaux visages, de nouveaux sourires.
C'est finalement très agréable.
Demain nous faisons l'ultime étape vers Güemes avant celle qui nous mènera à Santander. Ce mot "Santander" a des résonnances d'enfance pour moi. 
Quand mon père, à  Quiberon,  à La Rochelle ou à Port Navalo, écoutait la météo marine qui passait sur France Inter tous les soirs pour savoir s'il allait sortir son bateau le lendemain, et avant que je puisse comprendre à quoi servaient tous ces noms propres, j'écoutais cela comme une poésie, comme une invitation au voyage : Nord Bretagne, Sud Bretagne, Nord Gascogne, Sud Gascogne, Santander, cap Finisterre et cetera.  Petit breton de vacances, je confondais ce Finisterre là avec mon Finistère à moi. Bref, le Santander de demain aura un petit supplément d'âme par rapport à tous les lieux que nous avons déjà parcourus.





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Mercredi 25 septembre 
Portugalete - Castro Urdiales

Avant toute chose, rappelons-nous que nous en sommes au premier jour de la 5e semaine de marche.

Cette journée fut une des bonnes surprises de notre chemin...

Ce matin, notre petit-déjeuner était compris dans notre forfait. Mais ce qui est singulier, c'est que notre tôlier désirait tout maîtriser de A à Z. Nous ne pouvions toucher à rien, juste nous asseoir, lui dire ce qu'on voulait comme boisson et attendre. Il devait trouver plus pratique de servir les pèlerins à table plutôt que de les laisser se servir eux mêmes. Mais il le faisait avec une autorité tout à fait rigolote. D'ailleurs nous avons très bien petit déjeuné.
Comme je vous l'ai dit hier, aujourd'hui nous additionnons deux étapes non pas pour aller plus vite mais pour trouver plus d'intérêt à nos balades. Je vous mets les deux profils ci-dessous :

Et d'une...


Et de deux...
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Nous avons donc pris une des deux versions du Camino possible celle qui passe par la mer. Ça nous a évité une montée inutile et ça nous a apporté des paysages fantastique tout en réduisant notre distance a moins de 30 km.
Cette partie du Camino et vraiment très agréable. On s'attend au pire en partant de Portugalete car l'on suit une autoroute sur plus de 2 km. 

Au début, l'autoroute n'est jamais très loin.


Mais très vite on passe entre deux collines et on arrive à une belle plage bordée d'un lotissement hôtelier : La playa de la Arena

Première mini pause devant un spectacle bien sympathique...
Ensuite nous n'avons pour ainsi dire pas quitté la côte, et nous sommes allés de surprises en surprises esthétiques.
Au bout de 3 heures, nous avons rattrapé Steve, John et Lyle qui marchaient déjà depuis 4 heures.

Au revoir l'océan, quel bonheur !


Nous arrivons à destination.

Castro Urdiales une petite ville balnéaire qui s'est montée autour d'un petit port de pêche fortifié et magnifique. Daniel, notre navigateur et tour operator préféré, nous a trouvé un hébergementtrouver un hébergement de fou. Un ancien hôtel espagnol donnant sur le port ancien. Je ne dis pas le vieux port parce que c'est un port à l'intérieur d'un autre port ; c'est assez original. Ce petit port a l'air très vieux. Mais surtout, il est au pied du château, de l'Hermitage, d'une belle arche en pierre et d'une immense église qui est construite sur la falaise : Santa maria de la Asuncion.

Quand on arrive elle en impose.


Elle est entièrement rénovée chaque pierre défaillante ou absente a été remplacé.


Elle domine incontestablement l'ensemble de la ville et de ses environs.

De notre chambre, nous percevons toute l'agitation et les bruits du port. Nos chaussettes ont le grand honneur de sécher dans le vent du large face à l'océan.

Une porte fenêtre étroite donne sur la vie de cette petite ville portuaire.

Ce soir nous mangerons dans un restaurant qui est au pied de notre chambre. Il se peut que nos trois amis canadiens se joignent à nous. Ce n'est pas encore décidé.
Nous nous sommes mis au pintxos du midi. Nous arrivons trop tard dans l'après-midi  pour faire un vrai repas alors nous prenons une collation sous forme de pintxos c'est très agréable.

Demain nous allons à Laredo par un chemin qui devrait faire entre 25 et 30 km. Pas de grands dénivelés en vue.




Ce soir nous avons  le plaisir de manger avec nos amis canadiens. Nous avons fait cette dernière photo car nous sommes presque sûrs de ne plus les voir, leur rythme étant un peu plus lent que le nôtre.

5 amis d'enfance sur 2 continents différents ...


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Mardi 24 septembre 
Bilbao - Portugalete

Retour au bord de la mer...

Hier soir, c'était notre dernier dîner dans un petit resto de la vieille ville de Bilbao. Les restaurateurs doivent avoir du boulot car lorsque les touristes ont terminé leur dîner vers 21 h 00,  c'est le tour des gens du cru qui font le pied de grue pour atteindre les terrasses.
Je ne vous ai pas encore raconté mon rendez-vous hebdomadaire du lundi soir.
Nombre d'entre vous savent que depuis une trentaine d'années je rejoins quelques amis pour ripailler après une séance de sport hebdomadaire. Avec l'âge, la séance de sport a progressivement disparu laissant place à une séance de ripaille plus conséquente mais toujours hebdomadaire. L'âge des 6 membres de cette confrérie bienheureuse, oscille de 60 à 70 balais. Nous avons nos habitudes, nos rites et un hymne un peu paillard mais que nous chantons avec une ferveur non dissimulée.
Aussi, chaque lundi soir de notre chemin, notre confrérie appelée "Le Café des Sports"* se réunit sur WhatsApp (messagerie vidéo en temps réel comme Skype) le temps d'un petit contact amical toujours ponctué  de notre hymne sacré : "la p'tit'Émilie".
Daniel n'en fait pas partie stricto sensu mais il en connaît quasi tous les membres depuis des décennies. C'est  comme s'il faisait partie de la famille.

Ce matin, nous sommes partis de la vieille ville de Bilbao en bus. Nous avions lu un horaire pour notre deuxième bus mais celui qui figurait sur le panneau d'affichage de notre abribus de transition n'était pas le même.  et comme notre deuxième bus ne circulait que toutes les heures ça nous a retardés de trois quarts d'heure. 

Notre premier bus était tout à l'heure, lui.


En relisant mon explication, je me rends bien compte qu'elle est absolument absconse. Mais peu me chaut, l'essentiel est que vous ayez compris que nous sommes partis à 10h de Bilbao. La balade a commencé par une montée un peu raide mais pas très haute.  puis l'essentiel de l'étape a consisté à suivre l'estuaire du Nervion appelé aussi Rio de Bilbao.

 Qui a dit que le bâtiment ne fonctionnait plus en Espagne? on n'arrête pas de rencontrer des chantiers.


 Ils ont été obligé de construire cette voie piétonne et cycliste en surplomb tant la place manquait.

On pourrait croire que nous sommes enfin revenu à la pleine nature. Que Nenni !  Tout l'estuaire du Nervion qui doit bien mesurer 13 ou 14 km de long est bordé d'industries et de quartiers résidentiels plus ou moins populaires mais toujours construits en hauteur de 6 à 10 étages, tout cela avec les infrastructures routières et ferroviaires adoc.
Nous avons donc marché dans du béton, du bitume, des commerces, et cetera. Ce qui a eu un seul avantage, c'est de pouvoir passer devant un Decathlon pour que Daniel puisse renouveler les patins de ses bâtons et moi mes mousquetons de panneaux solaires.

Comment aurais-je pu louper la photo d'une telle vitrine ?

Nous avions hâte d'arriver à Portugalete pour découvrir sa principale curiosité : un magnifique pont transbordeur construit en 1900 !  Lui est rénové et opérationnel, par contre, ils lui ont pendu une nacelle moderne ce qui produit un anachronisme un peu déroutant.

Une nacelle moderne.


 Un magnifique pont transbordeur rénové.


Petite collation avec le pont en perspective.

Aujourd'hui, on m'a piraté ma liste de contacts. Beaucoup d'entre eux ont reçu un mail de détresse de ma part (adresse mail contenant mon nom mais dont la forme est inconnue). C'est un scénario très connu car se déroulant toujours de la même façon. Le jeu consiste à ne surtout pas répondre car un autre mail encore plus alarmant arrive. J'ai changé les mots de passe  de mes deux boîtes mail principales, et prévenu mon fournisseur d'accès. Nous verrons bien la suite.
Demain, nous faisons deux étapes en une : Portugalete - Pobena - Castro Urdiales. Nous chauffons nos mollets...


*"Le Café des Sports" parce que pendant des années nous nous sommes réunis chez Jacques qui habitait dans la rue des Sports à Châtelaillon.


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PETIT RAPPEL : 
Ce blog est créé, approvisionné, et écrit par moi, Gégé (Laurel, pas Hardy). Malgré tout le soin que je porte à ne pas associer Daniel à mes jugements de valeur parfois dérangeants sur la nature humaine que je croise sur le chemin, on peut comprendre que ceux-ci font consensus et engagent mon camarade, il n'en est rien.
J'avais imaginé ce blog comme une sorte de bloc notes pour éventuellement m'en servir après le voyage pour écrire un petit essai sur l'expérience d'un pèlerin X...
Néanmoins, et à la demande de lecteurs assidus qui m"aiment et que j'aime, et pour des raisons qui touchent à  la pluralité croissante de l'audience de ce blog, je l'ai  purgé de tout jugement de valeur qui pourrait avoir une connotation péjorative et/ou polémique. Nous resterons donc dans le "factuel", le "consensuel", le "descriptif". J'espère que pour certains d'entre vous, le manque d'épices ne gâtera pas le plat.
Donc, ne vous étonnez pas, soit de ne plus trouver quelques saillies salées, soit de ne plus trouver certains commentaires en bas de page.
NDLR

Lundi 23 septembre 
Pause méridienne  à  Bilbao (fin)

ATHLETIC BILBAO : 2
DEPORTIVO ALAVÈS : 0

Et ben rien.
Que quick !
Macache !
Des nèfles !

Nous on croyait qu'on allait avoir droit à une ambiance digne des fêtes de Pampelune  quoi ! Et bien non. Hier soir vers 21h, quand ont été connus les scores définitifs, quelques Bilbayens en maillot rayé se sont pris quelques consommations dans les bars du quartier et sont partis se coucher tranquillement. Pas un cri, pas une chanson, pas un attroupement... que dalle. Déçu qui z'étaient les Rochelais... Nous, quand on gagne au rugby on déchire tout.
Bref, quelque chose nous a échappé. Peut-être que parce que Alavés était une autre équipe Basque ? On ne se réjouit pas du malheur d'un frère. Un peu fumeux et réducteur comme explication, non ? 
What else ?
Aujourd'hui le temps est grisaillou sur Bilbao. Demain, nous devrions pouvoir passer entre les gouttes. Nous avons décidé de partir de la ville en bus. Pour plusieurs raisons. La première tient dans le fait que la traversée de cette partie de la ville n'a aucun intérêt visuel. La seconde est qu'il y a quand même 4 km et demi à se taper. La troisième et que si il faut se farcir une ville grise sous la pluie...
Donc, nous prendrons le bus pour nous mener au Puente del Diablo (très joli pont ancien) et je vous laisse regarder où il se trouve sur le profil suivant afin d'imaginer ce qui nous attend dès le départ demain matin. Ces profils se lisent de droite à gauche car la carte se lit d'est en ouest.

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Mais nous marcherons de bon cœur car la mer nous manque. Donc une petite étape pas trop longue pour se remettre en jambes.

Aujourd'hui nous avons passé la matinée à traiter les priorités. Trouver du savon, un couple ongle pour Daniel, la gare routière des bus, des timbres pour envoyer des cartes postales, et l'office du tourisme pour se faire confirmer que notre itinéraire de bus fabriqué maison était le bon. 
Nous avons trouvé le coupe ongle de Daniel dans une quincaillerie comme on en fait plus en France depuis un bon moment. Un grand comptoir en bois en forme de U vous accueille tout entouré de murs à tiroirs en bois. Entre le comptoir et le mur à tiroir, un bonhomme tout desséché en blouse bleue en coton limée vous regarde d'un air  interrogateur au-dessus de ses lunettes. Vous lui montrez ce que vous désirez en pointant du doigt l'un des tiroirs  sur lesquels sont vissés  systématiquement les contenus. Imaginez donc 3 murs : 1 à droite et, un à gauche, un grand en face de 5 à 6 m de haut dont les briques sont faites de tiroirs en bois de différentes sections sur lesquels est vissé un inventaire à la Prévert d'objets plus hétéroclites les uns que les autres. Tout ça sent bon la cire et le suif. Et nous avons trouvé ce magasin coincé entre une banque et un lavomatique, dans l' hyper centre historique de Bilbao.
Une vraie trouvaille mêlée d'un peu de nostalgie.
Après avoir grignoté devant l'office du tourisme, nous nous sommes séparés pour la première fois depuis le départ. Je voulais continuer à marcher dans cette ville incroyable, tandis que Daniel préférait rentrer à l'auberge comater un peu.

Place Nueva


Centre Azkuna dont l'intérieur a entièrement été redessiné par Philippe Starck.


L'intérieur 


Le parlement régional 

Je reviendrais avec Véro dans cette ville il faut au moins une semaine pour s'imprégner de son histoire et de son peuple.  Je suis un peu frustré de ne pouvoir continuer ma visite.
Retour en métro à l'auberge où je trouve Daniel vautré sur le canapé de la salle commune en train de dévorer sa liseuse. Attention ! Les esprits canailles ! Une liseuse n'est pas une jeune étudiante basque aux formes généreuses que l'on rémunère pour vous faire la lecture,  mais un petit appareil très pratique de quelques grammes dans lequel vous pouvez stocker 6000 bouquins de bibliothèque histoire de partir en voyage sans trop alourdir son sac.
Nous décidons de nous doucher et de nous pomponner en plein milieu d'après midi au moment où les sanitaires sont parfaitement libres. Ce soir dernier petit resto dans la vieille ville, préparation des sacs afin de ne pas trop bordéliser notre chambre à une heure où nos quatre acolytes se réveilleront tranquillement...

Allez ! une autre petite histoire pour la route :
La plupart d'entre vous connaissent ma propension à considérer le monde comme un vaste terrain de jeu. Les plus gentils disent que je suis fantaisiste et parfois un peu lunaire, les autres disent que je suis souvent approximatif et brouillon. Bref, je ne couperai pas les cheveux en quatre, j'ai réservé par Internet deux billets pour le musée Guggenheim...
...
...
... de New York City...

On ne rit pas bêtement...

Ce qui nous a mis la puce à l'oreille c'est la différence de prix. Après une conversation en anglais laborieuse mais efficace sous la surveillance étroite de mon professeur d'anglais Big Dee, (minus Di pour Françoise) avec le service client de la billetterie, je récupère ma mise de fond - 8 % de frais d'annulation je ne m'en tire pas trop mal...
Voilà.  Je suis sûr que cette petite histoire m'a étonné personne. Bon. Tant pis. À demain...


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Dimanche 22 septembre 
Pause méridienne  à  Bilbao 

Temps pourri prévu...
Temps magnifique vécu.

Le Camino nous veut du bien. Il est en train de nous aménager des conditions géniales pour notre pause méridienne.
Toutes les météos nous prévoyaient de la pluie et nous visitons cette merveilleuse ville de Bilbao où tradition et modernité se côtoient au coin de chaque rue, sous un soleil d'été.

Comme dirait Véro, "un Indien dans la ville". Le métro nous change des sentiers de moyenne montagne.

Cette ville est agréable parce qu'elle semble être particulièrement soignée par ceux qui la  gère.
Pour nos déplacements, nous disposons d'un magnifique tramway et d'un métro de même.
Le quartier de la ville ancienne est entièrement piétonnier. L'estuaire du fleuve Nervion la traverse ce qui lui donne une grande respiration eu égard à la hauteur des maisons et à  l'étroitesse des rues.
Enfin elle est farcie de monuments et ouvrages d'art historiques et contemporains qui lui donnent un attrait touristique indéniable.

Une passerelle pour piétons dont aucune partie n'est symétrique...

Ce matin nous avons quitté notre auberge de jeunesse périphérique pour gagner en métro notre nouvel hébergement qui se trouve en pleine vieille ville.
Aussitôt installés, et très allégés, nous nous sommes rendus au musée contemporain Guggenheim mondialement connu. 

Puppy, le chien monumental qui garde l'entrée du musée Guggenheim. Une œuvre du sculpteur Jeff Koons qui visiblement aime beaucoup les fleurs d'ornement.

Il me serait difficile de vous expliquer par le menu toutes les sensations esthétiques que provoque une telle architecture. Elle compte au moins pour la moitié de l'intérêt général que nous avons porté à ce musée. Les collections proposées ne nous ont pas toutes subjugués, loin de là. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elles présentent au moins un intérêt dans l'accroissement de ma culture générale qui a besoin de quelques apports nouveaux en termes d'art contemporain (euphémisme...). Il y a une installation qui est absolument surprenante, c'est celle de Richard Serra sculpteur qui fabrique d'énormes structures en acier dans lesquelles nous nous déplaçons et qui sont si imposantes qu'elles remettent en cause nombre de nos repères de latéralisation. Elles ne sont pas suffisamment imposantes pour que l'on perde totalement le sens de l'équilibre mais elle le sont pour nous troubler sans nous déranger ce qui est très agréable comme émotion esthétique.

 Regardez la taille du personnage  qui pose à l'entrée d'une structure et vous comprendrez notre surprise esthétique !


Nous faisons de singulières rencontres artistiques...


 Des formes rondes et proportionnées pour tous ces beaux bâtiments... N'est-il pas ?
Nous sommes sortis du musée aux environs de 14h et nous avons pris une petite salade dans une brasserie du quartier adjacent. Puis nous avons longé le Nervion jusqu'au quartier ancien où nous attendaient une pile de linge sale et une laverie automatique.
Il est 18h23 et nos affaires sont pliées, rangées, sentent bon. 
Nous avons même pris le temps de laver à la brosse nos dragonnes et nos poignées de bâton, ce qui s'est révélé être une fameuse bonne idée au vu de l'opacité du jus qui en sortait sur le blanc de la faïence de notre lavabo.
Il nous reste la journée de demain pour profiter pleinement de cette ville charismatique sans contingences matérielles de ce type.
En patientant pendant que les machines à laver travaillaient pour nous, nous avons croisé des dizaines de supporters de l'équipe de football locale, verre à la main, habillés de maillots aux larges rayures rouges et blanches. Nous nous sommes enquis du pourquoi et du comment : il y a un match de ligue qui commence à 18h30. Si l'on compte deux heures pour le déroulement du match, la troisième mi-temps risque de commencer vers 21h.

Vers 16h ces supporters de foot restent fréquentables. Nous verrons ce soir si nous devons endosser nos blousons d'ethnologues...

.

Boules Quies de rigueur, ce soir ! Ou alors Rioja et pintxos (prononcer "pintchos" ce sont les tapas basques).
Je sens que nous allons opter pour la deuxième solution, ce sera la première fois en quasi un mois que nous allons pouvoir veiller.


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Samedi 21 septembre 
Guernica Lumo - Bilbao

Bilbao : notre pause méridienne...

Aujourd'hui, nous nous sommes encore permis de faire une entorse au camino.
Mais tu vas comprendre, cher lecteur, que cette entorse est beaucoup plus légitime que celle d'hier.

On pouvait difficilement faire autrement ce matin..
En effet, le Camino officiel partage le chemin entre Guernica et Bilbao en 2 étapes. La première de guernica à Lezama est prévue pour faire 20 km. La seconde, de Lezama à Bilbao est prévue pour faire 11 km. Nous ne savions pas pourquoi les "pas à  pas" proposaient une si petite étape qui ne se justifie que par la grosse colline qu'il faut franchir avant d'arriver dans la ville de Bilbao. (365 m de pur bonheur pour nos organismes retraités !)
Dociles, nous avions prévu de faire ces deux étapes séparément. Mais une fois arrivé à Lezama, nous nous sommes aperçus que l'endroit n'avait pas d'intérêt particulier . De plus, nous avions couvert les 20 km en 4h30 nous faisant arriver à 12h30, ce qui nous obligeait à attendre 15h pour rentrer dans le refuge prévu. D'autre part, et c'est là que tu vas comprendre, cher lecteur, les musées ferment le lundi en Espagne.
Je te laisse 30 secondes pour comprendre le rapport qu'il y a entre notre perplexité caminesque et le fait que les musées ferment le lundi.

Pas mal, hein ?

Bien sûr, tu as trouvé tout de suite. Bilbao la ville du fameux musée Guggenheim. Nous avions réservé deux nuits dans le centre ancien de la ville en nous disant qu'une étape de 11 km le dimanche matin nous laisserait la possibilité de faire le musée l'après-midi. Avec ce changement de projet, impossible d'annuler, nous avions réservé avec nos cartes bleues. Maintenant que nous sommes dans la place, nous avons réservé pour cette nuit une autre auberge de jeunesse de la périphérie car toutes ses collègues du centre-ville était blindées ce samedi soir.
Bref, nous voilà à Bilbao pour 2 jours et 3 nuits de pause méridienne.

Enfin, plus que 2 km avant de trouver notre auberge.

Pourquoi de pause méridienne ? Te demandes-tu fort justement. Parce que nous sommes approximativement à la moitié de notre petite escapade. À la louche presque 700 km de chaque côté... Déjà  !

Pour te donner un aperçu de notre étape d'aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je te le fais en images :

Et d'une...


Et de deux !!!
Ne vous méprenez pas, la ligne droite est une ligne droite. Elle nous a fait penser aux Landes.


 Mon traceur indique 1142 m de dénivelé cumulé positif. Ça commence à placer ses vieux dans la catégorie 1 des vétérans,  non ?

En faisant cela, nous nous sommes séparés d'un groupe que nous suivions depuis trois ou quatre jours et trois ou quatre nuits. Avec en particulier notre ami journaliste chinois qui lui, a dû passer sa nuit à Lezama.
Le chemin s'occupe toujours de rassembler ceux qu'il juge opportun de rassembler.
Nous verrons si nous aurons l'occasion de revoir ce personnage si singulier.
Mais, l'heure est à la détente et à la culture. Je me réjouis de vivre ces 2 jours qui vont être physiquement très détendants.

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Vendredi 20 septembre 
Markina Xemein - Guernica Lumo

Une entorse au che...min bien sûr, pas aux che...villes ! Et oui, ce matin nous étions d'une humeur guillerette en témoigne ce petit selfie en compagnie d'un copèlerin qu'on rencontre souvent sur le chemin.

Quel est le plus sérieux des trois ?
Nous sommes donc partis billets en tête, juste derrière deux jeunes garçons américains et deux jeunes filles espagnoles qui devaient trouver très romantique de les suivre. Sauf qu'à un moment notre équipée s'est trompé de chemin et a dû louper une borne. Les jeunes ont préféré rebrousser chemin pour trouver le Camino, et nous, les vieux, nous avons regardé nos GPS qui disaient la même chose : nous prenions un chemin parallèle qui le rejoignait 2 heures et 8 km plus tard. 
Ce que nous ne savions pas, c'est que ce très beau chemin non balisé montait à 520 mètres d'altitude ce qui a porté notre dénivelé cumulé positif à plus de 1000 m.

Au lieu de 350 m, nous avons fait 520 m, on n'est pas là pour chipoter...

Ensuite nous avons suivi le Camino officiel, ne ne regrettant pas du tout notre petite fugue.
Ces paysages agricoles et naturels nous apportent un plaisir esthétique quasi constant. Entre les moments où nous montons et où nous nous concentrons sur la gestion de notre effort, nous avons de longs plats et de longues descentes où nous pouvons prendre le temps d'admirer toutes les merveilles que nous offre le chemin.

Le plus vieux pont de la région,  16e siècle quasiment intact.


 Nous l'avons pris sous toutes les coutures même en vidéo.
Les vieux pèlerins que nous sommes ne sont pas vraiment ridicules. Nous venons de rencontrer un couple franco espagnol de jeunes gens charmants qui nous ont fait comprendre qu'ils nous trouvaient  carrément balaises. Il faut dire qu'ils en sont à leur quatrième jour et que la jeune femme a les pieds dans le même état que Daniel au 4e jour de notre aventure. Le plus triste, c'est que ces jeunes ont pris juste 15 jours pour faire un bout du chemin et que les pieds en général ne posent plus de souci à partir d'une quinzaine de jours de marche.
Nous leur avons expliqué que nous avions marché trois semaines en France dont 15 jours dans le sable. Nous n'avions donc pas du tout le même passif. 
Il est vrai que depuis 4 jours nous sommes dans les trois ou quatre premiers arrivés à l'auberge sans vraiment forcer nos nouveaux talents. Il est 18h24, nous sommes arrivés à 13h30 et nous voyons encore arriver dans l'auberge des gens plus jeunes que nous.
Dans ce trio ou quatuor de tête nous trouvons systématiquement notre copèlerin chinois de 58 ans Zhang Ming ( prononcer Chang min')
D'après ce que j'ai compris, (car nous ne communiquons qu'avec l'aide de Google Traduction qui est une application de notre smartphone qui nous permet de faire des traductions simultanées en parlant à l'appareil qui répète dans l'autre langue ce que nous lui avons dicté en temps réel) d'après ce que j'ai compris, disais-je, ce monsieur est journaliste radio et télé à Shanghai et sa spécialité et de vulgariser la musique classique dans son pays. Le thème de son travail est actuellement de proposer une musique classique espagnole différente chaque jour de son périple sur le chemin. Il m'a montré sur son smartphone un blog qui, comme le mien, change tous les jours.
Je lui ai également montré mon blog qui possède une fonction rigolote, on peut choisir en temps réel en quelle langue il est écrit. Donc je lui ai montré ce que vous avez sous les yeux écrit en mandarin. C'est très joli. Vous pouvez essayer, la fonction est en haut dans la colonne de droite de l'image ordinateur. Choisissez "chinois simplifié" ou "chinois traditionnel" et pif ! dans la demie seconde qui suit tout ce que j'écris comme bêtises et comme choses sérieuses se retrouve transformé en idéogrammes.

I
Zhang Ming et Big Dee (Toumini di pour Françoise) entrant dans Guernica



Petit quart d'heure ethnologique. Tout à l'heure nous sommes partis en reconnaissance pour choisir le restaurant qui va avoir le grand honneur de nourrir deux des meilleurs pèlerins que le Camino ait jamais connus en un millénaire d'existence*.
Une fois réservé, nous nous sommes dirigés au milieu de la place principale de Guernica à l'heure où les écoles viennent de déverser leur flot de marmots dans les bras de leurs parents.
En France, tout le monde rentre chez soi, on colle un choco BN dans la bouche du petit, et soit on le met devant ses devoirs, soit on le met devant un écran, soit le contraire, selon ses principes éducatifs... 
En Espagne, ce n'est pas du tout le cas. La tradition espagnole veut, après l'école, quand il fait beau, que tout le monde se rassemble sur la place (où l'on trouve des jeux pour enfants), et les mamans se mettent aux tables des terrasses avec le goûter des enfants dans un Tupperware ou dans du papier. Elles commandent une consommation et palabrent pendant au moins une heure, une heure et demie.
C'est très bruyant, très animé, mais totalement dépourvu d'écran. Ça nous a mis du baume au coeur sur l'avenir de la petite enfance espagnole.

Quand on voit notre objectif à cette distance-là, ça sent drôlement bon la douche et la farniente. Encore une heure et nous enfilons nos sandales. Ouf !




Enfin, avant de finir cette page, il faut que je vous montre un truc ahurissant. En grimpant une montée bien raide pleine de boue et de rochers, nous dépassons une jeune femme d'une vingtaine d'années pieds nus en train de faire le chemin. Ses chaussures de marche accrochées derrière son sac à dos. Nous nous sommes demandés si c'était la foi ou la bêtise qui la poussait à des extrémités pareilles. Un tesson de bouteille de trop et elle rentre chez elle en rapatriement sanitaire. C'est curieux tout ce qu'on peut apprendre sur la nature humaine sur le chemin. Un peu plus tard sur du plat j'ai sorti mon smartphone et je l'ai prise en photo.

Remets tes chaussures, petite fille, si tu veux aller jusqu'au bout du chemin




*Du 9e siècle au milieu du 12e siècle, les pèlerins suivaient la côte nord de l'Espagne, dans les terres contrôlées par les royaumes chrétiens espagnols. Ce premier chemin de pèlerinage, utilisé jusqu'au milieu du 12e siècle a pris le nom de "camino del Norte".

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Jeudi 19 septembre 
 Deba - Markina Xemein

Aujourd'hui, dénivelé cumulé positif de 886 m sur 24 km.

Pour faire plaisir à ma jolie maman Paulo , je vous remets la carte de l'étape d'aujourd'hui.

Notre premier 500 m !
Ce matin notre hébergement fermait à 8h30 ce qui a eu le gros avantage de nous éviter de traîner au lit.
Donc nous avons plié les gaules à 8h pétante après un petit déjeuner au troquet d'en face.
Comme nous l'avions prévu hier, notre scieur de bois en longs a récidivé.
Je n'ai pas l'habitude des boules Quies. Ce matin j'ai fait répéter Daniel au moins 3 fois sur deux phrases différentes lorsque je me suis aperçu que j'avais oublié de les enlever. Ça a été l'occasion d'une bonne bosse de rire. 
À fond dès 8 h 00

Hier soir, nous avons fait le tour des restaurants de la ville hier soir, qui semblaient intéressants, tous fermés. Nous nous sommes repliés sur le bistrot face à notre gare, et bien nous en a pris. C'était copieux, très bon et pas cher. Mais ils ne servaient pas d' agneau au menu.

Nous commençons à retrouver les mêmes têtes tous les jours. Les pèlerins suivent les mêmes topo-guides et dorment dans les mêmes hébergements. Nous sommes à peu près une vingtaine à nous retrouver à chaque étape. Pour l'instant les langues ne se délient pas trop. Nous en sommes aux présentations. Nous marchons de conserve avec un chinois de Shanghai qui est extraordinaire. Il n'a pas de bâton, il ne s'arrête pratiquement pas, il a des baskets pourries, et surtout il porte dans la main droite un cabas surranné qui semble peser assez lourd en plus d'un sac à dos conséquent. Concernant notre trio, nous marchons à moins de 150 mètres les uns des autres. Tantôt je suis devant, tantôt c'est Daniel, tantôt c'est le chinois. Ça change tout le temps en fonction de nos arrêts.
Il est d'une régularité et d'un calme surnaturels. Parfois il nous suit parce que nous avons un GPS. Nous échangeons peu de mots car il ne parle pas du tout le français et un peu l'anglais. Mais demain je vais utiliser google traduction c'est très pratique ça parle toutes les langues du moment qu'on lui demande gentiment.

L'étape d'aujourd'hui nous a éloignés de la côte pour nous faire découvrir une campagne magnifique et un paysage qui a très vite ressemblé à de la montagne.

On se croirait en Suisse !

Ce soir nous dormons dans un couvent de Carmélites géré par une association locale. Notre participation est "donativo" c'est-à-dire libre.
Notre auberge paroissiale
Ce qu'il faut comprendre dans notre périple depuis Hendaye, c'est que nous grimpons en partant à chaque fois du bord de mer. Quand on fait une randonnée en montagne, on rajoute le dénivelé du jour au dénivelé qu'on a fait la veille. Sauf que là, on reprend tout à zéro. Ce n'est pas le cas pour aujourd'hui, car nous sommes dans un village de moyenne montagne.
Désormais, il te faudra, fidèle lecteur, regarder la série de photos que je te propose à la fin de chaque page du jour. Autant dans les Landes les photos étaient rares, autant dans ces paysages variés et superbes nous nous arrêtons plus souvent pour les fixer sur notre pellicule numérique.

Nous arrivons à  destination, plus qu'une petite demi-heure.

Ce soir nous mangeons dans un restaurant qui fait un menu pèlerin pour 11 €.
Je crois que en dehors de juillet août, ce village ne s'anime qu'autour du passage des pèlerins de Compostelle. En dehors du couvent et de quelques monuments religieux il ne présente aucun intérêt particulier.

C'est marrant nous avons découvert un nouvel appareil que nous ne connaissions pas. Il s'agit d'une centrifugeuse à linge. Nous mettons nos chaussettes, no slips, nos t-shirts frais lavés dedans nous la faisons tourner 3 minutes, il en sort un jus dont je ne ferai pas une description lyrique ici, et nous obtenons un linge prêt à être étendu. Cette machine se substitue, en fait, au programme essorage d'un lave-linge.





Dans un hébergement de 40 lits comme celui-ci, il est impératif d'arriver tôt. Cette auberge ne comprend qu'un seul bac à linge, deux lavabos, deux douches et deux WC pour chaque sexe. Et nous sommes censés arriver tous dans le même état de transpiration, de fatigue, et nous avons tous le même type de priorité : laver ses vêtements en premier pour leur laisser le temps de sécher, laver nos petit corps meurtris, les soigner, et seulement à ce moment là, essayer de prendre du bon temps.




Il est 18h, et je vois encore arriver des jeunes gens fourbus. Je suppose que comme tous les jeunes ils ont passé la soirée à discuter et à rigoler entre eux. Sauf que le chemin exige un minimum d'auto contrôle pour repartir le lendemain non seulement en bon état, mais avec un matériel remis à neuf.
Le chemin est très exigeant, c'est lui qui commande. Nous avons rencontré ce matin un homme de notre âge, qui nous a dit que son épouse faisait le chemin avec lui mais qu'elle n'avait pas supporté la dose d'efforts nécessaire à ces dénivelés infernaux à répétition. Elle a donc pris le bus pour rejoindre son homme à l'étape suivante. Combien de temps tiendront-il comme cela ? Nul ne le sait.
Quasiment tous les jeunes que nous côtoyons ont commencé le chemin à Irun. Ils sont jeunes et sportifs mais ils commencent dans le dur tout de suite. Beaucoup d'entre eux sont déjà bien fatigués et ont les membres inférieurs blessés.
Si l'on rajoute à ça une gestion du temps très baroque, il se peut que l'objectif ne soit pas atteignable.
Nous nous apercevons avec Daniel que le chemin ne nous laisse pas beaucoup la possibilité de jouer les touristes.
Ce chemin nous mange tout crus. Ça tombe bien nous sommes consentants. Mais 60 jours dans ces conditions relèvent un peu d'une conception fantaisiste de l'effort. Chaque fin de journée est égale à la précédente et à la suivante. Nous ne pouvons pas digresser.
Ça peut paraître hyper répétitif comme emploi du temps.
Après demain soir, nous serons à Bilbao et je pense que nous y passerons deux nuits. C'est la deuxième entorse que nous ferons à notre planning avec le dimanche que nous avons passé chez nos amis de Biscarrosse.
Autre réflexion sur notre statut un peu particulier. Nous mangeons rarement avec les autres pèlerins dans les espaces collectifs prévus à cet effet. Nous aimons nous échapper un peu. Ce qui fait que nous devons rater pas mal d'échanges.
Mais le but de notre escapade est plutôt un défi physique et mental que nous nous sommes proposé. Le plaisir de vivre en collectivité, nous l'avons bien connu avec le club de plongée ou avec d'autres structures. Nous préférons nous retrouver devant un bon plat chaud dans une salle de restaurant. Évidemment ça nécessite d'autres moyens que ceux des petits jeunes qui prennent une année sabbatique dans leurs études pour courir vers Santiago.
Mais eux ont vingt ans et nous en avons un peu plus...

Ah oui,  devinez qui dort juste à côté de moi ce soir ? Il avait 15 possibilités. Vous pouvez répondre dans les commentaires en bas de page.

Demain nous allons à Guernica, lieu de sinistre mémoire.


Toutes les photos et les vidéos du jour>>ICI


Mercredi 18 septembre 
  Zarautz - Deba

Aujourd'hui, dénivelé cumulé positif de 610 m sur 22 km.

Pour cette étape, le chemin nous a offert un ciel couvert, une température clémente, bref, des conditions optimales pour marcher mais surtout pour grimper. Car la grimpette est devenu notre nouveau passe-temps.
Le départ de Zarautz est assez soft. D'abord 2 km de ville bien à plat ensuite deux autres kilomètres d'une piste cycles et piétons en bordure de mer.

Hier soir, nous étions dans une chambre de 3 lits superposés pleine comme un œuf. Comme d'habitude, parmi nous il y avait un scieur de bois en longs. Donc, boules quies obligatoires. Comme chaque lit était équipé d'une prise de courant à sa hauteur, un jeune australien très gentil  y avait planté son chargeur de smartphone. Mais le chargeur en question disposait d'une LED violette très puissante qui projetait pile-poil au niveau de mon oreiller une lumière insupportable. Je me levai donc dans la nuit pour l'entourer de ma chaussette. À part ces petites bricoles, la nuit a été excellente. 
Hier soir nous avions le projet de manger au restaurant dans le centre de Zarautz. Celui-ci était à 1 km 5 de notre auberge. Aussi, vers 17h, nous nous sommes dirigés vers l'animation urbaine. 

Il semble que Zarautz soit un endroit de rêve pour les surfeurs.

Une fois là-bas nous avons longuement observé les surfeurs sur la plage, pris une bière et une viennoiserie dans une brasserie de la promenade, mais il restait encore une heure avant l'ouverture des restaurants qui, en Espagne, baissent le pont-levis à 20h. Nous commencions à fatiguer un peu  et à  idéaliser le moment de nous mettre au lit. 
Ni une ni deux, nous sommes entrés dans un Carrefour Express et avons acheté tout ce qu'il faut pour faire des pâtes à la bolognaise, une saucisse sèche locale, un pur brebis, des yaourts et des pêches.
Gégé et Big Dee (Riquiqui Di pour Françoise) ne se démontent pas pour si peu. 
Notre hébergement étant équipé d'une cuisine collective, nous nous sommes fait notre petit frichti accompagné d'un fond de bouteille de blanc offert par nos voisins de table : le scieur de bois en longs (flamand et le jeune australien). Tout cela suivi d'une petite conversation de bon aloi de type : where do you come from ? Where are you going ? Where were you yesterday ? , et cetera. La routine quoi.

Le pèlerin à peu près frais prêt à  attaquer les collines basques. Remarquez le triceps derrière le bras qui se développe à vue d'œil et le ventre qui diminue de façon inversement proportionnelle.
Les côteaux verdoyants que nous parcourons sont de toute beauté. Comme en Irlande ou en Cornouaille anglaise, les prés vus de loin paraissent tondus par un jardinier. Nous traversons des paysages qui paraissent paysagés (non, ce n'est pas une répétition ni une allitération mal à propos). Tout cela au bord d'un golfe de Gascogne toujours aussi calme et plat. Mais vu de 150 à 300 mètres d'altitude, le spectacle est féérique. Surtout qu'il n'existe pas de routes sur les hauteurs et de ce fait, nous nous sentons très privilégiés d'avoir ce type de panorama en permanence devant les yeux.

Les téléspectateurs de TF1 qui se dirigent vers le bureau de vote, un dimanche de présidentielles.
Pour se rendre compte de ce que c'est que le "dénivelé cumulé positif" il suffit de regarder le profil de notre étape :

Ce schéma est suffisamment explicite pour imaginer l'état de nos mollets à la montée et l'état de nos quadriceps et de nos genoux à la descente.

Arrivé à Deba, nous sommes scotchés par le caractère encaissé du village côtier. Après une descente d'une raideur de skieur alpin de niveau olympique, nous arrivons dans un village où les rues sont tellement pentues, que la mairie a installé des escaliers mécaniques et des ascenseurs pour pouvoir atteindre le centre historique qui est au niveau de la plage.
C'est surnaturel. 
Après 2 km de descente franchement pénibles, nous nous sommes engouffrés dans un ascenseur. (avec des petits remords quand même !)
Oui, et bien, que ceux qui n'ont jamais pris un ascenseur nous jette la première pierre !


Ascenseur vers l'échafaud ? Nooonnnn, cher lecteur, vous allez nous le pardonner.
C'est là, qu'il faut que je vous raconte un truc de dingue. Pour occuper l'un des 25 lits mis à disposition par la mairie de Deba, il faut s'inscrire auprès de l'office du tourisme, qui ferme à 14h et ouvre à 16h. Ce qui implique que les pèlerins qui arrivent après 14h doivent attendre 16h pour pouvoir se procurer le code qui permet d'accéder à l'ancienne gare dont la moitié est dédiée à l'accueil des pèlerins. Ça sépare donc la communauté des prétendants au repos bien mérité en deux catégories bien distinctes : celle des balaises comme Gégé et Big Dee (Riquiqui Dee pour Françoise) qui arrivent avant la fermeture du bureau des sésames, et celle des flâneurs, voire des fénéants, voire des glandeurs qui  arrivent après 14 h 00 et qui sont obligés de patienter sur la place principale en regardant les chanceux (qui ont eu le temps de se laver, de laver leurs affaires et de s'habiller de neuf) s'enfiler  un bon croque-monsieur en sandalettes...
Comment vous dire ? Un petit frisson de satisfaction malsaine parcourut notre échine à ce moment précis. Ce n'est pas un sentiment très charitable, mais comme nous venons d'expier une bonne demi-tonne de nos péchés dans les 4 heures précédentes, nous estimions qu'il y avait prescription et que nous avions rechargé notre carte de crédit de canailleries en tous genres.
Mais juste au moment où nous étions en train d'engouffrer notre croque-monsieur, nous apercevons à travers la vitrine de notre salon de thé, notre scieur de bois en longs qui patientait, faisant partie de la deuxième catégorie des prétendants à un repos bien mérité.
DAMNED !
Pourvu qu'il ne se retrouve pas dans notre chambre.
RATÉ !
Une fois rentrés au bercail pour entamer notre petit moment quotidien de quiétude  horizontale, nous le voyons débarquer dans le dernier lit de libre de notre chambre qui en contient 12. Ce n'est vraiment pas de chance ! Mais un petit sentiment fourbe et rusé (donc chafouin avec une pointe de plaisir malsain) m'envahit à l'endroit des pèlerins qui ne le connaissent pas encore et qui remplissent notre cagna.
Ceux d'entre eux qui ne possèdent pas de boules Quies vont comprendre leur douleur. Ce type est un B-52 vomissant ses bombes sur de pauvres victimes innocentes, pendant plus de 8 heures d'affilée. Un virtuose..
Ce qui rend la situation encore plus ubuesque c'est qu'il n'en a pas du tout conscience, le bougre.

Ce soir, petit resto. J'aimerais en trouver un qui serve de l'agneau, nous en avons croisés des centaines sur les prairies verdoyantes.





Demain nous allons à Markina-Xemein.
Notre premier 500 mètres d'altitude.
(Sans oxygène  !)

Toutes les photos et vidéos du jour>>ICI



Mardi 17 septembre 
  San Sebastian - Zarautz

San Sébastien était bien calme ce matin. Nous avons pris notre petit déjeuner dans une pâtisserie salon de thé à quelques mètres de notre pension. La promenade de la mer de la plage de Saint-Sébastien était blindée de joggeurs et de personnes qui se rendaient à leur travail. Ça donnait une vision de ville moderne un peu bobo. Et ça décalait d'autant plus notre image de pèlerins du Moyen-Âge qui nous frayions un chemin au travers de tous ces gens pressés...
Un militant écrivait quelques slogans éphémères à la marée montante sur la plage de San-sébastien.

Ensuite, il a fallu se remettre à grimper. La quasi-totalité du littoral à cet endroit est bordée d'une crête rocheuse de 200 à 300 mètres de haut. La côte ne possédant aucune plage, la vie se concentrent essentiellement autour de l'agriculture sur les flancs de ces hautes roches, principalement l'élevage de bovins et de moutons ainsi que de petites exploitations dans une campagne verdoyante et vallonnée surplombant un golfe de Gascogne très sage aujourd'hui.
Il fait un temps magnifique ce qui nous remplit de plaisir de découvrir cette province dans de telles conditions.

Nous ne sommes pas tout seuls sur le chemin.


Autre nouveauté, le nombre de pèlerins sur le chemin. Nous n'en n'avons jamais vus autant. Aujourd'hui par exemple sur les 7 heures de marche nous en avons peut-être croisé une bonne quinzaine. Ça se déclinent en plusieurs catégories : ceux qui font un petit bout de chemin et qui ont déjà réservé leur hébergement, ce sont les plus nombreux. Ceux qui font tout le chemin mais qui ont une aide logistique, ça se sont les riches.  Ceux qui profitent du chemin pour faire leur petite balade de la journée, essentiellement espagnols. Et enfin ceux qui vont à Santiago, qui portent la coquille, qui ont un gros sac, un rythme lourd et lent mais régulier, bref les cinglés, les purs et durs, ceux qui sont comme nous. Ceux-là sont assez peu nombreux, et beaucoup d'entre eux sont allemands. Bien sûr leur quasi majorité a la tête chenue. Mais surtout ils sont silencieux. Qu'est-ce que ça jacasse sur le chemin. Je me savais bavard, mais là je suis une carpe à côté de certains espagnols, qui commentent tout ce qu'ils voient. C'est sympathique 5 minutes, mais ça peut devenir un peu pénible au bout d'un moment.
Autre chose insolite, le chemin est parsemé de petites boîtes portant une croix rouge sur fond blanc. Ce sont des petites pharmacies à la disposition des pèlerins. On y trouve tout ce qui peut servir à la petite traumatologie : du désinfectant, des compresses, des ciseaux et cetera. Voir la vidéo >>ICI

 Entre Saint-Sébastien et Zarautz, nous sommes passés dans la petite ville portuaire d'Orio. Ça fait un peu bizarre car les berges du petit fleuve qui lui sert de port sont longées par de grandes usines en friche industrielle. Il y a dû y avoir un vrai bassin d'emplois ici. Mais tout cela est fini comme dans beaucoup de régions chez nous. Ça donne donc un effet assez triste.
Orio étant très près de Zarautz,  et comme nous étions au ras du sol puisque il fallait traverser le fleuve, il nous a fallu remonter dans les vallons bordant la mer pour rejoindre Zarautz.
En fin de parcours, un bon dénivelé  positif ça nous décrasse les gambettes.

 à Orio, cette enseigne qui montre des sardines fabriquées avec des boîtes à sardines prouve que l'activité halieutique et encore vivante.


Pour finir, Daniel a voulu vous montrer un milieu professionnel qui reste en général très secret. Connaît-on les coulisses de Mediapart, du Washington Post, ou du Monde ?
Et bien, ce mardi, vous allez avoir la grande chance, le grand honneur, de pouvoir pénétrer le saint des saints : la salle de rédaction du blog www.onscass.biz !




* 787 m = 5000 stades grec. Cette mesure a permis à Ératosthène de calculer le rayon de la Terre au 3e siècle avant Jésus-Christ.

 Ah, oui, j'allais oublier, nous sommes à Zarautz, c'est un spot de surf à la célébrité internationale.  il est 17h40 nous sommes assis le long de la promenade de la plage et devant nous, nous avons une plage de 3 ou 4 km de long, magnifique, avec des centaines de surfeurs. Un mardi soir en semaine hors saison c'est assez significatif. Je ne sais pas si on se rend compte sur la petite vidéo que je vous ai mise dans la page du jour de Dropbox.

 Demain nous allons à Deba.

Toutes les photos et vidéos du jour>>ICI

PETIT RAPPEL : 
Ce blog est créé, approvisionné, et écrit par moi, Gégé (Laurel, pas Hardy). Malgré tout le soin que je porte à ne pas associer Daniel à mes jugements de valeur parfois dérangeants sur la nature humaine que je croise sur le chemin, on peut comprendre que ceux-ci font consensus et engagent mon camarade, il n'en est rien.
J'avais imaginé ce blog comme une sorte de bloc notes pour éventuellement m'en servir après le voyage pour écrire un petit essai sur l'expérience d'un pèlerin X...
Néanmoins, et à la demande de lecteurs assidus qui m"aiment et que j'aime, et pour des raisons qui touchent à  la pluralité croissante de l'audience de ce blog, je l'ai  purgé de tout jugement de valeur qui pourrait avoir une connotation péjorative et/ou polémique. Nous resterons donc dans le "factuel", le "consensuel", le "descriptif". J'espère que pour certains d'entre vous, le manque d'épices ne gâtera pas le plat.
Donc, ne vous étonnez pas, soit de ne plus trouver quelques saillies salées, soit de ne plus trouver certains commentaires en bas de page.
NDLR


Lundi 16 septembre 
  Hendaye - San Sebastian

Traverser en bateau la Bidassoa et l'Oyarzun, la même journée... c'était le défi du jour.

Il faut dire que ce matin, nous avons vécu un événement incroyablement réjouissant. J'ai trouvé un câble pour mon smartphone. En prenant notre petit déjeuner dans une brasserie de Hendaye, je suis allé dans un tabac presse pour demander à tout hasard s'il n'avait pas des câbles. Et oh ! miracle ! Ils en avaient tout un rayon. J'ai pris un câble de 2 m ce qui me permet de charger mon machin quasiment dans toutes les situations. Déjà une bonne chose de faite. Puis nous nous sommes dirigés vers l'embarcadère mais le bateau ne partait qu'à 10h.

La "Marie-Louise" nous emmenant en Espagne, avec la basilique de Fontarrabie au fond.

Alors nous avons transformé le quai en caravane pacouli. En effet cette nuit il a plu et nos tentes étaient trempées. Daniel et moi avons donc étendu nos tentes sur la balustrade en attendant le départ du bateau.
C'était du meilleur effet.

Je fais sécher ma tente sur le quai en attendant le départ du bateau.


Arrivé à Fontarrabie un pèlerin allemand nous a scotché car il n'avait pas de GPS et pour sortir du village c'était un petit peu chaud.
Il était beaucoup moins chargé que nous car il avait fait confiance à Balaguère pour lui réserver ses hébergements. Bref il avait entièrement évité ce qui fait le sel du pèlerin, l'incertitude de l'avenir immédiat.
S'ensuivit une série de montées raides, je vous dis pas. Et pis si je vous dis, me dit Daniel, derrière moi qui m'entend dicter mes bêtises à cette machine.
Oui en fait, la principale nouveauté de cette journée, ce n'est pas l'Espagne, ce n'est pas le changement de décor, c'est surtout la découverte d'un concept appelé dénivelé.
Entre La Rochelle et Hendaye nous avons dû être soumis dans la même journée au maximum à une trentaine de mètres de dénivelé.

On voyait jusqu'à Biarritz, ce matin de notre montagne !


Aujourd'hui nos 539 mètres nous ont bien tiré  sur les mollets. Étonnamment, nous étions assez content de nous à notre arrivée à San-Sebastien. Ce qui nous inquiète, voire nous terrorise, c'est quand les descentes et les pentes sont trop aiguës. Nos vieux genoux souffrent d'être toujours obligés de retenir notre pas.
Le pire de la journée a été l'arrivée sur Pasaia très très en contrebas... Ce petit village dont le nom veut dire "le passage" est construit le long d'une rivière qui se jette dans la mer par un étroit goulet. On dit que l'Hermione est partie de cet abri avec Lafayette à son bord.

Vidéo >>>ICI

 Nous avons donc traversé cette petite rivière à l'aide d'un passeur ce qui est toujours très sympa. Après une bonne heure et demie de différents dénivelés, nous passons un magnifique pont pour atteindre la vieille ville de San-Sebastian. 

San Sebastian, notre destination.


Ce qui choque le plus dans ce type de découverte après des heures de marche c'est le nombre de gens dans les rues et les palpitations d'une grande ville.  Le temps ne se déroule pas du tout à la même vitesse. On regarde tout comme si on était dans une cage de verre ou plutôt comme si les autres gens étaient dans une cage de verre.
Notre pension pour pèlerins est flambant neuve dans un ancien  bâtiment au centre de la vieille ville qui est une pure merveille de vie espagnole. Il est 22h, nous venons de sortir d'un restaurant excellent complètement bondé, et la majorité de la population est encore en train de manger des tapas sur des tables hautes dans la rue. C'est bruyant, souriant, haut en couleur, les femmes sont habillées pour le soir, c'est incroyablement vivant. J'aime les peuples méditerranéens dans leur ensemble. Ce serait trop long d'expliquer ici pourquoi.
Dans notre chambre nous avons un motard allemand qui va au Maroc en faisant des petits sauts de puce quotidiens de 400 à 500 km.  nous mettons presque 3 semaines à faire la même chose, mais nous n'avons pas les mêmes valeurs !
Demain nous allons à  Zarautz.  je disais à Daniel tout à l'heure que c'était la première fois que j'avais l'impression qu'on était capable de faire ce voyage entièrement. Le chemin de France n'a été pour moi qu'un galop d'essai et je pense que Daniel ressent la même chose. Être ici en moins de trois semaines constitue pour nous un encouragement pour faire les 800 km qui nous reste à parcourir. Je crois que l'étape d'aujourd'hui nous a boostés un peu.
C'est rigolo, j'observe mon ami d'un œil un peu attendri, car je me rappelle qu'en terminale, il ne se débrouillait pas mal en langue. Et moi j'étais particulièrement nul. Mes deux notes au bac à l'écrit comme à l'oral ne sont même pas dignes d'être publiées dans ce blog. Aussi, quand il s'agit de  se renseigner ou de demander quelque chose en anglais ou en espagnol, j'en suis à peine à formuler le temps de mon verbe, qu'il a déjà posé la question et obtenu sa réponse. J'admire cette faculté mais il ne faut pas lui dire. 
Demain, nous finirons notre dernière semaine. Nous prenons toujours autant de plaisir à gravir les marches de ce projet ensemble. On se connaît depuis si longtemps. 

Mon vieux pote à  Pasaïa

Hier par exemple nous avons ressenti exactement la même chose face au patron du restaurant dans lequel nous avons mangé à Hendaye. Au départ, nous l'avons trouvé très sympathique. Il passait de table en table et nous sortait une petite saillie drolatique et plutôt à propos. Puis, s'attardant à notre table, il s'est mis à nous raconter ce qu'il avait vécu pendant l'anti G7 qui a rassemblé des militants pour la sauvegarde de la planète en périphérie de Biarritz où avait lieu la fameuse réunion. Puis il a dérapé  doucement sur une connivence qu'il avait développée avec la maréchaussée qui était très présente ce weekend là pour protéger les grands de ce monde de l'agressivité de certains petits. Et là, son monologue est devenu parfaitement insupportable. Il nous disait que les policiers lui avaient appris un nouveau nom pour les "bronzés"  qu'on ne pouvait plus appeler "les gens de couleur". Ainsi  ils avaient trouvé un nouveau nom pour cette sorte de gens : les "pas clairs"... et de nous prendre à témoin de façon parfaitement décomplexée et quasi hilare. Nous sommes devenus mutiques jusqu'au moment où nous avons payé et sommes partis de la manière la plus froide possible alors que nous avions très bien mangé. Ce type est restaurateur dans une ville frontalière à l'Espagne, il gagne sa vie toute l'année en servant à manger à une moitié de sa clientèle qui a connu l'invasion sarrasine pendant 8 siècles, donc à des "pas clairs" du tout, selon sa définition.  Ça, ça ne le dérangeait pas semble-t-il. Il nous faisait donc une démonstration de pur racisme de forme. Qu'il aille se faire foutre ce...

C'est tellement bon de se mélanger avec tous ces pèlerins, ces étrangers, ces couleurs, ces cultures, ces bruits...

Comment peut-on être aussi bas du front et ne pas en souffrir. La connerie, c'est une vraie métastase. 
Voilà, je finis cette page sur cette pensée profonde mais que je ne pouvais réprimer.


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Dimanche 15 septembre 
 Guetary - Hendaye

18 x 27 ça fait encore plusse peur !

Gégé connecté avec l'infini et au-delà.


Aujourd'hui, j'ai cassé le câble de charge de mon smartphone. Il me reste 29 % pour finir ma page du jour. Je vais faire vite.
Ce matin nous avons marché sur les hauts de Guéthary le long de la voie ferrée à à peine 100 mètres du rivage. Ensuite nous sommes arrivés à Saint-Jean-de-Luz par le chemin côtier et là, la vue est splendide surtout que le soleil donnait à plein.
Nous avons contourné la plage et en arrivant à la Pergola, sorte d'allée couverte qui longe le sable, nous sommes arrêtés par un couple d'au moins 90 ans très chic, très bien habillé.
Le monsieur voulait savoir quelle longueur il devait utiliser de bâton pour faire de la marche rapide. Quand nous avons appris qu'il avait 92 ans et qu'il était champion du monde de lancer de poids dans sa catégorie, nous sommes tombés des nues. Car il n'avait pas du tout le physique qu'on attend d'un lanceur de poids il était très svelte et son côté dandy le classait plutôt dans la catégorie des membres d'un club très fermé d'anciens chefs d'entreprise anglais par exemple. Visiblement son épouse était très admirative de l'état dans lequel il était encore. Je dois dire que nous aussi d'ailleurs. Nous lui avons expliqué la règle de longueur des bâtons et nous avons poursuivi notre chemin.

Petite pause sur la place Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz


J'ai cherché en vain un câble pour mon téléphone dans trois tabacs presse et un Monoprix, mais ce dimanche ne m'était pas favorable. Nous nous sommes vengés sur un gâteau basque et un café place Louis XIV puis nous avons continué vers Ciboure Socoa et Hendaye.
Le sentier côtier entre Ciboure et Hendaye passe dans des endroits magnifiques au bord de l'eau malheureusement il longe la route de la corniche qui est ce dimanche très fréquentée.

Nous arrivons en vue de l'Espagne, un mélange de fierté et d'inquiétude nous envahit.


Arrivés à Hendaye, nous avons trouvé rapidement notre camping vers 13h30, heure à laquelle nous n'avons pas l'habitude d'arriver. La couverture nuageuse d'orage n'était pas encore arrivée sur Hendaye. Il est 17h49 et nous entendons l'orage gronder. Toujours pas de gouttes à l'horizon mais nous surveillons notre linge sur le fil et nos tentes ; l'orage se rapproche.
Le camping est rigolo, il est assez ancien et présente des emplacements sous forme de terrasses sur le flanc d'une colline dominant la mer. Souhaitons que le ciel ne nous fasse pas regretter d'y séjourner.
Saint-Jean-de-Luz est vraiment une très belle ville. Peut-être un peu trop bourgeoise et soignée à mon goût mais pleine de vie et de belles architectures.
Véro et moi y retournons régulièrement passer quelques jours.
Cette plage séparée de la vieille ville par une digue afin de pallier la différence de niveau entre le sable et les rues plus basses dégage un charme très particulier, désuet, charmant.
Quand je passe dans une ancienne station balnéaire je la compare toujours à Châtelaillon que je trouve toujours un peu vulgaire, trop fardée, trop apprêtée. Même Fouras, qui n'est pas à des années-lumière de Châtelaillon, dégage un charme beaucoup de plus authentique. C'est mon avis, c'est mon blog, je le donne. Et paf !

Hendaye nous a surpris par son manque de magasins et d'infrastructures  commerciales dans son centre village. Tout est concentré au bord de la plage qui était bondée ce dimanche. Daniel et moi cherchions une terrasse pour prendre tranquillement un petit coca, nous n'avons trouvé que le balcon du vieux casino et nous nous sommes vengés sur une coupe glacée mégachantillesque.
18h10, il pleut. Nous récupérons notre sur le fil et je continue sous le store du troquet du camping.
Ce soir nous n'avons trouvé qu'un petit resto au bord de l'eau qui était à une distance raisonnable pour nos membres inférieurs. Pas le temps de vérifier si c'est une bonne adresse. Nous verrons bien.

 notre petite terrasse de ce soir qui donne sur la mer tout au fond entre les branches des arbres.


Demain, nous traversons en bateau pour passer directement à Hondarribia en Espagne. Nous tournons la page française de notre aventure. Nous savons que beaucoup de dénivelés nous attendent. Même pas peur. Nos petits mollets se sont endurcis dans le sable des Landes.
On poussera peut-être vers San-Sebastian...
Demain, j'écume tous les commerces d'Hendaye à partir de 9h pour trouver un câble de charge pour mon smartphone. Sinon fini le blog. Ce serait dommage.
Il me reste 12 % de batterie avant la catastrophe.

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Samedi 14 septembre 
Tarnos - Guetary 

Les amis Rochelais en visite chez leur fille à Biarritz nous font le plaisir de dîner avec nous dans un super petit restaurant.
Petite information : la vidéo d'hier concernant la démarche de Daniel est maintenant en ligne ; le réseau de Guetary  semble beaucoup mieux fonctionner que celui de Tarnos.

Il faut que je vous explique quelque chose. Mon papa est légèrement plus long que celui de Daniel ce qui fais que très souvent je suis devant lui et parfois loin devant lui. Mais aujourd'hui, j'avais un mal fou à me hisser à son niveau et je mettais ça sur le dos d'une douleur à l'épaule gauche que je ne pouvais réprimer. J'ai su plus tard la réponse à mes questions. Arrivé à notre refuge de Guéthary, après avoir enlever nos chaussures et poser nos sacs, Daniel me dit qu'il existe un code wifi. Je me réjouis car j'allais pouvoir fabriquer ma page de blog beaucoup plus facilement. Mais ce qu'il ne m'avait pas dit c'est que le match de rugby La Rochelle Toulouse commencé 5 minutes après notre arrivée. J'ai compris alors pourquoi il m'avait mener ce train d'enfer. Le fourbe. C'est dingue ce dont sont capables les amateurs de rugby.

Daniel soigne ses pieds devant le match La Rochelle  Toulouse.


Aujourd'hui, l'étape était variée et intéressante. Après avoir traversé Tarnos nous avons eu le plaisir de passer par le centre de Bayonne et tout ses beaux monuments, vous les trouverez dans les photos.

Deux pèlerins dans le magnifique cloître de la cathédrale de Bayonne. 


Le passage de l'Adour, hautement symbolique,  avec la cathédrale de Bayonne derrière et la montagne au fond invisible pour cause de surexposition. 


En général, nous ne prenons pas trop de temps pour faire du tourisme, car 28 km et 7 heures de marche marche nécessitent une certaine constance. Sans quoi nous arrivons au refuge beaucoup trop tard pour laver nos affaires et ne reposer. Mais le centre de Mais le centre Bayonne a constitué pour nous une exception. Nous avons flâné une petite heure autour de la cathédrale, dans la cathédrale et son cloître et avons dévoré un gâteau basque dans un salon de thé qui jouxte l'entrée de la dite cathédrale.
Bref nous avons commis une digression par rapport à nos habitudes.

Nous avons ensuite traversé toute une grande zone commerciale, la petite ville d'Anglet qui entourent Biarritz, la petite station balnéaire de Bidart avant de nous retrouver dans notre refuge pour pèlerins de Guéthary.

Ce soir, nous avons retrouvé Christophe et Isabelle mes anciens collègues et amis de l'école Paul Michaud de Châtelaillon.
Nous avons choisi un peu par hasard le restaurant dans lequel nous avons dîné, et ce fut un heureux hasard. Les vieux pêcheurs de l'île de Groix disent qu'il n'y a pas de hasard, qu'il n'y a que des coups de pot, en l'occurrence, ce fut un sacré coup de pot. Je ne vous donne pas le menu mais si vous voulez bien manger à Guéthary, aller au Poinçon, vous m'en direz des nouvelles. Ce soir, 2 femmes, la mère et la fille, nous ont rejoint : deux pèlerines qui partent de Guéthary. Elles sont arrivées du Lot et Garonne en voiture, marcheront une semaine et reprendrons le train je suppose du point où elles seront arrivées sur le Camino del Norte peut-être aux alentours de Bilbao. Elles ont décidé de mettre le réveil à 6h30, ça va nous faire tout drôle avec Daniel. Nous avions pris des habitudes de gros matous flegmatiques en ne partant jamais avant 8h !

Demain nous allons camper à Hendaye avant le grand saut vers la péninsule ibérique. 

Toutes les photos et vidéos du jour>>ICI






Vendredi 13 septembre 
Seignosse - Tarnos


 Un couscous et un tajine un peu conséquents.
 La page du blog va être très légère ce soir.

Seignosse, Cap Breton, Ondres et enfin Tarnos. 28 km de paysages balnéaires, urbains, portuaires, forestiers. Ce vendredi 13 tourne la page de 15 jours de pinède ensablée.

Une fois la lessive faite, la douche prise, et la tente montée, je peux téléphoner à ma chérie.
Aujourd'hui, en 7 heures et 28 km de marche nous avons vu plusieurs stations balnéaires, un port de pêche, un port de plaisance, une forêt dunaire, une ville nouvelle.

 Vue du pont qui passe sur le canal alimentant le Lac d'Hossegor.

Avant d'arriver à Tarnos nous avons longé une petite rivière qui s'appelle le Boudigau.
Nous avons même fait notre petite pause gourde de raisins sec à proximité.

 Pause gourde et raisins secs vers 13h...
Bon, il est 22h39 et je viens à peine de commencer cette page. Je vais donc vous laisser avec ce peu d'informations !
Mais avant, je ne peux réprimer cette furieuse envie de me venger de la vidéo de Daniel qui me faisait passer pour un vulgaire palmipède landais.
J'ai donc commis cette petite vidéo "droit de réponse" car lui non plus n'a pas vraiment une démarche académique.

Délectez-vous>>ICI




 Étirements dans le hall d'entrée de l'appartement de mon neveu Félix.
Demain nous allons à Guéthary. Nous passons par le centre de Bayonne un samedi midi ça va être très sympa.
De plus, nous allons essayer de rencontrer Christophe et Isabelle Petit, mes anciens collègues devenus amis, qui rendent visite à leur benjamine Ludivine qui est maître d'hôtel au Grand Hôtel du Palais à Biarritz.
Nous risquons de manger ensemble dans la soirée ce qui va encore compliquer la production de la page de blog de demain. Mais ceci est une autre histoire...

Toutes les photos et vidéos du jour >>ICI



Jeudi 12 septembre 
Léon - Seignosse


23 km.
23 km de vélodyssée, cette piste cyclable interminable.

Capture d'écran de notre parcours de ce matin


Je ne sais pas si on peut se rendre compte de la rectitude de notre chemin. Marcher sur des distances pareilles avec un décor parfaitement égal sur tout le parcours, peut constituer une épreuve.

Une fine équipe prête à prendre un repos réparateur



Sauf si on se laisse envahir par des pensées, des réflexions, des méditations, des supputations, des songes, des rêveries et diverses occupations de l'esprit, qui produisent un effet tout à fait singulier et plaisant.
Quand plus rien ne vous attache à l'environnement, Quand les choses sont si égales à elles-mêmes que vous ne craignez même pas de mettre un pied dans un trou ou sur une pierre, votre regard se fixe sur un point imaginaire situé 3 ou 4 m devant vos jambes. 
Précédemment, dans un accès de lucidité, vous aviez émergé et constaté que le bout de ce chemin était trop loin pour être visible à l' œil nu ce qui vous  a contraint, (le pèlerin comme tous ses frères humains ayant horreur du vide) à repérer, pour vous rassurer,  un élément remarquable le plus éloigné de vous : un grand chêne, une bosse ou une combe sur la piste, bref tout élément de rupture dans ce décor tristement homogène... 
Aussi, vous partez dans une série de pensées pendant un temps absolument indéterminé. 
C'est alors qu'au moment où vous relevez les yeux pour réémerger de nouveau, le paysage a changé et le vieux chêne que vous aviez repéré à une distance  que vous jugiez déraisonnable, se trouve maintenant loin derrière vous.
Cette longue explication pour dire que la marche dans ce type de décor est tout à fait propice à une lente et longue méditation, laquelle vous donne l'illusion de raccourcir le chemin qu'il vous reste à parcourir.


Le panneau qui nous a délivré aujourd'hui.


À quoi peut-on donc penser dans ces moment-là ?


À des milliers de choses différentes bien sûr. À des choses drôle ou moins drôles qui préoccupent un sexagénaire qui démarre une nouvelle vie


On pense beaucoup aux gens qu'on aime. À ceux qui sont disparus, mais aussi à ceux avec qui l'on vit. Ce matin j'ai beaucoup pensé à ceux de ma tranche d'âge qui n'ont pas la chance de pouvoir vivre pleinement un projet comme celui que je partage avec Daniel. J'ai pensé à Pascal, Denis, Nicole, Pablo, Thierry et d'autres encore.
Certains d'entre eux sont malades, ou l'ont été, ou sont déjà partis. Certains d'entre eux s'en sont sortis, ou vont s'en tirer et pouvoir refaire des projets.
Bref, la diversité de nos destins peut nous sembler terriblement injuste voire parfaitement inique.
Je ne sais pas si le pèlerin d'Appellation d'Origine Contrôlée avait beaucoup de raisons de se réjouir d'être sur le chemin, ce que je sais c'est que Big Dee et moi, on a une putain de chance de pouvoir réaliser ce délire à la soixantaine.
Il est plus difficile d'en avoir réellement conscience dans la vie trépidante aux contingences et aux préoccupations immédiates que nous vivons dans nos quotidiens respectifs.

Le premier enseignement que nous donne ce chemin, c'est peut-être celui de ne pas attendre pour être heureux de vivre. Tout simplement d'être vivant.

Je vous imagine en train d' opiner du chef ou d'acquiescer pour les plus bienveillants d'entre vous, et pour les autres de vous dire que Gégé est en train de réinventer l'eau chaude.
Mais, au risque de paraître un peu pédant, je pense qu"il existe assez peu d'occasions pour nous autres occidentaux de mener à bien une réflexion de ce type dans ce monde de fous.

Je tenterais dans le gros mois qui reste à cheminer, d'approfondir cette réflexion. Peut-être vous en livrerais-je quelques bribes de temps en temps dans ce blog.

Voilà. Que ceux qui souffrent dans leur quotidien sachent que le chemin nous donne l'occasion de penser très souvent a eux.

Souhaitons que le chemin me donne demain quelques bricoles plus terre-à-terre à raconter.

Séance de soins pour nos pieds dans notre camping Seignossais.




Ah oui, j'avais oublié, dans la série "La nature humaine est quand même parfois très fréquentable" il faut savoir que certains de nos hôtes nous proposent hébergement, repas, et petit-déjeuner, à titre "donativo". 
J'explique :
Imaginez que vous et votre conjoint vous reveniez d'une dure journée de travail vers 18h30 et que vous trouviez chez vous, installés comme chez eux, deux inconnus qui viennent d'utiliser votre salle de bain, qui sont en train de buller sur votre terrasse dans vos meilleurs transats, qui vont s'installer à votre table avec vous pour diner, et qui prendront un petit-déjeuner que vous leur aurez préparé à l'avance.
Déjà tout cela est bien improbable, c'est de la fiction pure pour la plupart d'entre nous.
Mais ce qu'il faut rajouter c'est qu'en  échange de votre grande hospitalité et sollicitude, de votre sourire et de votre conversation, vous allez laisser à leur totale latitude le soin de vous rémunérer ou pas.

Voilà ce que représente un hébergement de pèlerins dit "donativo".

Hier c'était notre cas, et nos hôtes ne pouvaient pas se cacher derrière un prétendu devoir de charité chrétienne, car manifestement leur maison ne portait aucun stigmate d'une piété exacerbée.
On était simplement en face d'une générosité d'âme dont chacun d'entre nous pourrait être doté.

Demain nous allons à Tarnos chez mon neveu qui nous laisse son logement car il est parti faire du bénévolat sur l'organisation de la Fête de l'Humanité à Paris.
Générosité d'âme disais-je ?
Je l'aime tant ma petite famille...

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PETIT RAPPEL : 
Ce blog est créé, approvisionné, et écrit par moi, Gégé (Laurel, pas Hardy). Malgré tout le soin que je porte à ne pas associer Daniel à mes jugements de valeur parfois dérangeants sur la nature humaine que je croise sur le chemin, on peut comprendre que ceux-ci font consensus et engagent mon camarade, il n'en est rien.
J'avais imaginé ce blog comme une sorte de bloc notes pour éventuellement m'en servir après le voyage pour écrire un petit essai sur l'expérience d'un pèlerin X...
Néanmoins, et à la demande de lecteurs assidus qui m"aiment et que j'aime, et pour des raisons qui touchent à  la pluralité croissante de l'audience de ce blog, je l'ai  purgé de tout jugement de valeur qui pourrait avoir une connotation péjorative et/ou polémique. Nous resterons donc dans le "factuel", le "consensuel", le "descriptif". J'espère que pour certains d'entre vous, le manque d'épices ne gâtera pas le plat.
Donc, ne vous étonnez pas, soit de ne plus trouver quelques saillies salées, soit de ne plus trouver certains commentaires en bas de page.
NDLR



Mercredi  11 septembre 
Lit et Mixe ( prononcer : Litémix) - Léon 


Nous commençons à voir le bout de cette grande pinède ensablée. Encore deux ou trois jours ...
Avant toute chose, il faut que je vous montre une trouvaille incroyable que j'ai fait ce matin en allant faire mon petit caca matinal.

Une chasse d'eau tubulaire Griffon en parfait état, ça fait au moins un quart de siècle que je n'ai pas vu ça. Cette trouvaille va m'ensoleiller la journée.

Ce matin, nous avons pris notre petit déjeuner à notre camping à la ferme qui est décidément très plaisant et très sympathique. Nous avons discuté éducation avec la maîtresse des lieux car nous avons surpris ses petits enfants lui faire une bise avant de partir à l'école. Les vieux enseignants que nous sommes ont senti là la véritable chaleur éducative d'une mamie attentive à la scolarité et au devenir  de ses petits enfants.
Nous sommes tombés d'accord sur pratiquement tout ce qu'elle observait sur les défauts de notre société en termes de suivi des enfants. Inutile de détailler ce que nous nous sommes dit, mais l'essentiel tournait autour de l'omniprésence de l'écran dans la vie des enfants.
Bref, ce fut une conversation bien intéressante avant notre départ pour Léon un peu après 8h.

Daniel a cueilli un brin de bruyère qu'il s'est glissé entre les dents. Je l'ai envoyé par SMS à nos chéries dans le soleil du petit matin.

Sur le sentier qui mène à Saint-Girons plage, nous avons rencontré un pèlerin à vélo. Il était venu à Lacanau en train et avait commencé son périple. Daniel et moi lui avons posé des tas de questions techniques sur le matériel le plus adéquate pour faire ce type d'expédition. Il pensait atteindre Saint-Jacques en 15 à 17 étapes nous lui avons répondu qu'il pouvait multiplier ce chiffre par 3 en ce qui nous concernait.

À Saint-Girons plage nous avons fait un petit détour de un kilomètre et demi pour manger devant la mer et prendre un café dans un des nombreux établissements qui étaient en train de terminer leur saison. C'est très bizarre, vous marchez dans une ville rue. Et de chaque côté se trouvent des restaurants, marchands d'articles de plage et autres boutiques de surf toutes ouvertes , toutes avec de la musique, mais sans un seul client. Ce qui est le plus surprenant ce sont les terrasses des restaurants immenses aux tables toutes dressées avec aucun convive à 13h30. Juste leur patron qui fume une petite clope à la terrasse de leur collègue d'en face.
Tout cela sous un soleil radieux. Sur la plage immense, à peine fréquentée par une vingtaine de baigneurs et 2 ou 3 surfeurs, une équipe complète de surveillants de baignade avec le matériel adhoc comme pour un 15 août !


Saucisse sèche au piment d'Espelette et pur brebis voilà un casse-croûte digne d'un pèlerin.

Après un petit café pris seuls dans une brasserie immense, nous avons repris notre marche vers le lac de Léon. Au téléphone, la dame qui nous accueille ce soir, nous a conseillés de passer plutôt par le versant Est du lac. Bien lui en a pris, cette rive est somptueuse.

Les rives du lac de Léon classées par un décret du Conseil d'État


Le lac de Léon reçoit les eaux de la Palue et de ses affluents. Nous sommes tombés par hasard sur ce cours d'eau qui alimente le lac. Ses berges sont sauvages et de grands arbres lui font un ombrage superbe. Voir cette petite vidéo : ICI

Une autre petite vidéo sur Daniel marchant le long du Lac : ICI

Et encore une autre, c'est jour de fête : ICI

Pour finir, une fois n'est pas coutume, je vais laisser Big Dee (riquiquidi pour Françoise) se moquer de moi. Il me dit souvent que je marche comme un canard en oscillant le haut du corps à chaque pas. Je n'imaginais pas que je le faisais à ce point. 
Voir cette vidéo et très vite l'oublier :ICI

Demain nous allons à Seignosse le Penon par la piste cyclable.
C'est facile, c'est tout droit. Ça change...

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Mardi 10 septembre :
Mimizan - Lit et Mixe

Attention si vous lisez jusqu'au bout vous aurez une surprise pour notre dernière journée de notre deuxième semaine !!!

Première pluie sur un chemin nous conduisant à un village au nom plus qu'improbable..

Ça commence bien...!

Ce matin, nous sommes partis de notre petite garçonnière gonflés à bloc, la fleur au fusil. C'était sans compter la météo qui, aujourd'hui, a été particulièrement capricieuse.
Vous pouvez regarder sur cette vidéo ce que nous a réservé le ciel dix minutes après notre départ.




Sur notre chemin qui nous conduisait à Lit et Mixe, il y avait un petit village appelé Bias, très joli, avec comme dans tous les villages des Landes profondes de grands espaces : la mairie, le monument aux morts, l'école, l'église, la salle des fêtes, tout ça sur au moins deux ou trois hectares d'herbe fraîchement coupée.

Une maison landaise de Bias qui croule sous les fleurs.
L'église de Bias perdue au milieu d'un terrain immense !

La suite a vu se succéder des champ de maïs, et de grandes forêts parfois composées uniquement de pins c'est-à-dire grande, hautes,  froides, sombres, sans un seul cri d'oiseau et parfois mixtes mélangeant conifères et feuillus, majoritairement des chênes, avec de nombreuses essences d'arbustes et de plantes dans le sous-bois  abritant quantité de petites bêtes et d'oiseaux. Inutile de vous expliquer quel environnement nous préférons...
Dans une de ces forêts accueillantes, nous avons décidé de prendre notre repas de midi et de vous faire un petit cadeau que voici :


Après avoir décidé de reprendre le chemin, nous sommes tombés sur un magnifique cours d'eau appelé le courant de Contis.

Le courant de Contis

Un peu plus loin, des forestiers étaient en train de couper des arbres pour les placer dans l'eau le long des berges afin de protéger la rive sableuse de l'érosion.

Un des forestier dans l'eau en train de cabler l'arbre qu'ils viennent de couper.

Enfin nous arrivons à Lit-et-Mixe où nous attend un camping à la ferme qui a plus de la ferme que du camping. Nous allons dormir dans une vieille caravane à côté d'un abri à bois dans lequel la fermière a installé une table, un four électrique,  un petit frigo, une gazinière 2 feux, et un placard avec un petit peu de vaisselle.
Quant aux sanitaires ils ressemblent beaucoup à ceux qu'il y avait dans les colonies de vacances pendant les années cinquante
Le bonheur total !


Big Dee récitant sa bénédicité avant d'attaquer 1,5 kg de cassoulet. On voit bien à son regard la ferveur de son engagement sur le chemin....

Demain nous allons à Léon où nous attend une famille qui accueille des pèlerins. 


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Lundi  9 septembre :
Parentis - Mimizan 

"Après l'effort, le réconfort". Ça marche moins bien dans l'autre sens, cette formule.


Dernier petit déjeuner chez Pascale et Benoît

Ce matin Aurélien, le fils de Pascale et Benoît, nous a emmenés à Parentis au début de notre nouvelle journée de marche. 26 km avec une petite étape sympa : le village de Saint-Paul en Born.

Aujourd'hui, s'est passé une chose que nous attendions depuis le départ : rencontrer des pèlerins qui marchaient sur le même chemin que nous dans le même sens. À un moment dans la forêt, nous nous sommes aperçu que nous suivions un couple et, en nous rapprochant, nous avons constaté qu'il était bien chargé et surtout qu'il portait des coquilles. Arrivés à leur niveau, nous avons entamé la conversation d'usage : d'où venez-vous ? où allez-vous ? depuis combien de temps marchez-vous ? et cetera et cetera... c'est un couple un peu plus vieux que nous qui vient de Rouen et qui est parti le 26 juillet de chez lui. Sur le chemin la femme s'était déjà fait une entorse et donc s'est arrêtée  une semaine chez des amis. Apparemment, ils étaient très pieux et s'arrêtaient un jour par semaine pour la pause dominicale.
Nous savions qu'ils marchaient devant nous, mais nous ne savions pas à quel moment nous allions les rencontrer.

 L'église de Saint-Paul en Born

À Saint-Paul en Born nous avons fait une pause "gourde raisins secs" à la terrasse du seul troquet tabac hôtel restaurant du village. Nous avons été accueillis par trois poivrots à la dégaine caricaturale, vautrés sur leurs chaises, face à la route. Le premier, taillé comme une barrique de vieux Médoc n'a pas arrêté de téléphoner sur son téléphone portable tout en sirotant des petits ballons de rouge. Le deuxième, gros comme un fil de fer taillé à la langue dans un rayon de vélo, faisait des allers et retours à l'intérieur pour faire la conversation au patron qui devait avoir une patience de pêcheur à la mouche,  car visiblement, il n'avait pas que ça à faire. Le troisième était un grand noir avec la voix grave et l'accent  subsaharien qui va bien. Il a acheté au moins 5 ou 6 tickets de La Française des Jeux mais séparément, ce qui lui permettait de siroter tout en grattant ses tickets un par un.
Nous étions assis devant eux et visiblement notre accoutrement leur a offert une petite distraction dans leur matinée. Comme quoi, le pèlerin peut se rendre utile sans le savoir.

L'église de Mimizan


Arrivé à Mimizan, nous avons fait une petite confusion de nom de rue relative à notre hébergement du soir. Après vérification, nous découvrons qu'il s'agit d'une structure associative qui occupe des bâtiments municipaux tout neufs et qui accueille des sans-logis l'hiver et des pèlerins toute l'année. Nous sommes seuls dans une structure de 4 chambres avec une grande pièce commune et tout le confort nécessaire pour faire la cuisine, la lessive et prendre un peu de repos. La bénévole qui nous a accueillis, visiblement, n'avait pas très envie de faire sa permanence de nuit. Elle nous a expliqué tous les protocoles de clés et de fermeture des locaux, nous a fait payer nos 15 €, et s'est empressé de rentrer chez elle..
Nous sommes donc les rois du pétrole.

Ce n'est pas un éléphant de mer sur la banquise, c'est Big Dee sur le canapé de notre gîte d'étape.


Nos pieds vont mieux. Ce n'est pas encore la panacée, mais tous nos bobos sont sur la bonne voie et surtout les douleurs en marchant diminuent. Comme nous marchons six à sept heures par jour, on peut comprendre que ça soulage.
Ce soir nous dînons au Shamrock qui est la seule brasserie ouverte dans le centre de Mimizan un lundi soir.  Ensuite nous  enfilerons nos robes en lamé violettes et nous sortirons au Macumba. Big Dee avait trop envie de se faire une petite soirée mousse sur des musiques des années 80.
Bon.
Notre soirée ne va pas tout à fait se passer de cette façon, mais le pèlerin a toute latitude, pendant qu'il marche, pour rêver et laisser libre cours à son imagination.

Demain nous allons à Lit-et-Mixe. Ne me demandez pas où c'est et ce qu'il y a là-bas, je ne connaissais pas ce nom avant de le voir sur notre topo-guide.

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Dimanche 8 septembre :
 Biscarosse - Biscarosse Plage - Lac de Sanguinet

Un dimanche au bord de l'eau>> ICI

Aujourd'hui, Pascal et Benoît nous ont concocté un programme de rêve. Nous avons commencé la journée par un petit sitting sur la plage de Biscarrosse plage. Aurélien essayait un nouveau Surf qu'il convoitait, ayant cassé le sien en deux récemment. 

Ici se trouve une vidéo que vous ne pouvez voir sur la version Ordi. (cocher dans le menu en haut à droite)




Lucas glissait sur son skimboard tandis qu'Audrey, Pascale, Benoît, Big Dee et moi comations sur le sable fin de la dune biscarossaise. 

En route pour deux heures d'efforts intensifs

À 14 h 00, les estomacs commençant à se rappeler à nous, départ pour la plage de Navarrosse sur la rive du lac de Sanguinet. La famille connaît cet endroit comme ses poches, Pascale et Benoît ont même organisé leur repas de mariage sur cette plage.
Après un pique nique pantagruélique, grosse bulle sur le sable avec une différence fondamentale par rapport à la farniente du matin, le taux de salinité de l'eau...
Pascale remonte sur une planche à voile après 10 ans de pause. C'est comme le vélo, ça ne se perd pas. Les jeunes s'échangent les planches, Daniel fait un cours de Liseuse à  Benoit,  j'écris cette page, et le temps s'écoule comme si nous faisions partie de la famille. Sensation très agréable.

Pour remercier nos hôtes, je leur cuisine un Jumbalaya ce soir.
Le plus dur va être de partir marcher demain matin.


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Samedi  7 septembre :
 Audenge - Biscarosse

Du port de Biganos à la rencontre de Pascale

Hier soir, au camping d'Audenge, la taulière n'a pas cru bon de nous accompagner dans son camping pour nous montrer l'emplacement qu'elle nous destinait. Nous en avons profité pour choisir tout à fait librement notre petit coin pas trop loin d'un sanitaire mais surtout beaucoup plus loin du bruit de la route. Nous avons profité également de la piscine qui était  totalement déserte.
Attention, chers lecteurs, "profiter de la piscine" n'a pas du tout la même acception qu'elle a pour le commun des mortels.
Il faut comprendre que l'état de nos pieds ne nous permet pas de les mettre dans l'eau. Enfin pas encore.
Donc, pour nous, profiter de la piscine veut dire trouver un lit brouette confortable, un coin de soleil, et passer une demi-heure avec notre pharmacopée à soigner nos petits bobos.

Profiter de la piscine...


La journée ayant été assez éprouvante, nous nous demandions si nous allions trouver de quoi nous restaurer dans le village. Il faut bien se rendre compte que toutes ces localités balnéaires sont essentiellement tournés vers le tourisme. La première semaine de septembre représente pour beaucoup de commerces l'occasion de plier les gaules. Mais par bonheur, il restait une pizzeria à moins d'un kilomètre de notre camping et nous avons eu la bonne surprise de tomber sur une bonne cuisine et une salle à l'écoute de ses clients tout ça en fin de saison c'était inespéré.

Le début de l'étape nous a fait découvrir le petit port de Biganos, dont les bateaux (essentiellement de pêche) sont amarrés dans un réseau de canaux parallèles un peu à la manière des bateaux dans le chenal de Mornac-sur-Seudre ou de Boyardville. Mais surtout ce qui est plaisant, c'est que le port est longé d'une suite de cabanes de pêcheur en bois multicolores et toutes rénovées par leurs propriétaires. Nombre d'entre elles sont aménagées en hébergement provisoire. L'ensemble dégage une harmonie rare, même sous le ciel excessivement gris que nous avons aujourd'hui.

Les cabanes de pêcheurs multicolores du port de Biganos.


La suite du parcours à un peu plombé l'ambiance. D'abord il s'est mis à pleuvoir ce qui suppose un arrêt des deux pèlerins pour déployer leurs ponchos et leurs protège sacs. Ensuite il a fallu déterminer un endroit où Pascale, l'amie de Daniel et Françoise, puisse nous prendre en voiture pour nous emmener chez elle.
Tâche ardue s'il en est. Le sud du Teich (dernière localité en bord de bassin) est constitué d'une immense forêt de pins traversée de quelques rares routes ou pistes. Il a donc fallu trouver un rendez-vous sur une route carrossable qui puisse ne pas être trop éloignée de Biscarrosse et ne pas représenter une trop longue augmentation de notre parcours.
Daniel a concocté ça aux petits oignons. Le rendez-vous a eu lieu sans attente ni d'une part ni de l'autre.
Pascale et Benoît habitent  pendant leur temps de loisirs, une jolie maison de famille dans le bourg de Biscarrosse et reçoit très souvent de la famille ou des amis dans cette jolie auberge espagnole.Y passer notre weekend et prendre ce repos nous comblent d'aise.

La maison de Pascale et Benoit.

Benoit en maître grilleur à  la plancha et Pascale la maîtresse des lieux...

Lessive, séchage, rangement sont au programme ainsi que farniente au soleil car ce vilain farceur a pointé son nez vers 17h.

Demain c'est dimanche. Donc pause dominicale. 
Lundi nous nous dirigeront vers Mimizan où nous avons réservé un hébergement.

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Ils étaient si beaux nos pieds !!!


Vendredi  6 septembre :
 Arès - Audenge 

Un sentier côtier charmant et varié


Il va falloir apprivoiser ce chemin. Hier, il a manifestement mis à l'épreuve les novices que nous étions. Aujourd'hui il nous a offert une mosaïque de milieux humain et naturel tout à fait réjouissante :
entre les petits ports de Arès, Lanton, Audenge, et cette côte qui hésite toujours entre terre et mer par la présence de son estran et leurs prés-salés  avec toute la faune et la flore spécifique à ce type de milieu. Ici le plateau littoral est très plat ce qui donne un paysage où la mer s'absente longtemps et où apparaissent des chenaux, étiers, et autres canaux reliant la lagune à la mer. Tout ça sous le soleil de l'été indien, ça nous a rapapillottés avec notre chemin qui commençait à nous les briser menues.


Entre terre et mer...

À peine une heure après notre départ nous tombons sur une flopée d'adolescents qui cueillait des herbes dans un champ bordant notre chemin. Visiblement une classe de lycéens en déplacement mais l'image était d'un bucolisme consommé. Nous nous enquérons auprès d'un homme qui semblait avoir dépassé depuis longtemps l'âge de la puberté du pourquoi et du comment de cette vision champêtre. Ce monsieur était  garde du Conservatoire du littoral avec une deuxième casquette de policier municipal de la ville d'Arès. Il nous a expliqué que depuis de nombreuses années il faisait participer différentes collectivités : écoles lycées, associations, à un projet  d'arrachage d'une herbe invasive (baccharis halimifolia) qui a le gros défaut d'empêcher la flore locale de se développer normalement. Il nous a montré une zone qui était traitée depuis longtemps et qui avait retrouvé ses arbres et ses arbustes spécifiques.
Magique !
Et intéressant.

Le garde du Conservatoire du littoral qui a pris du temps pour tout nous expliquer

baccharis halimifolia

Ah oui ! Il faut que je vous confesse que notre 10e jour de marche à été témoin d'un fait qui risque de se reproduire plusieurs fois le long du chemin. L'un d'entre nous, je ne dirai pas lequel ce n'est pas le sujet (sauf qu'il doit peser un peu moins de 30 kg de plus que le plus mince d'entre nous deux), a oublié son savon et sa boîte sur le lavabo de Maïté au Porge. À ce point de mon explication il faut bien se rendre compte d'une chose : le savon de Marseille est le cosmétique de prédilection du pèlerin. Il lave son corps, il lave ses cheveux, il lave son linge, il sert de savon à raser, il désinfecte ses plaies. Autant dire qu'un Pèlerin sans son savon de Marseille c'est comme un cosmonaute sans oxygène, du beurre sans ses épinards, un Nicolas sans sa Pimprenelle.
En l'occurrence, le chemin nous a fait un beau petit cadeau ce matin. Il nous a conduit dans le centre ville d'Arès où, m'adressant à la première autochtone venue, je lui demandai s'il n'existait pas un marchand de savon dans sa belle province. Elle me répondit aussi sec qu'il y en avait un au niveau du tivoli un peu plus loin. Oh surprise ! Non seulement la boutique était là mais le chemin bifurquait juste à son niveau. Après quelques négociations nous ressortîmes avec le savon en question emballé dans un joli plastique qui protégeait une magnifique petite boîte en fer-blanc tout à fait croquignolette.

Déjà 20 bornes dans les pattes ça se voit sur les goules... Il en reste au moins 8.


Après avoir grignoté nos traditionnels cranberries séchés et graines de toutes sortes, nous nous risquâmes à faire le tour du site naturel protégé de Certes et Graveyron.
Nous faisons donc le tour de cette lagune où faune et flore spécifiques se côtoient.
Nous reconnaissons quelques espèces rencontrées dans nos marais ou dans le site de l'îlot des Niges par exemple dans l'île de Ré. 
7,5 km de marche sur le chemin circonscrit la zone. Tout autour, se succèdent des zones de chasse comparables à nos étangs de chasse à la tonne. 

Des tonnes de tonnes.
Le matériel nécessaire : dans la barque, un lot de canards en plastique, et au fond une cage à appelants dans laquelle on parque des canards domestiques destinés à appeler les canards sauvages pour qu'ils se posent juste dans la zone de tir.

Le long de ce beau chemin, 4 cyclistes nous interpellent et nous posent un tas de questions sur notre projet, visiblement impressionnés par les distances, les poids etc...
En les quittant, Daniel me dit : "je te parie qu'ils sont ( ou étaient) enseignants !
On se demande ce qui lui a inspiré cette question !

Demain, nous marchons vers Le Teich, où doit nous rejoindre en voiture une amie de Daniel, Pascale, qui nous accueillera quelques temps chez elle à Biscarrosse. Première perspective de repos pour nos muscles un peu fatigués.
Je me réjouis de cette petite parenthèse de quiétude.

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Jeudi  5 septembre :
 Le Porge - Arès

LA GALÈRE 




Ce matin le visage du chemin était particulièrement chafouin dans sa plus pure acception. C'est-à-dire sournois et rusé.
Il nous a réservé un traitement de faveur sur quasiment 20 km sur 24.

Des mètres cubes de sable à piétiner avec volupté.

Si vous avez déjà grimpé 10 à 20 m de sable épais et mou pour atteindre une plage, vous avez une idée de ce que nous avons supporté pendant les quatre cinquièmes de notre chemin d'aujourd'hui.
LA GALÈRE  !!!


Quel crime avaient donc commis les premiers pèlerins (ainsi que les actuels d'ailleurs...) pour supporter ça ?


Une palombière : les Landes ne sont pas loin...






L'entrée de l'école du Porge


Nous attendions l'occasion de croiser une école primaire bien pleine, pour exprimer notre bonheur d'être passés du côté des jubilados (retraités en espagnol) ; En a témoigné notre attitude goguenarde, ce matin, en passant devant l'école du Porge où grouillait une horde d'écoliers avides d'apprendre toutes les belles choses que s'apprêtaient à leur dispenser quelques enseignants aux intentions flambant neuves.

Souhaitons que les Landes soient moins difficiles car il nous en reste encore un bon bout avant le Pays Basque !

Reste que ce bassin d'Arcachon est une pure merveille dès que l'on en approche les rives. Chacun des méandres de cette côte marécageuse réserve des surprises naturelles ou humaines. Les zones ostréicoles sont plus belles que les nôtres. Les cabanes sont alignées sagement le long de chenaux dirigés vers le bassin l'ensemble participe d'une harmonie qu'on ne trouve qu'autour du bassin.

Un estran à la beauté rare.



Ce soir nous dormons sous nos tentes qui commençaient un peu à nous manquer dans un petit camping du village d'Arès tout au nord du bassin.  Demain, le chemin suit ses bords et nous plongeons vers Audenge.


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Mercredi  4 septembre :
Lacanau Océan - Le Porge



Le chemin de Saint-Jacques à la désagréable habitude de faire des zigzags entre la côte du Médoc et ses lacs. Ça rallonge un peu la sauce mais ça donne l'occasion de voir de belles choses et de quitter un peu les pères lin pins pins... pour d'autres milieux à la biodiversité plus épanouie mélangeant feuillus, arbustes de sous bois et... pins !
Mais, surtout, ça fait découvrir de merveilleux lacs aux rives pouvant rivaliser avec n'importe quelle carte postale du littoral.
Le lac de Lacanau est un de ces joyaux que protègent des hectares de forêt impénétrable à la folie mécanique pétrolivore humaine.
On tombe sur des petits paradis parfaitement déserts fréquentés par une poignée de pêcheurs locaux amoureux de leur environnement.

Une fois de plus, le chemin nous fait un cygne...



En arrivant au lac ce matin, nous avons croisé deux charmantes jeunes mamies (ce qui veut dire : pas beaucoup plus âgées que nous) encore en robe de chambre à 11h30 en train de papoter dans leur jardin. À peine avions-nous commencé à leur soumettre une demande d'eau fraîche pour nos gourdes, qu'elles nous ont fait la conversation à propos du chemin, des pèlerins, et de tout ce que ça évoquait en elles.  Daniel a même parlé littérature avec la plus sexy des deux pendant que je m'occupais de l'intendance avec l'autre.  Les érudits ont toujours eu la cote avec les filles... je ne sais pas ce qu'elles leur trouvent. Finalement, l'amatrice de belles lettres finit par nous donner un renseignement très utile : nous allions rencontrer au sud du lac un panneau du chemin nous indiquant le reste à parcourir jusqu'à Saint- Jacques.
Bingo ! Nous l'avons trouvé un peu plus tard... 

La preuve !


Nous avons encore 1100 km à parcourir ce qui m'oblige à corriger à la hausse le chiffre que nous avions estimé.
1275 km ! (à la louche) j'avais calculé moins de 1200 km.
La prochaine fois que je vois une mamie qui me sourit je change de trottoir.

Petite photo humoristique

La pharmacie dédiée à  nos pieds
 juste la mienne, celle de Daniel étant beaucoup trop importante et ne tenant pas sur le meuble


Connaissant à l'avance le programme de la journée et  ayant réservé notre hébergement au Porge, nous avons pris la décision de faire une longue halte sur un ponton isolé sur le lac. 
Enlever ses chaussures, grignoter quelques graines et grains de raisin, s'asseoir sur le bord du ponton et profiter du soleil et du temps qui passe dans un milieu naturel complètement vierge dans un silence Himalayen, quel pied ! Euh, je veux dire quel bonheur ! (On va éviter de parler de pied, quelques jours...) plus d'une heure de béatitude totale. Se sentir parfaitement inutile, improductif. Être dans la contemplation, la tête vide et les sens en éveil c'est peut-être ça que les Hindous appellent le nirvana. Une paix intérieure totale et permanente, provenant du détachement des contingences quotidiennes. 
Ça dure très peu de temps, c'est booonnnn !!!
Le retour à la réalité se fait très rapidement dès que nos orteils  endoloris pénètrent dans nos chaussures de marche pour la dernière partie de l'étape.

Ce soir, rougail maison, oeufs au lait maison chez notre hôtesse Maïté.
Demain, nous découvrirons le bassin d'Arcachon.
J'ai hâte...

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Mardi  3 septembre :   
Maubuisson - Lacanau océan

7ème jour de marche : la grande lessive !


Aujourd’hui, nous terminons notre semaine de marche par une journée «entretien du matériel humain et technique».

Petit déj dans un Maubuisson désert au bord du lac d'Hourtin, magnifique !

Nous avons commencé par une marchounette de 17 km qui nous a conduit à la petite ville balnéaire de Lacanau Océan. 

 Le Chemin garde chacune de nos empreintes à chacun de nos pas.

Nous avons réservé dans une sorte d’auberge de jeunesse privée dédiée essentiellement à la glisse car le surf est un sport local incontournable. Lacanau reçoit  tous les ans une compétition de surf appelée : « la Lacanau Pro » que tout surfeur pro ou amateur ne manquerait pour rien au monde.
C’est une belle villa balnéaire entièrement rénovée dans le but de recevoir des pensionnaires. Les Pèlerins sont gratifiés de 10 % de réduction sur l’ensemble des prestations et de l’utilisation de la machine à laver gratuite.

Arrivée sur Lacanau

Ça tombe bien nous avions l’intention de faire une grande lessive de tous nos vêtements. Nous lavons quotidiennement à la main notre tenue du jour mais un petit nettoyage à la machine de temps en temps ne représente pas un luxe indécent.
Le temps que nous passons en petite tenue à attendre que la machine à laver effectue son ouvrage et qu’à la  suite, nos vêtements sèchent au soleil, nous permet de glandouiller grave sur nos pieux superposés dans une petite chambre aux couleurs vives.
La quasi majorité des pensionnaires pourrait très facilement constituer notre progéniture (j’entends : en âge, pas en nombre). L’atmosphère se peuple d’un patois djeun's d'environ 40 mots dont les plus courants sont : «trop », «grave » utilisé soit comme l’adverbe « très » soit comme le signe d’un acquiescement à une quelconque sollicitation, « à la base », « pas de souci », « du coup… », «genre… », « c'est clair »,  « juste… » utilisé comme un adverbe équivalent à « tout simplement »… tout cela assorti du vocabulaire anglo-saxon technique relatif au sport considéré.
Démonstration :
Alors du coup vous allez marcher genre les pèlerins du moyen-âge jusqu'en Espagne ? C'est juste trop fun à la base ce truc, non ? (Petit temps de silence de compassion)… grave !
Du coup, vous pouvez étendre votre linge à  côté de nos combines, à la base y'a pas d'souci !

Traduction non encore garantie par l'Académie :

Alors comme ça, vous allez marcher comme les pèlerins du moyen-âge jusqu'en Espagne ?  C’est tout simplement incroyablement enthousiasmant ce projet, non ? (Petit temps de silence de compassion)… 
Bravo !

Éventuellement, vous pouvez étendre votre linge à côté de nos combinaisons de surf, en fait, ça ne nous dérange pas.


Mon âme d'auto-ethnologue amateur, observateur de sa propre tribu, frétille telle une ablette dans le courant, je biche comme un vieux pou.

Nous assumons, Big Dee* et moi, le contenu moqueur voire  un tantinet sarcastique, limite cynique, de ce petit couplet très réac. Le fait que nous ayons passé 40 années de notre vie à côtoyer des enfants ne nous oblige pas à nous extasier à  la moindre de leurs  saillies.
Et puis comment pourrions-nous faire autrement que d’assumer notre âge, nous qui portons des tenues dont certains d’entre eux n’ont jamais entendu parler.. j’ai nommé : le moule bite !
On pourrait imaginer, à voir partir deux sexagénaires loin de leur foyer, pendant 2 mois, qu’il pourrait leur venir à l’idée de courir la jeune surfeuse en éclusant tous les bars à glisse du littoral médocain et landais.
Ce serait sans compter la présence du moule bite.
Le moule bite est le type d’accessoire vestimentaire idéal pour réduire à néant toute libido d'une population féminine en âge de procréer.
Restent la solution de dispenser nos soins érotiques de vieux pèlerins libidineux en service pédiatrique ou gériatrique ce qui n’est pas à l’ordre du jour de notre petite échappée belle.

Bref, restons pragmatiques, dodo 10 h 00, après 250 g de tagliatelles bolo, handmade, dans la cuisine collective de notre auberge.
À la base on est juste nases..
Grave !

*Big Dee est le surnom donné à Daniel par la bande de copains de son fils aîné Émile.


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Lundi  2 septembre :   Hourtin plage – Maubuisson 

Contents les pèlerins !

Le chemin devait peut-être un peu chafoin hier. Il a dû croiser le chemin d’un autre chemin très triste. Alors ça lui a tourné les sangs, il n’a pensé qu’à ça et a cessé de nous concocter de bonnes petites surprises. Résultat : la journée pourrie hier sous la pluie avec une route droite interminable. Par contre, hier soir, il a dû croiser le chemin d’un chemin très positif et très enthousiasmant. Comme par exemple celui que je prends quand je vais voir des gens que j’aime.

Jolie balade sur la lagune de Contant



Parce que ce lundi, notre 6e jour de marche, nous avons vu tout ce que le paysage du Médoc pouvait faire de mieux. D’abord un soleil radieux puis dès le début,  le chemin se mit à grimper dans une sorte de maquis très sympathique et ombragé et les surprises n’ont pas cessé de se succéder jusqu’à Maubuisson. Les bords de cette immense lac d’Hourtin sont féeriques. Prenez une carte postale d’un lagon  polynésien.  Remplacez les palmiers par des pins et vous aurez le panorama que nous avons découvert en marchant dans la forêt le long du lac. Ce côté du lac est bordé d’une forêt immense sans aucune possibilité d’y pénétrer en véhicule à moteur, ce qui produit une nature dépourvue de bruit humain comme en haute montagne. 
Si bien que je n'ai pu m'empêcher de tremper un fesse dans l'eau turquoise d'une de ses plages.

Pas laid le lac d'Hourtin...


En son milieu le chemin devint insolite. Il prit la forme d’une ancienne piste cyclable en ciment toute détériorée. Les Allemands l’avaient construite pendant la guerre pour des raisons stratégiques. Ils devaient faire du vélo droit, les Allemands, car la piste  ne dépassait pas 40 cm de large. Là, une magnifique vipère aspic nous attendait pour figurer sur l’un de nos petits films.

Le petit film >>>

Puis se succédèrent le grand centre UCPA de Bombannes et enfin la petite station balnéaire de Maubuisson et son camping qui ont reposé nos pauvres membres endoloris par 28 km de forêt.

Il faut quand même que je vous raconte une petite aventure qui nous a fait réfléchir ce matin. En sortant du camping de la plage frais et dispos et prêts à avaler les kilomètres de sable et de pins voilà-t-y pas que sur le parking d’en face nous voyons une jeune femme accroupie devant une petite boule grise qui s’est avéré être une tourterelle bien mal-en-point. Je m’enquiers auprès d’elle de ce que pouvait bien avoir cette petite bête. Et là je vois se retourner face à moi le visage quasi tuméfié d’une jeune femme terrassée de douleur et de chagrin. Nous convenons rapidement que l’anglais serait le meilleur moyen de nous comprendre. Elle m’explique que l’état de la tourterelle était consécutif à la rencontre inopinée et brutale d’un pare-brise de voiture qui passait par là. Rien de véritablement surprenant à un endroit où les tourterelles sont légion au même titre que les autos. La situation était  véritablement cocasse car le chagrin de cette jeune femme était pour nous terriblement disproportionné eu égard au drame que vivait ce petit animal agonisant.
Puis nous eûmes l’explication par la jeune femme elle-même qui nous dit être végan.
La mort prochaine et inéluctable  de cet oiseau produisait en elle une ambolie  lacrymale diluvienne au même titre sans doute que la mort d’un proche ce qui nous parut disproportionné. Nous avons  donc quitté la scène très perplexes et en plein questionnement sur ce nouvel aspect que nous découvrions de la nature humaine. 


Une plage surpeuplée !




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Dimanche  1er septembre  :  Montalivet – Hourtin plage

22 km de ligne droite…

 Deux pèlerins prêts à prendre la route


J‘ai toujours été surpris d’observer l'être humain en plein épanouissement de sa grégaritude. 
Montalivet est l’archétype du vivarium entièrement artificiel où  l'on peut voir se rassembler des troupeaux d'estivants pendant la grande transhumance juilletaoûtarde.
Ça fait peur. 
Montalivet-les-Bains qui est la partie de la ville consacrée aux estives se préparait, en ce 31 septembre, à un hivernage de 10 mois. Toutes les infrastructures qu’on trouve dans une ville ordinaire referment leurs portes pour 10 douzièmes de l’année. Ce qui sous-entend que le lieu n’a absolument aucun attrait autre que le soleil et le sable des deux mois d’été.
Aujourd’hui nous avons le plaisir de visiter un autre laboratoire du même type appelé Hourtin-plage.
Idem, tout le monde plie les gaules.
Nous campons dans un camping de 40 hectares 5 étoiles ce qui suppose que plusieurs milliers de nos semblables s’agrègent pendant 2 mois pour y pratiquer essentiellement la consommation et le bronzage.

Petit déjeuner sur le marché de Montalivet les Bains 


Ça fait peur.
Ils sont tous habillés pareil. Toutes les musiques qui passent dans leurs snacks, restaurants et autres brasseries sont les mêmes. Et surtout il n’y a aucun moyen de dormir dans le silence avant 3h du matin. Ce qui serait intéressant de connaître c’est le processus qui pousse ces milliers de personnes, non pas à se réunir au même endroit pour y trouver la chaleur et la mer ce qui peut se concevoir à la limite, mais à adopter les mêmes comportements, les mêmes goûts les mêmes pulsions pendant 2 mois. Car il me semble évident qu’une fois rentrés chez eux, ils retrouvent leurs comportements et goûts propres.
Bref, inutile d’aller en Amazonie ou en Papouasie pour jouer au petit ethnologue en herbe, nous avons chez nous des réserves inépuisables de merveilleux sujets d’observation.

Si je vous gratifie de ces quelques lignes bien éloignées de notre sujet de voyage, c’est que l’étape d’aujourd’hui a été d’une rectitude surnaturelle : imaginez 22 km de ligne droite en deux tronçons sous une petite bruine bretonne. Dire qu’il y a des pèlerins qui portait le cilice ou  faisaient le chemin sur les genoux… 
De la petite bière…

Rectitude...
Demain nous allons à Maubuisson. Grosse journée. J'espère que nous aurons un temps meilleur et trois ou quatre virages de plus.


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Samedi  31 août :   Le Verdon - Montalivet 

Des perspectives qui ne pouvaient pas exister chez le père Cromagnon...

Avant toute chose, cher Lecteur , sache que notre première expérience de camping s'est déroulée comme dans un rêve. En enlevant les moustiques, la musique électro-techno caca de la salle d'animation contiguë à notre restaurant, et la jeunesse désœuvrée qui erre dans le camping jusqu'à 3h du matin, on peut objectivement estimer que tout s'est bien passé.
Nous choisirons un camping à Montalivet en essayant de nous renseigner à l'entrée sur le style d'animation proposée.
Notre enthousiasme d'hier n'ayant pas pris une ride, nous reprenons ce matin notre chemin coquin.


Tout plier, tout ranger en tout petit sachets...

Ça ne pouvait pas durer, le chemin s'est révélé être un sacré farceur. Nous savions que nous allions passer toute une période à  croiser des pins, des pommes de pins des aiguilles de pins, des dunes, du sable, des odeurs de résine de pin...
Ce que nous soupçonnions mais que nous avions du mal à concevoir c'est la capacité des ingénieurs du BTP de l'époque où la forêt landaise a été plantée à imaginer des courbes.
Pile poil au moment où j'étais en train de tomber amoureux du chemin, celui-ci se met à nous pondre des petites entourloupes.
Il est vrai que tout objet d'un désir, se doit de ménager quelques digressions dans l'expression de ses charmes afin d'exciter davantage son prétendant.
Dans le cas des chemins du Médoc, multiplier à ce point les lignes droites confine à l'obsession.


Cherchez Daniel, il était juste derrière moi...
La plupart de notre chemin suit la Vélodyssée, véloroute qui part de Roscoff et qui arrive à Hendaye. Le long du chemin goudronné prévu pour les cyclistes, le sol est très souvent stabilisé et nous permet de marcher dans de bonnes conditions.


Soulac et le dérèglement climatique...

Dans toute cette grande monotonie nous avons croisé ce matin un bâtiment d'habitation tout démantelé. Il est tristement célèbre, c'est celui qui doit bientôt tomber dans la mer car ses promoteurs et ses propriétaires ont sans doute été trop gourmands.

Ce soir nous sommes au camping municipal de Montalivet qui a le gros avantage d'être dépourvu d'animation sonore. Le centre-ville est à plus de 800 m ce qui va nous dégourdir un peu les pieds...! Au.programme : pharmacie, petit happy hour,  petit resto.
Les hébergements pour pèlerins sont rares dans le coin. Par contre on rencontre de plus en plus d'anciens Jacquets qui nous lancent des " buen camino" à gogo...

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Vendredi  30 août :   Abbaye de Sablonceaux - Le Verdon

Camping, vous avez dit camping ?
Ce chemin commence vraiment à me plaire. Nous avons commencé la journée à un rythme parfaitement ordinaire et avons fait étape à Saujon où nous nous sommes octroyé une petite pause café sur les quais de l'avant port de Riberou sur la Seudre.
Là, une dame d'un âge certain et un couple d'un âge autrement certain nous ont posé des tonnes de questions sur le chemin et sur notre motivation. Visiblement ils n'avaient rien compris après nos réponses car quand le café fut englouti, les gourdes remplies et les vessies vidées, au moment où nous nous séparions de nos interlocuteurs, nous les avons entendu nous souhaiter un "bon courage".
Nous n'avions pas le temps de nous lancer dans une explication supplémentaire sur nos motivations pour leur dire que le courage n'avait rien à voir là-dedans mais plutôt le plaisir et la curiosité.


L'ancien port de Saujon sur la Seudre

La partie du Chemin vers Medis et Royan fut très chaude. La campagne ayant subi le même type de remembrement que la campagne rochelaise, nos pauvres carcasses se sont tapé une quinzaine de kilomètres en plein cagnard, si bien que l'arrivée à Royan fut vécue comme une libération.

Le passage du bac du Verdon fut une formalité très agréable car il m'a permis de profiter de la vue sur le phare du Cordouan les doigts de pieds en éventail et les chaussures sous mon banc.

Adieu la Charente-Maritime adieu les feuillus adieu la terre nourricière... Bonjour le sable, les pins, le sable, les pins, le sable, les pins...


Petite promenade dans l'estuaire de la Gironde


Encore 5 à 6 km et nous pourrons trouver un camping.
Et c'est là et seulement là que le chemin nous a octroyé notre petit miracle quotidien.

Nous avions réservé un emplacement dans un camping en bougonnant un peu car 30 € pour planter la tente sans aucun confort ça nous paraissait un peu beaucoup.

Et là, s'est produit événement pour le moins surprenant : sur le chemin du camping se trouvait un autre camping  luxueux 4 étoiles, piscine couverte, piscine découverte et cetera et cetera.

Fatigué de notre petite escapade je propose à Daniel d'aller me renseigner sur le prix de l'emplacement sans véritablement trop d'espoir.

Et voilà-t-y pas que notre jeune hôtesse nous dit que pour les piétons l'emplacement coûte 9 € et que nous pouvons mettre nos deux tentes sur un seul emplacement.
À ce moment, un sourire d'enfants face à un feu d'artifice a éclairé le visage de Daniel.

Suivirent le montage de la tente, la douche, le lavage du linge et la farniente au bord de la belle piscine.

Ce soir petit apéritif dîner au restaurant du camping premier dodo sous la toile.




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Jeudi 29 août :   
Echillais- Abbaye de Sablonceaux



La route des fruits

Ce matin, j’attendais fébrile  un nouveau signe positif du chemin. Il n’a pas tardé à se manifester sous la forme d’un magnifique figuier qui était (par un heureux hasard) planté juste en face de notre banc improvisé lors de notre première pause « fruits secs gourde ». Couvert de gros fruits violets gorgés de sucre et juteux à souhait.
Nous n’étions pas encore arrivé à Pont-l’Abbé-d’Arnoult.

Un pèlerin longeant le lac de Trizay


J’en profite pour vous narrer notre quête d’eau pour compléter nos gourdes auprès des restaurateurs pontilabiens.
Pour faire court, nous avons essuyé 3 refus en bonne et due forme de 3 commerçants qui nous ont expliqué que, comme il vendaient de l'eau dans leurs établissements, il ne pouvaient nous en donner un peu, même de la municipale du robinet.
Bref nous nous sommes repliés sur une fontaine publique  que nous avons trouvée au milieu d'une petite place qui n’était pas du tout sur notre chemin.
Re bref, l’hospitalité n’est pas la première qualité des gros blaireaux pontilabiens, qu’on se le dise !

Le même pèlerin se recueillant devant le tympan de l'église de Pont-l'Abbé-d'Arnoult.


Un peu plus loin, un joli petit pêcher de vigne nous tendaient ses branches comme pour nous signaler que ses fruits étaient mûrs…
Entre Pont-l’Abbé-d’Arnoult et Saint-Sulpice-d’Arnoult commence une région viticole… J’avais fait mes confitures de mûres 15 jours à l’avance cette année ce qui me donna l’idée d’aller voir si je pouvais grappiller quelques grains de ces vignes qui ne devaient pas être très éloignées de leurs vendanges. Bingo ! Les premières grappes de raisin blanc n’étaient pras terrible, mais  les suivantes, rouges et gonflées l'étaient, elles.
Toute cette aventure fruitière ne doit pas occulter notre propension à grappiller les mûres que le chemin nous offre à l'envi.
 Mais nous  n'étions pas au bout de nos surprises, bien entamés par la fatigue, ayant dépassé depuis un moment la trentaine de kilomètres, le clocher de l’abbaye de Sablonceaux en vue, nous tombons comme par miracle sur un verger de pommes golden à point et non encore cueillies.

La magnifique abbaye de Sablonceaux où nous dormirons ce soir.

Merci à toi, Chemin, ce nouveau signe encourageant nous rassure quant à la suite de notre petite folie.
Ce soir nous mangeons avec sœur Rita de la Communauté du Chemin Neuf qui gère l’abbaye de Sablonceaux. Demain nous irons à Royan pour prendre le bac du Verdon et continuer notre route en Médoc.

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Mercredi 28 août : Yves Echillais

Le départ des hirondelles.
Ce matin des centaines d’hirondelles se sont rassemblées devant la maison pour leur grande migration vers le sud. Je n’ai pu m’empêcher d'y voir un signe, non pas d’un quelconque au-delà sorti de l'imaginaire  d'un PP (Pieux Pèlerin), mais du Chemin qui commençait déjà à nous parler.
Je savais que ça arriverait à un moment donné mais je n'imaginais pas que ça puisse se produire avant même que nous partions. 
Le fait que le Chemin nous parle déjà est de bonne augure.

Premiers pas hors de notre "périmètre de confort"
Entre La Rochelle et Rochefort, le chemin n'est pas de tout repos. Nous longeons tantôt la voie ferrée tantôt la voie express où des flots incessants d'autos nous vrillent les oreilles.
Enfin, au Grand Vergeroux nous traversons la voie express et arrivons dans les quartiers ouest de Rochefort où le chemin traverse le marais situé dans les méandres de la Charente. 
Petite formule repas dans la boulangerie en face du Décathlon puis nous nous éloignons de la ville pour suivre le chemin de la Charente jusqu'à l'embarcadère d'un petit passeur qui remplace le pont transbordeur en travaux.

Le chemin de la Charente avec Soubise sur l'autre rive


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4 commentaires:

  1. Belle aventure les amis, que de surprises et belles rencontres en perspective... pourquoi sots ?

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  2. bonsoir Daniel & Gérard,
    j'arrive à mieux vous suivre.. je viens de voir que vous avez rencontré Guy et M-Hélène (le couple de Rouen).. ils étaient chez nous deux jours avant vous... bon chemin.. Maïté du Porge

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